East Asia quitte parfois les territoires strictement asiatiques, le temps d’un coup de cœur, d’un désir, d’une envie. Ainsi, il était impossible de ne pas se pencher sur Sharknado le bien nommé, et sa tempête de requins.
Les productions Asylum et Syfy sont à présent mondialement connues. Le postulat reste généralement sensiblement le même de film en film. Prendre un pitch aussi abracadabrant que fun, mettre quelques jolies filles (les monstres tueurs adorant, comme de juste, les jolies poitrines dénudées), ajouter un ou deux acteurs connus mais en perte de vitesse (qui a dit has-been ?), et enrober le tout avec du gore rigolo et des effets digitaux souvent approximatifs. Or donc, après les requins à deux têtes, les requins à tentacules, et d’autres bêtes improbables comme les croisements entre piranha et anaconda, voici que débarque sur nos écrans une tornade de requins !
A East Asia, nous essayons de privilégier le côté analytique, plutôt que l’engouement. Avec un film comme Sharknado, plusieurs problèmes se posent. En effet, en décortiquant le métrage d’Anthony C. Ferrante, le spectateur découvre sans surprise un scénario joliment n’importe quoi, qui envoie un tsunami envahir les rues de la ville. Au cœur de l’inondation, des requins se déplacent donc dans les rues, mangeant tout ce qui bouge, avant d’être emportés par une tornade, qui les projette à droite à gauche. Éjectés et ballottés de la sorte, ils trouvent tout de même la force de manger un ou deux figurants passant non loin de leurs mâchoires.
Pour ses requins, le réalisateur utilise plusieurs stock-shots, plutôt bien intégrés, et des effets digitaux beaucoup plus aléatoires, donnant parfois l’impression qu’un enfant a crayonné à même la pellicule. Le métrage est sanglant, mais fait fi de tout réalisme, avec des squales se faisant couper en deux en plein vol à coup de tronçonneuse, et autres aberrations du genre.
John Heard est l’acteur en perte de vitesse du film, incarnant un alcoolique tuant des requins à coup de tabouret de bar. Il est tellement doué qu’il l’emmène d’ailleurs dans son périple à travers la ville, telle une arme mystique, comme l’avait déjà fait Dwayne « The Rock » Johnson avec son parpaing, dans Tolérance zéro. Cassandra Scerbo, elle, apporte une jolie et délicieuse touche sexy au métrage.
Les dialogues ne volent bien évidemment pas très haut, mais Thunder Levin, scénariste du film, a l’intelligence de ne pas mettre de trop longs tunnels dialogués. Il sait qu’il est inutile de chercher de trop grosses explications, et que les spectateurs veulent de l’action, des requins volants et des tronçonneuses.
Car, malgré tous ces défauts, toutes ces approximations, l’alchimie fonctionne, et le spectateur, partagé entre surprise et rire, se plonge dans ce qu’il est difficile de qualifier autrement que sous le terme de nanar volontaire.
Ainsi, si Sharknado ne peut être considéré comme un bon film, il permet de passer un amusant moment, et se regarde avec un plaisir coupable des plus amusant. D’ailleurs, les spectateurs ne s’y sont pas trompés, et l’engouement né de sa diffusion télévisuelle a permis la mise en chantier d’une suite, qui semble tout aussi irréaliste, et donc tout aussi indispensable.
Yannik Vanesse
Sharknado, d’Anthony C. Ferrante, disponible en DVD et Blu-ray chez Zylo depuis le 18 février 2014.