La sortie d’une très jolie figurine dérivée était l’occasion idéale de revenir sur un jeu de rôle qui fait parler de lui depuis quelques temps. Ainsi, après s’être intéressé à Manga No Densetsu, Les Errants d’Ukyio et Devâstra : Reincarnation, East Asia revient à l’univers du manga avec le bien nommé MangaBoyZ, édité chez Le Grimoire. Par Yannik Vanesse.
Il existe deux types de jeux de rôles. Certains, tellement vastes et complexes, ont besoin d’un, voire deux ouvrages très épais pour détailler règles, création de personnages, monstres, listes de matériels et bien d’autres détails avec en sus un ou deux livres pour s’intéresser à l’univers en question. D’autres ne nécessitent qu’un petit fascicule. Ainsi, en découvrant la nouvelle édition de MangaBoyZ (l’édition 1,5), le lecteur suppose immédiatement que le jeu se veut facile d’accès, avec un univers simple et des règles très faciles à appréhender. En effet, dans un petit livret d’une centaine de pages, au format un peu plus grand qu’un livre de poche, difficile de caser un système aussi complexe que Donjons et Dragons.
Cependant, cela ne signifie pas que MangaBoyZ est un mauvais jeu, bien au contraire. Il se veut juste plus détendu, et surtout, très second degré.
MangaboyZ peint notre monde après une attaque d’extraterrestres. Destruction, apocalypse, autant dire que la Terre est devenue beaucoup moins bucolique qu’à l’heure actuelle. Juste après une attaque soudaine, détruisant la plupart des grandes agglomérations, les vils aliens ont distribué de la nourriture aux survivants. Ce que les humains ignorent à ce moment là, c’est que cette manne providentielle permet en fait de les contrôler grâce à des émetteurs d’ondes alpha. Cependant, chez certaines personnes, cette nourriture les ont rendus plus forts, plus colériques, et bien évidemment les joueurs vont incarner ces gens-là, que l’OTAN va enrôler comme troupe d’élite pour lutter contre les extraterrestres et leurs robots aux formes les plus improbables.
Les joueurs vont choisir des archétypes, dépendant de leur pays d’origine (ces archétypes étant modulables en enlevant un point à telle caractéristique pour le rajouter à telle autre) mais, dès cette phase, il est visible non seulement que MangaBoyZ se veut sans prise de tête et permet de jouer le plus rapidement possible, mais aussi que l’humour sera magnifiquement gras. Rien que les Panzer kids (venant d’Allemagne) avec comme équipement un char panzer et une boîte de choucroute, laisse à penser que MangaBoyZ ne fera pas dans la finesse. Au niveau des personnages asiatiques, le jeu donne son titre aux personnages japonais (possédant un exosquelette), mais difficile de ne pas parler, par exemple, des Godzilla Jane venant de Corée, ou des Cosaques d’Acier russes, sortes de Robocop.
La lecture des différents ouvrages (l’univers est développé dans Les Héros de la planète, s’intéressant de plus près à l’Asie et la Russie, et La Chute du géant mauve fait évoluer l’histoire du monde à travers une très chouette campagne) est ainsi très drôle, et les plaisantes illustrations en noir et blanc (représentant surtout des femmes aux formes… particulièrement développées) aèrent l’ouvrage pour rendre sa lecture plus agréable. L’univers est décrit en quelques pages, se développant au fil des scénarios et des livres, mais il reste très simple, et empli d’idées et de synopsis qu’un maître de jeu (appelé secrétaire de l’OTAN – ou du parti s’il n’y a que des russes à sa table) pourra facilement transformer en aventure. Les scénarios, traités comme des missions, rendent le jeu idéal pour des parties courtes ou moyennement courtes, et permettent facilement de faire jouer des scénarios uniques (appelés one shot, idéaux pour les parties découvertes) ou l’intégration de nouveaux personnages. Chaque livret est d’ailleurs nanti d’un scénario, et les extensions rappellent toujours les règles du jeu. De plus, de nombreux scénarios sont trouvables sur internet, permettant de faire varier les plaisirs et offrant aux maîtres de jeu beaucoup de matériel pour amuser leurs joueurs. Le système en lui-même tient en quelques pages et abandonne tout réalisme. Le but est d’être dynamique et de faciliter la prise en main. Et dans MangaBoyZ, difficile de faire plus simple. Les joueurs lancent deux dés à six faces et doivent faire sept ou plus. Les points dans une caractéristique permettent de relancer les dés quand le jet utilise cette caractéristique (les points de manga pouvant servir pour tous les jets). Quelques bonus et malus, règles spéciales face à des véhicules et le tour est joué ! À cela s’ajoute une description de monstres aussi rigolos que dangereux (et parfois assez glauques) et le lecteur se retrouve avec un jeu drôle, amusant, et on ne peut plus simple d’accès. Entre le taurpille (une taupe de combat) ou le Bitopode, difficile en effet de ne pas être surpris par l’imagination du concepteur du jeu. Il faut certes aimer les ambiances décalées et l’humour un peu gras, mais ce jeu mérite d’être découvert.
L’auteur, c’est Gabriel Féraud. Il est écrivain d’heroïc fantasy et de science-fiction, a écrit plusieurs nouvelles publiées dans diverses anthologies, et même un romain, Les Perles d’Allaya. Gabriel Féraud n’est pas novice non plus en ce qui concerne le jeu de rôle, puisqu’il a écrit une campagne pour Loup Solitaire (le jeu de rôle adapté des célèbres livres dont vous êtes le héros), et il écrit aussi pour la revue Jeu de rôle magazine, et la dernière version de Casus Belli.
Yannik Vanesse
Verdict : MangaBoyZ est un jeu de rôle amusant à lire et qui permettra de très agréables parties pour les joueurs désirant se détendre entre quelques parties de jeux plus sombres. S’il est difficile d’imaginer des campagnes de plusieurs années autour de ce jeu, MangaBoyZ se prête très bien aux scénarios uniques ou aux campagnes courtes et offrira amusement et action en pagaille, grâce à un humour peu subtil et une action débridée et dynamique.
MangaboyZ, jeu de rôle disponible aux éditions Le Grimoire.