La 14ème édition du Festival du Film Coréen à Paris (FFCP) a débuté ce mardi 30 octobre 2019 et proposera une riche sélection de films tout au long de la semaine. C’est la comédie d’action Exit de Lee Sang-geun qui a ouvert les festivités. Rires et vertige étaient au rendez-vous !
Gros succès estival en Corée, le film suit Yong-nam, célibataire, sans emploi qui vit toujours chez ses parents à 30 ans passés. Avec une situation au point mort, il est la risée de sa famille et il va d’échecs en échecs. Pour fêter les 70 ans de sa mère, il réserve une salle en ville où travaille Eui-ju, son amour de jeunesse. Quand un gaz mortel se répand dans les rues de la ville, Yong-nam va devoir utiliser ses talents de grimpeur, ainsi que ceux d’Eui-ju, pour sauver sa famille de la catastrophe.
Avec sa figure de loser qui se mue en héros, son mélange de comédie et d’action et son rythme à toute allure, Exit reprend les codes du blockbuster de saison et réussit un pur divertissement qui entraîne le spectateur de bout en bout. Lee Sang-geun, dont c’est le premier long-métrage, prend le temps d’introduire ses personnages et leur dynamique dans une première partie qui tend vers la comédie familiale, avant de passer à l’action en duo dans sa seconde partie. Chacun des deux volets sont rondement menés et ménagent un bon dosage entre les genres qui permet d’éviter l’overdose de gags physiques et le mal de tête provoqué par des scènes d’action trop fréquentes.
Le postulat de départ est un peu léger, le film ne s’attarde d’ailleurs pas sur les tenants et aboutissants de l’attentat chimique, mais fonctionne grâce à un traitement plutôt malin et surtout très bien tenu. Sorte de croisement entre Piège de Cristal et Titanic (les canots de sauvetages encombrés étant remplacés par des hélicoptères en surcharge), les situations s’enchaînent de manière fluide et sans temps morts, dans cette course d’obstacles et de grimpe sur les toits de la ville. Si la réalisation reste assez fonctionnelle, les scènes d’escalade sont redoutablement efficaces et provoquent quelques sueurs froides, toujours compensées par la comédie. Il arrive d’ailleurs que le recours systématique à l’humour désamorce le sens du danger auquel sont confrontés les personnages, et certains moments frôlent l’hystérie collective (beaucoup de hurlements et de chapelets de jurons qui rappellent le non moins divertissant Veteran de Ryoo Seung-wan, ici producteur). On peut également regretter que le commentaire social sur le déclassement des jeunes diplômés ne parvenant pas à trouver un emploi ne soit pas davantage développé, et finalement réduit à quelques phrases bien senties et une vague métaphore sur les gratte-ciels. Néanmoins, le réalisateur a l’intelligence de ne pas s’éparpiller et de garder son cap en proposant un film à grand spectacle sans autre prétention que d’embarquer le spectateur dans cette aventure et de le divertir.
Dans cette entreprise, Lee Sang-geun bénéficie d’une attachante brochette de comédiens, à commencer par son duo principal, qui est pour beaucoup dans la réussite du film. Dans le rôle du loser de la famille qui se révèle avoir bien plus de ressources que tous les autres, Jo Jeong-seok (The Drug King) fait preuve d’une formidable énergie et d’un timing comique à toute épreuve tandis que Yoona (Confidential Assignment) insuffle à son personnage de vice-manager d’hôtel désespérée un air de bon sens inépuisable, comme on peut en trouver dans les screwball comedies des années 40, qui complémente idéalement son partenaire. Leur dynamique ne semble jamais forcée, le scénario faisant évoluer leur relation au regard des circonstances extrêmes dans lesquelles ils se trouvent sans en rajouter sur leur romance passée ou/et à venir.
On aurait tort de bouder son plaisir avec ce premier film réussi qui tient ses promesses de passer un bon moment pour les amateurs de comédie, d’action et même de frissons pour les plus phobiques du vide.
Claire Lalaut
Exit de Lee Sang-geun. Corée. 2019. Projeté lors de la 14ème édition du Festival du Film Coréen à Paris.