La 34ème édition du Brussels International Fantastic Film Festival a décidément mis Taïwan à l’honneur. Entre un film de marionnettes, des films d’horreur, et ce Laundryman emmenant ses spectateurs sur le terrain de la comédie fantastique d’action, le BIFFF permit un petit tour d’horizon de la production fantastique taïwanaise actuelle. Présenté hors-compétition, que valait-il donc ?
Le héros du film est un tueur à gages aussi redoutable qu’un peu simple d’esprit (et, à ce titre, il fait quelque peu penser à Léon). Son employeuse (jeune femme délicieusement sexy n’hésitant pas à mettre ses charmes en avant) dissimule son activité derrière une entreprise de nettoyage de vêtements, et elle utilise les lieux pour faire disparaître les corps et les traces des contrats. Elle se présente comme une mère pour notre héros, qui lui est fidèle et dépendant et lui raconte tout. Entre autres, son problème de fantômes, car les spectres de ses victimes ne le quittent jamais. La patronne l’envoie donc chez une nouvelle medium (diablement sexy) qui se retrouve embarquée dans un maelström de folie et de violence, alors qu’elle l’aide à se débarrasser des fantômes en le conseillant sur la manière de remplir leurs dernières volontés afin qu’ils ainsi partent en paix.
Le pitch, bien à l’ouest, est l’occasion pour le réalisateur et co-scénariste de mettre en avant un mélange d’humour et d’action qui fait invariablement mouche. La mise en scène des apparitions de spectres, et les réactions de notre héros, entre peur quand ils surgissent à l’improviste, ou son regard blasé alors qu’ils dorment avec lui, le massent, ou vaquent à diverses occupations dans son appartement, est irrésistible, et le public du festival a été très rapidement conquis, la salle explosant régulièrement de rire. Le talent de l’acteur principal, Joseph Chang, n’y est d’ailleurs pas étranger, car l’homme porte une grande partie du film sur ses épaules, et ses réactions, alors qu’il se costume pour tuer (le voir se déguiser en prostituée pour s’infiltrer chez une victime adepte du sado-masochisme est sublime) ou qu’il engueule les fantômes parce qu’ils sont chez lui, offrent des moments d’anthologie. Ceux-ci explosent dans les scènes d’action, dynamiques et bien chorégraphiées, mais qui n’en oublient pas l’humour (le voir se battre en serviette, tenant d’une main le court vêtement pour ne pas dévoiler sa nudité, fonctionne du tonnerre et s’amuse de la pudibonderie cinématographique pour en faire un ressort comique).
Mais The Laundryman surfe sur de nombreux genres, que le réalisateur a très bien intégré, y compris celui du buddy-movie. En effet, la dynamique entre les deux protagonistes principaux est superbe. Entre Joseph Chang, le tueur à gage, froid parce qu’il ne connaît rien d’autre mais ennuyé par les fantômes, et Sonia Sui, jolie medium très à l’aise avec les spectres mais traumatisée par la violence qui suit partout notre héros, Chung Lee jongle avec les ambiances, offrant d’excellents dialogues, de l’action et de l’humour. Le cocktail est savamment dosé, et aucune longueur n’apparaît, alors que le spectateur se laisse porter par l’ambiance surprenante que forme ce mélange des genres.
Au final, The Laundryman se révèle être une excellente surprise, du genre que l’on ne peut voir qu’en festival. Le spectateur ne peut que remercier le Brussels International Fantastic Film Festival d’avoir mis une telle pépite devant les yeux de ses spectateurs, conquis dès les premières minutes de métrage.
Yannik Vanesse.
The Laundryman, de Chung Lee (2015). Diffusé lors de la 34ème édition du Brussels International Fantastic Film Festival.