COMING OF AGE 2025 – Deuxième séance

Posté le 17 octobre 2025 par

Nouvelle édition du programme de courts-métrages de jeunes auteurs sinophones Coming of Age. Entre rêveries sentimentales, impressions documentaires et déclinaisons féministes, il semblerait que les équipes du Festival Allers-Retours aient chapoté une cuvée 2025 de premier choix ! Revenons sur la deuxième séance.

Children’s Day de Giselle Lin

Dans une délicate ambiance éthérée aux couleurs feutrées, la jeune réalisatrice singapourienne Giselle Lin remonte en enfance à la hauteur d’une fillette qui se fait une nouvelle amie à l’école. Elle se met alors en quête de trouver la tenue parfaite pour la fête des enfants. Derrière son allure paisible et nostalgique, Children’s Day est assombri par le tableau d’une scolarité intransigeante qui incombe aux enfants de performer pour honorer les parents. Le père de la fillette, sévère, abusif et religieux, entretient une culture punitive au sein du foyer. Les moments de douceur, Giselle Lin les rapporte au personnage de la mère qui préserve ses enfants de la dureté du monde, ne serait-ce que pour quelques années encore. À la Berlinale où le court-métrage fut projeté, la réalisatrice confie vouloir restituer l’expérience de l’enfance telle que celle-ci s’est présentée à elle.

About the Pink Cocoon de Wang Binyu

Le plus long documentaire de cette sélection. Le réalisateur filme sa sœur sur le point d’accoucher dans sa chambre d’hôpital à Wenzhou. Toute la famille est réunie pour l’évènement. La caméra capture les réalités souvent tues et peu glamour de la grossesse au travers des histoires des femmes de la famille. Que signifie devenir mère, quels sacrifices entreprendre à l’échelle de l’individu, comment répondre aux attentes de la famille ou encore affronter l’avant et après accouchement, sont autant de questions de Wang Binyu évoque dans un sous texte révélateur de la charge imposée aux femmes, quand les hommes semblent absents de cette chambre d’hôpital.

The Fishbowl Girl de Wu Hung Yi

Comme pour annoncer la troisième séance hommage au cinéma queer, The Fishbowl Girl suit le voyage de fin d’études en Thaïlande d’un groupe d’amis, parmi lesquels, une jeune lesbienne qui met les pieds dans un salon de massage érotique. Le court-métrage se concentre sur la découverte du corps et de la sexualité, en lien proche avec les déceptions passées et les attentes futures. Réalisé par la taïwanaise Wu Hung Yi, The Fishbowl Girl rappelle le savoir-faire du cinéma LGBTQIA+ de l’île.

A Broken Man de Xing Lipeng

Etrange virée nocturne dans une petite ville ordinaire le long du fleuve Yangzi, où un homme certifie avoir assisté à une manifestation surnaturelle à l’issue de laquelle deux de ses doigts ont disparu. Peut-être faut-il aborder ce court en embrassant la nature irrationnelle (et presque poétique) du monde pour en comprendre l’exercice. Les intrigues et personnages paraissent sous-développés mais le twist final vient raviver les climax les plus imprévisibles des précédentes éditions du festival.

Lao San de Wang Ziming

Dans les paysages enneigés d’une petite ville de province, le petit Erguang s’apprête à partir vivre avec sa tante pendant que sa mère doit s’en aller pour trouver du travail. La seule chose dont il se soucie pour le moment est de chercher « Lao San ». Wang Ziming, dont il s’agit du film de fin d’études, confie à la fin de la séance en question-réponse que l’identité de Lao San est volontairement laissée au mystère. Que ce soit un chien ou le troisième enfant de la famille, il importait avant tout de faire de cette quête une fixation enfantine ou un échappatoire dans un monde d’adultes. Brillamment filmée, cette petite histoire émouvante rend compte de la notion d’absence au sens large vécue au quotidien par de nombreux enfants dans les campagnes défavorisées du continent.

Richard Guerry.

Deuxième séance du Coming of Age 2025.