Après un film d’ouverture auquel votre serviteur n’a pu assister, la première journée du BIFFF cuvée 2013 déroule son tapis cinéphagique devant mes yeux. Et pour commencer, ce fut une petite mise en bouche sous la forme d’un nanar volontaire australien (Le 25ème Reich, au concept délirant) avant d’attaquer les hostilités purement eastasiennes. Par Yannik Vanesse.
Quand The Eye rencontre Insidious
Hellgate de John Penney
C’est en effet ainsi que pourrait se résumer l’histoire de ce film écrit par John Penney, et projeté lors de la 31ème édition du Brussels International Fantastic Film Festival. En effet, un homme d’affaires étranger retourne à Bangkok avec sa femme et son fils. Un terrible accident de la route plus tard, le voilà seul, en proie à de terribles visions de morts. Il voit ainsi les derniers instants de certaines personnes, car son âme est prisonnière du monde des ombres, en compagnie de sa femme et de son fils, et il va devoir aller la récupérer. Rien de trop original, il faut bien l’admettre, et il est très rapidement possible de raconter tout le film.
Cependant, Hellgate n’est pas inintéressant pour autant, en grande partie grâce à l’acteur principal, Cary Elwes. L’acteur de Saw parvient très bien à faire ressentir sa détresse physique – il a, après son accident, une très longue convalescence – et psychologique (entre sa terreur face à ses visions et son incapacité à ressentir de la peine pour sa perte du fait de la disparition de son âme, il a de quoi faire !). Dommage que le réalisateur ait eu l’idée de toujours tremper de sueur ses vêtements pour montrer sa terreur. L’effet sonne un peu trop accentué, accentué de manière un peu déplaisante. Si la présence de William Hurt est agréable, ce dernier ne paraît cependant pas très concerné par le film, bien qu’il semble apprécier, comme son personnage, la présence de ravissantes asiatiques topless.
Côté visions de morts et d’horreur, par contre, le résultat est hélas un peu moyen. Si elles se révèlent agréablement gores et sanglantes, les gros plans et les tremblements en accélérés les font verser dans un certain ridicule grand-guignolesque. Dommage, car les effets spéciaux et maquillages sont de qualité.
La séquence véritablement intéressante est le voyage à travers la jungle, alors que nos héros doivent éviter de marcher dans l’ombre, peuplée de démons. Les créatures en question se révèlent classiques mais plutôt malsaines, bien que quelques gros plans sur leurs crocs acérés soient de trop. Le périple dans l’autre monde, par contre, ressemble un peu trop à un jeu de plates-formes, hélas, et est un peu trop rapidement expédié.
À la production, on trouve Kitamura Ryuhei. Le réalisateur de Versus et de Midnight Meat Train nous avait habitués à mieux soigner ses ambiances, et il est dommage qu’il ne se soit visiblement pas plus penché sur le traitement de cette histoire, aussi classique qu’intéressante sur le papier. Il faut avouer aussi que, si John Penney a l’habitude d’écrire des scénarios, ce Hellgate n’est que le deuxième long métrage qu’il réalise. Ses insistances et son manque de subtilité dans les scènes d’horreur sont donc plus compréhensibles, et il est à espérer qu’avec l’expérience, il fera preuve d’un peu plus de pondération. Dommage donc que Kitamura Ryuhei n’ait pas réalisé ce film.
Verdict : Si Hellgate se laisse regarder, il ne restera pas dans les mémoires, la faute à une histoire très classique, mais surtout à un manque de subtilité dans les scènes d’horreur, qui le font trop souvent verser dans un ridicule involontaire.
Hellgate, projeté à l’occasion de la 31ème édition du Brussels International Fantastic Film Festival.
Quelle vie de chien !
Legend of the T-Dog de Tian Jue Lee
Voici un film que les amateurs de cinéma conventionnel, classique, doivent fuir, au risque de perdre quelques neurones dans l’aventure. En effet, cette comédie fantastique a le mérite de détonner dans le paysage cinématographique par une histoire et des personnages complètement fous !
Le héros est un loser fini qui travaille à l’entretien de l’hôpital du coin. Il cumule les coups de malchance les plus faramineux, depuis que son ancêtre a rencontré un sage particulièrement taquin – cette histoire est racontée dans un flashback coloré et décalé particulièrement hypnotisant. Le sage s’est ainsi amusé à lancer ses chaussures dans la rivière pour tester la patience de l’aïeul du personnage principal, en lui demandant d’aller les chercher dans l’eau. Rapidement, ce dernier éclate les dents du sage avec sa chaussure, ce qui provoque une terrible malédiction sur toute la descendance de l’impétueux. Notre héros recherche ainsi un timbre spécial pour la lever – la dernière volonté de son père -, alors qu’un chien étrange vient tous les 49 jours devant l’hôpital, suivant son dernier maître en date, victime d’un accident aussi grave que drôle pour le spectateur. Le chien serait-il maudit ? C’est en tout cas ce que pense un étrange mystique, après qu’il ait fait de nombreuses recherches. Il déploie ensuite les techniques ninja les plus improbables pour récupérer l’animal…
Si le scénario semble ainsi partir dans tous les sens, ce n’est rien par rapport au résultat à l’écran, portnawak au possible, pour notre plus grand plaisir. Les personnages sont complètement à l’ouest, les décors colorés et irréels. Les situations coquasses s’enchaînent ainsi sans discontinuer. Legend of the T-Dog a ainsi le mérite de déstabiliser le spectateur, qui ne peut jamais prévoir ce qui va se passer. Certes, la réalisation est classique et les acteurs corrects (et les actrices ravissantes), mais la folie distillée par le métrage est tellement totale qu’elle ne peut laisser indifférente.
Il faut cependant admettre que le film possède quelques longueurs. Durant près de deux heures, il aurait mérité d’être épuré d’un petit quart d’heure pour éviter des pointes d’ennuis. De plus, la fin, pleine de bons sentiments, est certes mignonne au possible, mais ramène Legend of the T-Dog sur le sentier plus prévisible de la comédie romantique.
Il s’agit du premier film de Tian Jue Lee. Et oser débuter par quelque chose d’aussi unique mérite d’être salué. Legend of the T-Dog concourt, au BIFFF 2013, dans la sélection officielle 7ème parallèle.
Yannik Vanesse
Verdict : Legend Of The T-Dog ne laisse pas indifférent. Fou et décalé, il apporte une fraîcheur bienvenue, malgré quelques longueurs. De nombreux éclats de rires ponctuent ce film.
Legend Of The T-Dog, projeté à l’occasion de la 31ème édition du Brussels International Fantastic Film Festival.