BIFFF – Cold Eyes de Jo Ui-seok and Kim Byung-seo : entre filatures et observations

Posté le 6 mai 2014 par

Le BIFFF, ce n’est pas que du fantastique, c’est aussi une belle sélection de thrillers et de films policiers. Parmi eux, la Corée nous amenait Cold Eyes, un intéressant moment de cette 32ème édition du Brussels International Fantastic Films Festival.

A l’origine de Cold Eyes, de Jo Ui-seok and Kim Byung-seo, il y a le long-métrage hong-kongais Eye In The Sky, réalisé par Yau Nai Hoi, et dans lequel joue Simon Yam. Ce dernier fait ainsi un cameo à la fin de Cold Eyes, le remake, offrant un clin d’oeil assez amusant aux fans de l’original ou de l’acteur. Car, si le film coréen lui-même est construit comme une boucle, dans laquelle une enquête policière suit la précédente, Simon Yam, en fermant cette boucle, fait aussi le lien avec l’original, l’inscrivant dans une intéressante continuité.

cold eyes

L’histoire que nous conte ce film est, en effet, des plus classique. Des braqueurs de banques, organisés et sans scrupule, sévissent, et les autorités veulent tout faire pour les arrêter. C’est là qu’intervient une brigade spéciale, discrète et dénuée d’uniforme, qu’intègre une nouvelle recrue, aussi jolie que douée et insoumise.

L’originalité vient du traitement de cette histoire policière. L’unité d’élite a pour mission des surveillances et des filatures et, par conséquent, ils ne sont censés ni intervenir, ni être vus. Difficile, en ces conditions, de rendre tendues des séquences d’observation ou de filature. Et c’est là que le talent des réalisateurs intervient, car ils y parviennent à la perfection. L’esthétique du film est superbe, la photographie léchée, et les réalisateurs maîtrisent parfaitement l’espace. Nous assistons ainsi à l’équipe qui débusque un criminel, puis le suit en attendant qu’il permette de repérer les autres membres du gang. La caméra erre dans les rues et ruelles de la ville, se faufile dans les escaliers des immeubles, nous montre des plans virtuels où évoluent les protagonistes, selon des schémas précis qui resserrent lentement la nasse autour de leur cible. Ils utilisent à bon escient les ordinateurs, les caméras, et la connaissance de la topographie de la cité par les protagonistes. Leur voix, alors qu’ils s’interpellent par micro-interposés, devient rapidement omniprésente, envoûtant le spectateur alors qu’il suit les policiers dans leur traque ne laissant rien au hasard.

Le récit suit, en parallèle de cette enquête, l’évolution du chef des braqueurs, discret, invisible, l’homme de l’ombre qui planifie chaque action. La construction fait quelque peu penser à Heat, dans la manière qu’ont les policiers de débusquer le membre le plus faible, qui le conduit jusqu’aux autres, et surtout à cet insaisissable chef, charismatique et dangereux. Cependant, le méchant de cette histoire est bien plus dangereux et impitoyable que Robert De Niro, mais découvrir son passé et ses rapports avec les autres protagonistes amènent un plus appréciable, les rendant plus humains.

Cependant, si la réalisation est si juste et si tendue dans des séquences pas faciles, elle se rate dans les véritables scènes d’action. Elles sont cependant peu nombreuses, mais Cold Eyes offre à ses spectateurs quelques poursuites en voiture, ainsi qu’à pied, avec policier sautant par une fenêtre, par exemple. Là encore, la réalisation se veut dynamique, la caméra sautant par la fenêtre à la suite du héros, mais l’effet n’est pas réussi, et l’impression est plus brouillon que tendue et haletante.

Cold Eyes est ainsi un thriller original par son traitement, et par moment assez sanglant, qui mérite vraiment que l’on s’y attarde, offrant un spectacle palpitant et tendu jusqu’au bout, malgré un classicisme prévisible dans son scénario.

Yannik Vanesse.

Cold Eyes de Jo Ui-seok and Kim Byung-seo, projeté dans le cadre de la 32ème édition du Brussel International Fantastic Films Festival.