BIFFF – The Taking Of Tiger Mountain 3D, de Tsui Hark : une nouvelle pépite pour le roi du wu-xia pian

Posté le 18 avril 2015 par

Le Brussels International Fantastic Film Festival aime beaucoup Tsui Hark. Après qu’il ait été possible d’y voir Detective Dee (récompensé) puis, l’année dernière, l’excellent Young Detective Dee: Rise Of The See Dragon, voici que le nouveau film du réalisateur chinois apparaît en ouverture du festival, en parallèle au dernier Joe Dante (ce dernier étant présent parmi les nombreux invité du BIFFF).

Et, bien que changeant d’époque (nous sommes ici juste après la seconde guerre mondiale), Tsui Hark reste dans le film de sabre, genre dans lequel il officie avec brio depuis longtemps. Mais il troque les sabres contre des fusils, gardant cependant la même ambiance. The Taking Of Tiger Mountain 3D lui permet donc d’offrir un film en costumes (même s’il s’agit d’uniformes de soldats) suffisamment patriotique pour ne pas être dérangé par le gouvernement chinois, et ainsi avoir un joli budget, mais il peut se laisser aller à des gunfights, inspirés de la grande époque du polar de Hong-Kong, genre dans lequel le réalisateur a toujours été très présent.

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Ici, les héros sont des soldats d’élite, envoyés pour éliminer les brigands qui sévissent dans la région. Ils sont peu nombreux, peu armés, meurent de faim, crèvent de froid, mais vont affronter sans peur Faucon et son immense armée, cachés dans une forteresse imprenable. C’est ainsi que l’auteur va mettre en scène plusieurs fusillades prodigieuses, utilisant la 3D avec sa maestria coutumière, arrêtant l’image à l’aide de bullet time prodigieusement réussi, et les séquences, épiques en diable, se suivent sans temps mort, le réalisateur évitant tout ennui.

Les personnages sont certes un peu caricaturaux (le summum étant atteint avec les rapports entre l’enfant à moitié sauvage et sa mère), mais, du côté des gentils, ils permettent d’être reconnus plus aisément grâce à leur fonction, et, du côté des méchants, les généraux ennemis (appelés Frère, suivi du numéro de leur position dans la hiérarchie) ressemblent à des méchants de comics. A ce titre, Faucon est un bonheur de cabotinage, et chacune de ses apparitions se révèle inoubliable. Le réalisateur accroche immédiatement le spectateur, grâce à un mélange homogène entre gunfight et manipulations, l’un des héros s’infiltrant dans le camp ennemi avec un bagout et un humour qui forcent le respect. Au niveau des échauffourées, Tsui Hark livre de superbes séquences, arrêtant par moment l’image pour mieux dévoiler un morceau de bravoure ou une balle particulièrement bien placée, et, utilisant avec maestria la 3D, s’autorise des combats épiques qui dévoilent quelques jolies effusions de sang. Le film est certes patriotique et les héros sont terriblement doués, mais le plaisir est immédiat, et le spectateur peut se laisser aller à découvrir ces combats dantesques.

Quand l’action se calme, avec l’un des protagonistes qui se glisse dans le camp ennemi, Tsui Hark dévoile des dialogues manipulateurs dignes de Detective Dee, avec quelques moments d’humour un peu gras mais bienvenus, comme lorsque deux frères s’en vont déféquer derrière une congère.

Tout n’est certes pas parfait, et la partie se déroulant au présent se révèle plutôt inutile, devenant compréhensible lors d’un épilogue plutôt inutile et plein de bons sentiments, mais qui permet, avant cela, une nouvelle version du duel final, basculant dans la folie et le n’importe quoi, mais avec une sincérité telle qu’on ne peut qu’applaudir, le réalisateur se laissant aller à la folie qui lui est coutumière.

Certes, certains peuvent regretter sa période de polars hong kongais, mais Tsui Hark prouve, avec The Taking Of Tiger Mountain, qu’il est toujours un grand réalisateur. Adorant la 3D et maîtrisant à la perfection le procédé, il livre une nouvelle pépite dans sa filmographie aussi éclectique que passionnante.

The Taking Of Tiger Mountain 3D, de Tsui Hark, diffusé en ouverture du Brussels International Fantastic Film Festival.