III, devenu III – Le rituel chez nous, avait été présenté au Brussels International Fantastic Film Festival il y a quelques années et, à défaut d’une sortie salles ou DVD, le film est à présent pleinement visible grâce à Netflix. Le site démontre ainsi qu’au-delà de ses nombreuses séries télévisées, il permet de découvrir ou de redécouvrir des œuvres peu visibles, originales et surprenantes, et qui méritent grandement le détour. III en est une nouvelle preuve.
III est le deuxième film de Pavel Khvaleev. Le cinéaste russe pose son action dans une petite ville perdue, restant vague sur la localisation ou la période concernée, et ce côté mystérieux participe grandement à l’ambiance oppressante qui étouffe aussi bien le spectateur que ses personnages. Une étrange épidémie sévit en ville et, quand elle emporte la mère de nos deux héroïnes, ces dernières n’ont d’autres choix de s’en remettre au mystérieux prêtre du village, qui semble très attaché aux deux sœurs. Quand la plus jeune des deux tombe malade, et que l’autre, prête à tout pour la sauver, découvre un étrange ouvrage dévoilant une solution pour la guérir, elle n’hésite pas, et c’est le début d’un voyage bien sinistre…
Le film est assez court mais comporte pourtant, dans sa première partie, quelques longueurs. En effet, le récit étant prévisible et les personnages trop classiques, les situations sont ainsi vues et revues. III cherche à nous faire nous attacher à ses deux personnages féminins mais, pour ce faire, aurait mérité de nous présenter des protagonistes un peu plus surprenants. A cela s’ajoute le fait que les deux charmantes actrices (Polina Davydova et Lyubov Ignatushko) ne semblent pas toujours à l’aise avec leur personnage, ce qui les fait parfois surjouer. Cependant, l’ambiance étrange et hors du temps, associée à des images magnifiques (la photographie est de toute beauté), que ce soit les paysages époustouflants, ou des séquences presque oniriques durant lesquelles la beauté macabre explose littéralement, permet de se laisser porter par cette œuvre décidément singulière jusqu’à ce que l’action s’emballe vraiment.
III, en effet, prend tout son sens (après tout, le film est retitré Le Rituel) quand l’héroïne plonge dans la psyché malade de sa sœur pour la sauver. Après un rituel délicieusement étrange et malsain, le spectateur peut se laisser envoûter par une ambiance certes très référentielle (on pense aisément à Silent Hill) mais emplie de visions cauchemardesques en diable, sanglantes et assez inoubliables. Mais toutes ces images racontent une véritable histoire, car elles sont le reflet des traumatismes de la sœur. Les blessures sont certes classiques, et la symbolique assez simple, mais le côté malsain, sanglant et horrifique permet d’adhérer à ce côté du film sans problème. Et surtout, les séquences se révèlent esthétiquement sublimes, avec des maquillages et des effets spéciaux extrêmement réussis. Et c’est ainsi que le spectateur se laisse porter par un film certes référentiel mais pourtant assez unique, jusqu’à une conclusion étrange qui mérite une nouvelle vision pour en comprendre tous les tenants et aboutissants.
III est un film d’une beauté assez rare, violent et peu facile d’approche, du fait de l’austérité de sa première partie, ainsi que de sa conclusion, et on ne peut que remercier Netflix de l’avoir récupéré dans son catalogue, permettant ainsi aux spectateurs n’écumant pas les festivals de le découvrir.
Yannik Vanesse.
III : Le Rituel de Pavel Khvaleev. Russie. 2015. Disponible sur Netflix.