Comme chaque semaine, East Asia vous en dit plus sur le passionnant projet A Story of Life and Death and Love, dont le tournage devrait débuter début août. Aujourd’hui, nous donnons la parole à Arnaud Thorel et Antoine Barbaroux, producteurs du film.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel ?
Antoine Barbaroux : En ce qui me concerne, j’ai essentiellement travaillé dans le film documentaire et institutionnel, en tant qu’assistant et chargé de production, au sein de différentes sociétés. Fort de cette expérience, j’ai ainsi fondé Along Production avec Nicolas Conort, démarrant l’aventure par une première publicité diffusée au cinéma pour le Manoir de Paris, et qu’a pu réaliser Arnaud.
Arnaud Thorel : Et c’est suite à cette publicité que j’ai proposé un autre projet à Antoine et Nicolas. Ce sont d’anciens camarades d’écoles sortis peu avant moi, alors je savais où je mettais les pieds, ce qui n’est pas négligeable dans nos métiers ! À l’époque, je travaillais pour Gedeon Programmes en tant qu’assistant de production tout en préparant mes différents projets de réalisation en parallèle. De fil en aiguille je me suis retrouvé à travailler pour et avec eux. Ils sont très forts !
Comment avez-vous rencontré Eric et vous êtes-vous retrouvés dans l’aventure A Story of Life and Death and Love ?
AB : Eric fut notre professeur de montage à 3IS, nous avons sympathisé dès cette époque. En sortant de l’école, nous avons chacun suivi nos parcours professionnels mais sommes restés en contact. Quand nous avons appris qu’il projetait de réaliser son premier long métrage et recherchait une société de production pour l’y aider, c’est assez naturellement que nous nous sommes retrouvés pour discuter du projet. Et nous sommes aujourd’hui embarqués dans l’aventure avec lui !
AT : Il faut dire que l’on pouvait difficilement mieux se trouver. Eric vous le disait, ce qu’il cherchait avant tout c’était une structure volontaire et plutôt jeune pour être en phase avec ses intentions sans les dénaturer, et prendre ainsi le risque de monter un tel projet sur un si petit budget sans pouvoir bénéficier de beaucoup d’aides. Quelle société de production serait assez folle, en ce contexte de crise audiovisuelle notamment, pour se lancer corps et âme dans un projet indépendant, de genre et auto-sous-financé ? Nous, bien sûr ! Il faut souligner que c’est la passion qui rentre aussi et surtout en jeu, et que nous croyons fort au cinéma d’Eric. Nous n’avons pas hésité une seule seconde.
Aimez-vous le cinéma de genre ?
AB : Beaucoup, le fantastique en particulier. Pour ma part, j’ai toujours aimé les histoires extraordinaires et/ou terrifiantes et tout l’imaginaire qu’elles transportent. Je suis un grand fan de The Thing de John Carpenter.
AT : Et cela va aussi jusqu’à se faire des projections d’Iron Sky ensemble pour vous donner une idée… Plus qu’un amour, c’est aussi et surtout une volonté de le voir exister plus fort au sein de nos créations françaises, par trop sociales et déprimantes.
Avez-vous envie d’essayer de produire d’autres genre de films ?
AB : Bien sûr. Nous avons également un goût prononcé pour le film historique et de science-fiction. Sans oublier l’aspect documentaire que nous travaillons sur des projets en cours d’élaboration.
AT : Ce qui est bien avec Antoine, c’est que nos univers différents se croisent et se complètent. De fait, il est tout à fait certain que nous allons produire d’autres genres de films.
Vous êtes surtout spécialisés dans les films d’entreprises, les documentaires et les courts-métrages. Voyez-vous A Story of Life and Death and Love comme un défi ?
AB : Il s’agit de notre premier long métrage en tant que producteurs délégués, qui plus est dans un cadre de production indépendant et à très petit budget. C’est donc assurément un défi, avec beaucoup d’inconnus et d’aléas. Mais nos expériences passées nous ont beaucoup préparés. Nous sommes donc prêts à relever ce challenge.
AT : D’autant que nous expérimentons aussi les méthodes de crowdfunding pour participer au financement du film. Nous l’avions déjà fait pour des courts-métrages mais il s’agit ici d’une étape supérieure. Il faut pouvoir saisir le train en marche et s’y accrocher ferme ! Cela demande beaucoup d’énergie, comme pour bien d’autres projets, mais rien d’insurmontable. Le côté défi nous pousse justement à tout donner !
Votre expérience dans ce genre de film était-elle un atout pour produire l’œuvre d’Eric Dinkian ou au contraire source de plus grandes difficultés ?
AB : Bien que plus ambitieuse, la méthode de travail pour fabriquer des longs métrages est finalement très proche de celle des courts-métrages. Le films d’entreprise et le documentaire nous ont enseigné une certaine rigueur et efficacité dans la gestion des projets. Notre expérience passée est donc un bon atout que nous mettons à profit pour le projet d’Eric.
Comment s’est passé votre séjour à Cannes ?
AB : Il fut surtout instructif et riche de promesses. Nous avons pu rencontrer des personnes intéressés par le projet et qui nous apporterons leur soutien. Nous espérons ainsi pouvoir y retourner l’année prochaine avec un premier montage susceptible d’intéresser des distributeurs et que nous pourrons ainsi projeter au Marché du Film. Ce séjour nous a permis de poser les jalons nécessaires pour préparer celui de l’année prochaine.
AT : Et nous avons surtout appris qu’être accompagnés d’une actrice pleine d’énergie, avec un beau sourire, vous ouvre les portes de discussions auxquelles vous n’auriez jamais participé. Même avec la plus grande volonté du monde et vos plus beaux yeux ! Du coup, Yaru nous a servi d’ambassadrice. Si vous croisez une jeune et jolie Chinoise souriante qui vous accoste l’année prochaine, nous sommes juste derrière !
Pouvez-vous nous parler des difficultés, soucis et complications que vous avez rencontrés ?
AB : Pour le moment, et pourvu que cela dure, essentiellement des petits tracas. Ce genre de projet est toujours complexe à mettre en place. Il faut rassembler une équipe conséquente, efficace et disponible sur des dates de tournage immuables, trouver des solutions techniques peu coûteuses… Trouver la comédienne principale fut sans doute une de nos plus grosses angoisses, mais heureusement, ce problème s’est dissipé suite à notre rencontre avec Yaru Gao, qui s’est révélée être une Lin incroyable.
AT : En fait, la principale difficulté reste financière. Ce n’est pas parce qu’un film est à petit budget qu’il doit se justifier d’avoir des allures cheap et low cost, bien au contraire. Et il est parfois difficile de vouloir des décors qui en jettent quand l’enveloppe ne suit pas derrière. Il faut du temps, beaucoup d’énergie, une capacité à se voir refuser des décors sensationnels à tout bout de champ, mais au final la satisfaction n’en est que plus grande une fois trouvées nos pépites.
Avez-vous contribué à l’histoire ?
AT : Pas tellement, le scénario nous a séduits tel qu’il est. Nous y contribuons plus au sens de notre logique de production. Certaines séquences doivent être revisitées pour pouvoir exister pleinement, d’autres sont à adapter et évoluer en fonction de nos décors et acteurs… Mais rien qui n’implique d’altérer l’essence même du film. Nous faisons entièrement confiance à Eric pour l’aspect intrinsèque de l’histoire, à laquelle nous croyons très fort!