DVD – L’intégrale d’Albator de Rintaro : chef-d’œuvre intemporel

Posté le 20 décembre 2013 par

Alors qu’arrive dans nos salles obscures notre corsaire de l’espace préféré (Jérémy nous donne son ressenti ici), il était logique de revenir sur la série originelle, datée de 1978, un cadeau idéal en cette période de fêtes, tant cette série n’a pas pris une ride et fascine encore, tant d’années après.

TF1 offre à ses spectateurs une surprise de taille avec ce coffret : il est nanti d’une version originale ! En effet, souvent, les dessins animés étant destinés aux enfants, les éditeurs ne prennent pas la peine de mettre autre chose qu’une version française. Cependant, l’éditeur, fort probablement conscient que cette œuvre est destinée autant aux petites têtes blondes qu’à leurs parents ayant grandi avec Albator, propose une version originale magnifique. Ceci, associé à une image de toute beauté, provoque immédiatement l’engouement. Surtout que la version originale est vitale pour apprécier à sa juste valeur cette série essentielle. En effet, les doubleurs, outre le fait qu’ils sont en totale roue libre, ont modifié tous les noms possibles et imaginables, à commencer, bien évidemment, par Albator, qui est en fait le capitaine Harlock. Mais c’est loin d’être la seule trahison, tous les personnages changeant de nom, de même que le vaisseau et, comble du surprenant, les extraterrestres voulant envahir la terre. Pourtant, Matsumoto Leiji, créateur du personnage, n’a pas choisi le nom de Mazone à la légère (et Taro Rin, réalisateur de la série, a respecté cela). La race étant composée de femmes au tempérament guerrier, le parallèle avec les Amazones est des plus voulus. De plus, les Mazones sont d’origine végétale, et une partie de ce peuple, à l’état sauvage, se dissimule dans les jungles du monde, en Amazonie plus particulièrement. Ainsi il est possible de découvrir l’ampleur de la trahison de l’œuvre commise lors de sa sortie française, que TF1 répare.

Le spectateur ayant grandi avec ce personnage emblématique sera immédiatement aux anges, mais les enfants peuvent tout autant apprécier. Certes, le dessin a vieilli, de même que l’animation. Il est vrai, aussi, que la représentation du futur est un peu désuète, mais quelle importance, tant l’œuvre se révèle intemporelle et d’actualité par de nombreuses thématiques.

En effet, avant même d’aller lutter contre les Mazones, Albator s’est rebellé contre la Terre, détestant l’indolence qui en a saisi les habitants. En effet, l’humanité ne travaille plus – les robots faisant presque tout le travail – et s’est enfermé dans une paresse dont rien ne peut les sortir. Elle est symbolisée par la télévision, le golf et les courses de chien, mais cette peur de l’abrutissement est diablement d’actualité, encore aujourd’hui. Dans ce contexte où la paresse est glorifié, le seul moyen de s’en détacher et de vivre libre semble, pour Matsumoto Leiji et Taro Rin, de se rebeller contre l’ordre établi, et donc de devenir pirate. Albator est donc, au-delà du personnage charismatique au-delà du possible, le symbole de la liberté, du renouveau et de l’honneur, étendard certes désuet dans cet univers, mais le seul capable de sauver le monde de la menace mazone. Il n’est donc pas surprenant qu’Albator et ses quarante compagnons puissent tenir tête à l’incommensurable flotte d’invasion, puisque le pirate est plus qu’un homme, il est tout ce qui reste de l’espoir. Albator est aussi le seul à véhiculer la créativité. En effet, les hommes ne créent plus, ils s’empâtent. Les seuls encore capables de concevoir quelque chose d’artistique sont les personnages suivant le célèbre pirate. Son second passe ainsi son temps à concevoir des maquettes, et l’extraterrestre qui a voué sa vie à Albator, joue très souvent de la musique pour son maître. De même, les pirates entonnent souvent des hymnes magnifiques quand ils passent à l’abordage. Albator devient ainsi la quintessence de l’espoir et de ce qu’il y a de bon en l’homme, ne reniant jamais une promesse, mettant l’amitié et l’amour avant tout autre sentiment.

Ainsi, cet homme, seul espoir de l’humanité, va devoir combattre les Mazones voulant envahir la terre. La série dépeint donc la découverte de cette race, d’abord diablement mystérieuse, puis leurs plans pour asservir l’humanité, puis pour détruire l’Arcadia, le navire d’Albator se révélant le plus grand danger des extraterrestres. Cette guerre va créer des scènes parfois assez cruelles, et glisser à certains moments dans une ambiance de film d’horreur ou de paranoïa. En effet, voir les Mazones surgir de terre tels des zombies est assez déstabilisant. De même, les extraterrestres pouvant passer pour des humaines, il est parfois difficile de savoir qui est une dangereuse espionne. Ainsi, Taro Rin change régulièrement d’ambiance, les épisodes se suivant sans jamais se ressembler, évitant tout ennui, gardant le spectateur toujours attentif, en éveil, ébahi. Certains épisodes se passant même sur Terre, dans des endroits imprévisibles, comme en plein désert d’Égypte, ou dans les océans, à lutter contre des vaisseaux fantôme.

Il est facile de suivre d’une traite ces quarante-deux épisodes, tous parfaits, jusqu’à un épilogue mélancolique mais empli d’espoir.

En ce qui concerne les bonus, l’amateur nostalgique aurait aimé quelques making of et analyses pertinentes. En effet, cette série animée, culte au plus haut point, aurait mérité de nombreuses heures de bonus. Hélas, TF1 a été un peu chiche en ce qui les concerne. Cependant, à défaut de quantité, la qualité est diablement au rendez-vous. En effet, le seul bonus est un entretien passionnant avec Matsumoto Leiji, le créateur du personnage d’Albator. Cet entretien, datant de 2011, effectué à Annecy, dure une demi-heure et se révèle intéressant et instructif au plus haut point !

Reflet d’une époque, Albator est tout autant un petit bijou de nostalgie qu’une œuvre intemporelle qui n’a pas pris une ride. Intelligent, passionnant, toujours surprenant, voici une série à ne rater sous aucun prétexte !

Yannik Vanesse.

Albator 78, disponible en DVD chez TF1 depuis le 5 octobre 2013.