Le Film de la semaine – Close-up d’Abbas Kiarostami (Reprise en salles le 20/04/2016)

Posté le 23 avril 2016 par

Reprise en salles, à partir du 20 avril 2016 de Close-Up, jalon essentiel trop méconnu du cinéma d’Abbas Kiarostami de 1990, soit avant les coups de projecteurs cannois dont bénéficieront après ce film presque toutes les œuvres du cinéaste iranien. Mais sans le succès critique de ce métrage, il y a fort à parier que la carrière du cinéaste lauréat de la palme d’Or 96 pour Le Goût de la cerise aurait été fort différente. Soutenu par Godard ou Nanni Morretti (comme le prouve un cocasse court-métrage du réalisateur italien Le Jour de la première de Close-up), Close-Up marque véritablement le passage du cinéma de Kiarostami au niveau international, après deux décennies de films documentaires, mettant principalement en scène des enfants, et le très beau Où est la maison de mon ami ?.

Le sujet du film est déjà en soi passionnant. Un cinéphile pauvre et sans emploi, est arrêté pour tentative d’escroquerie après s’être fait passé pour le grand cinéaste iranien Mohsen Makhmalbaf auprès d’une famille de Téhéran. Apprenant le fait divers, le réalisateur Abbas Kiarostami décide de réunir les protagonistes de l’affaire pour actualiser leur désir de cinéma en en filmant une reconstitution fictive. Le dispositif éclaire alors le drame d’une lumière différente, en soulignant la réflexion qu’elle entraîne sur le réel et son fantasme, l’importance de l’image ou le rôle de la cinéphile.

Close up

Close-Up interroge sans cesse notre regard, nous forçant à nous demander quelle est la nature des images que nous contemplons. Images documentaires, reconstitution a posteriori, scènes dialoguées et fictives ou événements provoqués ? Le film laisse à chaque étape planer une certaine ambiguïté, reflétant l’obsession de son personnage, prêt à tout pour laisser entrer la fiction et le cinéma dans  la réalité de sa vie.

Car Close-Up est aussi le portrait d’un beau personnage, celui de Hossain Sabzian, le faux Makhmalbaf. Lors de sa rencontre avec Kiarostami, c’est sa souffrance que le fanatique demande au cinéaste de filmer. Et celle-ci arrive à traverser l’écran lors des scènes de procès, comme durant le magnifique final.

Victor Lopez.

Close-up d’Abbas Kiarostami. Iran. 1990. En salles (reprise) le 20/04/2016.

Imprimer


Laissez un commentaire


*