FICA 2018 – Dans un recoin de ce monde de Katabuchi Sunao (Japanimation)

Posté le 30 janvier 2018 par

En 2017, East Asia a eu la chance de découvrir l’excellent Dans un recoin de ce monde au festival d’Okinawa. Le film était déjà sorti au Japon et avait un beau succès populaire. Puis, le long-métrage de Katabuchi Sunao est passé par le Festival d’animation d’Annecy, en compétition officielle, où il a reçu la mention du Jury. De belles perspectives étaient donc attendues pour sa sortie en salles en septembre dernier. Et maintenant, on le retrouve  au 24ème Festival International des Cinemas d’Asie de Vesoul dans la sélection Japanimation (en compagnie de Hirune Hime, Rêves éveillés de Kamiyama Kenji). 

Il y a encore quelques mois, on se demandait qui pourrait prendre la suite de Ghibli. Nous ne doutions pas que le cinéma d’animation japonais regorgeait de pépites mais nous ne les avions pas encore toutes découvertes. Finalement, la pause initiée par le studio mythique japonais concernant la production de longs-métrages aura permis à d’autres cinéastes de se faire une place. Et c’est le cas de Katabuchi Sunao. Ayant d’abord fait ses armes à la télévision puis avec Takahato Isao sur le projet de long-métrage avorté Little Nemo de Kondo Yoshifumi. En 1989, il est assistant-réalisateur sur Kiki la petite sorcière de Miyazaki Hayao. Il tourne son premier long en 2001, Princesse Arete, puis Mai Mai Miracle en 2009, sorti en DVD en France en 2010. Adapté d’un roman, ce premier essai, intéressant même si un peu maladroit, suivait une fillette pleine d’imagination, vivant dans la campagne japonaise après la Seconde Guerre mondiale.

Huit ans plus tard, après une campagne de crowdfunding, il revient avec Dans un recoin de ce monde. Adapté du manga de Kuno Fumiyo, le film suit la jeune Urano Suzu, née en 1926. A 18 ans, en 1944, elle quitte son village proche d’Hiroshima pour se marier et vivre avec sa belle-famille à Kure, un port militaire. Sa créativité pour surmonter les privations la rend vite indispensable au foyer. Comme habitée d’une sagesse ancestrale, Suzu imprègne de poésie et de beauté les gestes simples du quotidien. Les difficultés de ravitaillement en temps de guerre, la perte de proches, et les frappes fréquentes de l’aviation américaine n’altèrent pas son amour de la vie. Mais, en 1945, les bombardements dévastateurs de la ville de Kure, puis la tragédie d’Hiroshima vont mettre à l’épreuve la persévérance et le courage de Suzu.

L’action du film se déroule sur une longue période, entre 1933 et l’automne 1945, soit quelques mois après le bombardement d’Hiroshima. Le spectateur suit le quotidien de Suzu, campagnarde parmi tant d’autres dans ce recoin du monde. Jeune fille étourdie, à l’instar de l’héroïne de Mai Mai Miracle, elle vit dans son monde, mêlant réalité, parfois dure car le pays est en guerre, et rêve, notamment par le biais du dessin, art dans lequel elle excelle. Dès sa plus tendre enfance, Suzu navigue entre ses tâches quotidiennes et le monde tel qu’elle l’imagine. Des scènes font inévitablement penser aux films de Miyazaki Hayao, par exemple celle où elle raconte à sa sœur l’aventure qu’elle a vécue en se faisant enlever par un géant et le stratagème mis en place pour endormir ce gentil monstre ; ou celle au cours de laquelle elle pense avoir rencontré un fantôme affamé chez ses grands-parents. Certaines de ces scènes ont une explication rationnelle (le fantôme est probablement une petite fille pauvre), d’autres non si ce n’est l’imagination débordante de la jeune fille. Le spectateur est donc plongé dans ce monde quasi-fantastique et ce, jusqu’à la fin. Toute scène de la vie quotidienne est prétexte à une réinterprétation artistique, même lorsque le ciel se remplit d’avions et de bombes. Suzu avoue elle-même lors d’une attaque aérienne : « si seulement j’avais un pinceau ». Rarement une scène de guerre n’aura été vue dans un film d’animation sous cet angle, les bombardements se transformant peu à peu en tâches de peinture multicolores. Toutefois, Katabuchi a le talent de mêler imagination et réalité puisque cette divine scène de peinture digne d’un tableau de Van Gogh se base sur le fait historique que les bombes lâchées sur les populations étaient habituellement de différentes couleurs.

L’imagination débordante de l’héroïne et sa mise en scène artistique font de Dans un coin de ce monde un film très différent de ce qu’on aurait pu attendre. Quand on parle de la Seconde Guerre mondiale en animation, on pense évidemment à Takahata Isao et son sublime Le Tombeau des lucioles. Ici, point de pathos (même si Takahata, lui, a très bien réussi ce défi). Katabuchi se contente de raconter une histoire, celle d’une jeune fille, entourée par sa famille puis par sa belle-famille, en plein milieu d’une guerre qui la dépasse et dont elle ne prend conscience que tardivement par le biais des raids aériens qui impactent sa vie quotidienne. Peu à peu, l’ambiance du film se veut moins optimiste : la vie devient plus difficile, des proches meurent, d’autres sont blessés ou mobilisés par la guerre. Pourtant, à quelques exceptions près, la mise en scène demeure colorée comme pour montrer que la vie continue, malgré tout. Le film est amoral voire optimiste par moment, certes, mais demeure ancré dans la réalité. Suzu, point focal du film, subit quelques crises d’abattement. Mais l’amour pour sa famille et son mari ainsi que l’entraide que chacun essaye d’incarner permettent à notre héroïne de se relever à chaque fois plus forte. Katabuchi, par ce procédé, n’essaye pas pour autant de faire preuve d’un patriotisme quelque peu mal placé qu’on aurait pu facilement lui reprocher. Il ne se prononce pas et laisse ses personnages évoluer au gré des saisons. Il pointe par-là une certaine réalité : le quotidien des Japonais ébahis devant tant de navires militaires dans la baie d’Hiroshima, les enfants courant après les sauveurs américains mais surtout, une vie faite de petits moments, et non pas de questionnements sur la guerre. Le cinéaste utilise d’ailleurs de nombreuses ellipses pour mettre en exergue ces instants de vie, qui sont parfois apposés côte à côte à des années d’écart sans forcément de liens logiques. Même la catastrophe nucléaire d’Hiroshima est vécue à distance, les habitants se demandant ce que sont ces lumières étranges dans le ciel ainsi que ce nuage qui reste en place. Sans savoir que ce nuage finira par les tuer…

Dans un recoin de ce monde est un film poétique, mettant en scène le destin de quelques vies et non pas celui d’un pays. Un parti pris audacieux qu’on aurait tort de bouder.

Elvire Rémand.

ENTRETIEN

Katabuchi

Comment avez-vous découvert le manga Dans un recoin de ce monde de Kouno Fumiyo et qu’est-ce qui vous a poussé à l’adapter ?

Avant de faire ce film, j’ai réalisé Mai Mai Miracle, pour lequel j’ai fait beaucoup de présentations en public. J’ai eu l’opportunité de créer un lien de proximité très fort avec le public. C’est lors d’un de ces événements qu’une personne m’a parlé du manga en me disant que quelqu’un qui avait fait Mai Mai Miracle devrait adapter les œuvres de Kouno Fumiyo. L’idée vient donc du public. J’ai ensuite lu le livre et j’ai ressenti en effet une connexion très forte avec le manga. J’ai commencé à réfléchir à une manière de l’adapter et j’ai contacté l’éditeur Futabasha. La personne en charge des droits m’a elle-même dit que si j’avais fait Mai Mai Miracle, il était logique que je m’intéresse à ce manga. Et c’est vrai que j’ai ressenti une relation très intime avec l’œuvre de Kouno Fumiyo, et particulièrement avec Dans un recoin de ce monde. Et quand j’ai pu la rencontrer, j’ai découvert qu’elle-même avait vu ma série Lassie. C’est grâce à ma série que Kouno Fumiyo a pris conscience de l’importance de la description du quotidien des gens dans leur vie ordinaire, même quand il ne se passe rien en apparence. Nous ne nous étions jamais rencontrés, mais grâce à la découverte de nos œuvres respectives, nous nous sentions très proches dès le début de notre collaboration. Kouno Fumiyo m’a même dit qu’elle pensait que c’était le destin qui m’avait poussé à la rencontrer pour adapter son manga.

Vous avez choisi Matsubara Hidenori, très connu pour son récent travail sur Evangelion, comme character designer mais il semble avoir adapté son style pour correspondre au trait de Kouno Fumiyo. Était-ce important pour vous de rester très proche du manga ?

Quand j’ai décidé d’adapter le manga de Kouno Fumiyo, je me suis dit que je devais garder ses nuances dans mon film, et qu’il ne fallait pas changer son atmosphère. Il fallait faire du livre un film, sans rien y changer. M. Matsubara a travaillé deux ans pour arriver à dessiner avec un trait aussi proche que possible en restant dans le domaine de l’animation de celui de Kouno Fumiyo. Deux ans !

Vous-même, en écrivant le scénario, comment avez-vous décidé de ce que vous deviez garder du manga et de ce qu’il fallait couper ?

Je voulais mettre dans mon film le plus de choses présentes dans le manga. Mais malheureusement, il était impossible de tout mettre pour des questions de temps ! Je n’avais pas non plus un budget assez important pour me permettre de tout adapter. Dans cette optique, il a fallu que je me concentre sur certains éléments, comme par exemple la relation entre Suzu et sa belle-sœur.

Katabuchi Sunao devant le cinéma de Naha

Le film a mis beaucoup de temps à se faire, pourquoi ?

En fait, le projet a commencé en août 2010 ! C’est en juillet 2011 que nous avons pu choisir un studio, Mappa, et lancer l’étape suivante de la pré-production. Entre ces deux périodes, je préparais le développement du projet de manière indépendante. Mais à partir de là, la raison principale d’une production si longue est que les sponsors trouvaient que le sujet du film n’était pas assez commercial, surtout dans le cadre de la production animée mainstream. Ils doutaient que le public habituel des films d’animation se déplace pour voir ce film. En fait, nous avons pu prouver que le public pouvait se déplacer pour notre film, et qu’il pouvait toucher des générations plus âgées que celles habituelles. Produire ce film a été très important dans le développement d’un nouveau marché pour le cinéma d’animation.

Il y a aussi le fait que décrire le bombardement d’Hiroshima est un sujet assez commun dans le cinéma japonais. C’est quelque chose qui a été maintes fois décrit et la question de la nécessité de le faire une nouvelle fois dans ce format s’est posée. Quand j’ai visité Hiroshima, on m’a même dit qu’il y avait un autre réalisateur qui était venu de Tokyo en repérage pour tourner un film sur le bombardement. Mais nous n’avions pas l’intention de reproduire une narration calquée sur la manière dont l’Histoire a déjà été racontée. Nous avions une approche très différente de la narration (storytelling).

(Il montre une liste de films sur Hiroshima sur son téléphone)

Voici la liste de films d’animation, selon Wikipedia Japon, qui traitent d’Hiroshima. Il y en a beaucoup et elle est loin d’être complète ! A la toute fin, c’est mon film. Et voici la liste des films en prise de vues réelles sur Hiroshima… Et il en manque beaucoup : ils sont trop fainéants chez Wikipedia pour tous les mettre ! M. Maruyama, qui a créé Mappa, a lui-même déjà produit deux titres de cette liste pour Madhouse. Vous pouvez donc voir à quel point l’histoire du bombardement d’Hiroshima a déjà été racontée par tellement d’artistes et de cinéastes. Mais je me suis dit que malgré toutes ces histoires, on pouvait encore faire quelque chose de différent pour un autre public. Beaucoup de gens considèrent le sujet de manière formelle, sans voir les histoires qu’il contient de l’intérieur. C’est pourquoi je me suis dit que je pouvais amener les gens vers une autre approche en racontant la vie des gens pendant la Seconde Guerre Mondiale. Quand nous pensons au bombardement d’Hiroshima, nous savons que c’est une tragédie, mais nous gardons toujours une certaine distance avec les gens qui ont vécu cela directement. Mais les gens qui ont été les victimes de la bombe sont nés par hasard à cette époque et à cet endroit. Ils ne sont pas différents de nous. Je voulais que le public puisse ressentir cela. Il me fallait donc décrire précisément la société de cette époque. Quand vous voyez un spectacle de kabuki, est-ce que vous pensez que c’est la réalité ? Je pense que c’est quand on regarde un film d’époque de Kurosawa Akira que l’on ressent plus cette impression de réalité ! La différence entre les deux est que le kabuki décrit l’époque avec des codes, mais ceux-ci n’existent pas dans la réalité. La vie n’est que dans les détails du quotidien. Je voulais vraiment me focaliser sur les détails de la vie de cette période pour arriver à décrire la réalité de ces gens. Cette période de guerre a souvent été décrite, mais toujours à travers des codes, à tel point que nous avons commencé à douter de ces codes qui sont censés décrire la réalité. Pendant la guerre, par exemple, les femmes portent des pantalons… est-ce que c’est vrai ? Si c’est la réalité, quand est-ce que ça a commencé ? Dans les années 40 ? En fait, jusqu’en novembre 1943, les femmes ne s’habillaient pas ainsi, tout simplement parce que ce n’était pas la mode, que ce n’était pas cool ! J’ai trouvé ces informations dans un article d’époque. Alors pourquoi a-t-on commencé à porter des pantalons ? C’est à cause du froid, qui a poussé les femmes à porter des pantalons en novembre 1943, car on n’avait pas d’autres moyens de se chauffer. Mais à la venue du printemps, les femmes ont arrêté de porter des pantalons… jusqu’au retour de l’hiver en novembre 1944 ! A cette époque, les bombardements avaient commencé au Japon, et il fallait être prêt à courir pour s’abriter à toute heure du jour et de la nuit. Avec ce film, je voulais décrire ce genre de choses, des choses auxquelles on peut vraiment croire.

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Outre cet aspect très réaliste, votre film est conté par un personnage très rêveur, Suzu, qui réinterprète la réalité par son imagination et ses dessins…

Suzu ? Je ne la vois pas vraiment comme quelqu’un de rêveur ! Elle ne fait pas des rêves irréalistes. Mais je pense qu’elle a un grand talent en tant qu’artiste. Elle a un talent d’abstraction à travers son dessin. Quand elle regarde quelque chose, elle perçoit différents aspects de cette chose. Mais cette capacité est inutile pour traverser la vie en ce temps de guerre. Elle choisit de devenir une femme au foyer plutôt que peintre. C’est son choix. Cela ne veut pas dire que ce talent inutile n’est pas important.

Alors que la date du bombardement d’Hiroshima approche à la fin du film, Suzu a en tête de retourner dans sa ville natale, ce qui crée un certain suspense sur son sort. Voulez-vous créer une sorte de dramatisation autour de cet événement ?

Suzu fait l’expérience du bombardement à Kore, qui se trouve à 20 kilomètres d’Hiroshima. Elle n’est pas directement affectée, mais elle la voit, cette bombe, là où elle mène sa vie ordinaire. Elle voit ce nuage gigantesque le matin. Savez-vous combien de temps il est resté dans les airs ? Toute la journée ! Elle regarde ce nuage terrifiant mais doit continuer sa vie de tous les jours. Elle doit aussi penser au déjeuner, à ce qu’elle doit préparer pour manger. Je pense que c’est comme ça que les gens ont réagi à cet événement à cette distance. Il fallait continuer à vivre, malgré le nuage, malgré le sentiment de tristesse qu’il devait provoquer. Je pense que regarder les effets de la bombe de cette perspective est une approche nouvelle. Elle sait en regardant ce nuage qu’il y a des familles dessous, mais elle ne peut rien y faire. Je trouvais qu’il était très important de décrire cela. Dans cette situation, Suzu sait que sa sœur est à Hiroshima de manière certaine. En tant que cinéaste, je devais mettre en place ce piège narratif, sans quoi l’intrique n’aurait pas progressé. C’est pourquoi j’ai fait revenir sa sœur peu avant dans le film. Elle parle à Suzu du festival et l’invite à revenir à Hiroshima. C’est un moyen pour moi de signifier aux spectateurs que sa famille est à Hiroshima, et qu’ils attendaient le festival en ce jour tragique.

Avez-vous déjà un nouveau projet en préparation ?

J’y pense, mais rien n’est encore au stade de la réalisation. Dans un recoin de ce monde est un film qui me tenait vraiment à cœur. Le fait qu’il ait été soutenu par un large public me donne un sentiment d’accomplissement. Mais il y a d’autres histoires que je veux raconter dans des films. Je suis en train de replonger dans mes vieux rêves et de songer à ce que je peux en faire.

Nous demandons à chaque réalisateur que nous rencontrons de nous parler d’une scène d’un film qui l’a particulièrement touché, fasciné, marqué et de nous la décrire en nous expliquant pourquoi. Pouvez-vous nous parler de ce qui serait votre moment de cinéma ?

La Grande évasion de John Sturges ! Les prisonniers britanniques trouvent toujours de nouvelles façons de lutter contre la situation et n’abandonnent jamais. Donc : « Never give up! ». Quand j’ai commencé à travailler sur Dans un recoin de ce monde, il y avait dès le départ tant d’obstacles mais j’ai quand même persévéré pour pouvoir accomplir ce projet. J’ai vu La Grande Evasion quand j’étais en primaire. C’est un sentiment que l’on ne peut ignorer quand on est enfant et que j’ai pleinement ressenti. C’est une émotion qui peut encore être utile quand on a atteint la cinquantaine ! (rires)

Votre film sort en France le 6 septembre prochain. On vous souhaite autant de succès qu’ici !

Merci ! J’aimerais beaucoup organiser des choses avec le public français, pour parler de la vision de la guerre dans le film et dans le manga. Il y a tant d’histoires à raconter, comme celle des pantalons ! On a pu faire un très long débat avec le public, ici, au Japon, notamment à Hiroshima. Je suis aussi allé à Baltimore où on l’a fait un débat de 3h lors de la convention Otakon. J’aimerais faire ce genre de choses en France avant la sortie du film. Je serai à Annecy en juin, j’aimerais faire ça à ce moment, ou pendant la Japan Expo. J’aimerais que le public français puisse apprendre davantage des éléments qu’il y a dans le film à travers des événements de ce type.

Propos recueillis par Victor Lopez à Naha le 20/04/2017.

Traduction : Eiko Mizuno-Gray

Photos : Elvire Rémand

Remerciements : Momoko Nakamura, Aki Kihara et toute l’équipe du festival d’Okinawa.

Dans un recoin de ce monde de Katabachi Sunao. Japon. 2016. En salles le 06/09/2017.

Projeté au 24ème Festival International des Cinemas d’Asie (FICA) de Vesoul.

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