Evgeniy Mitrofanov transforme sa mini-série, Werewolf Hunt (Okhota na Vervolfa) en long métrage. À quoi doit s’attendre le spectateur, en plongeant dans cette histoire de commando russe parti assassiner Hitler, censément tirée d’une histoire vraie ? Par Yannik Vanesse.
L’affiche le laisse présager, et le résultat est à la hauteur des espoirs – ou des craintes – du spectateur : durant un peu plus d’une heure trente, Evgeniy Mitrofanov va dérouler devant les yeux des spectateurs un nanar total et jusqu’au-boutiste. Ainsi, c’est entre consternation et éclats de rire que va se dérouler la vision de ce Bunker (titre français).
Déjà, dès le générique, digne d’une série télé (fort probablement le générique de la série originelle) la teneur du projet est immédiatement dévoilée : un film patriotique bourrin sans concession. Et effectivement, le scénario ne dément jamais cette impression. Un commando est ainsi monté pour une raison triple : cartographier la région où est construit le bunker d’Hitler (cependant, en étant quasiment sûr d’envoyer ses hommes au suicide, cette idée paraît un peu incongrue), assassiner Hitler (carrément !), et démasquer une taupe haut placée dans la hiérarchie militaire russe. Cette dernière idée est cependant particulièrement ridicule. Non seulement le plan, tarabiscoté en diable, n’est pas des plus judicieux (envoyer des hommes au casse-pipe en surveillant le moment où ils se feront avoir pour arrêter la personne responsable desdites informations, qui sont réparties entre les traîtres éventuels), mais de surcroît, en utilisant ses soldats comme pions sacrifiables mais en souhaitant qu’ils réussissent, l’état-major russe semble des plus indécis. Et surtout, cette intrigue n’apporte absolument rien au métrage, à part l’amener dans la durée normale d’un film et essayer de filmer une espèce de jeu d’échec humain. En effet, la taupe ne fournit jamais d’informations compromettantes pour le commando, il n’y a pas de sabotage, rien ! Et la révélation finale de l’identité de cet espion n’apportera rien d’autre qu’un franc rire au spectateur tant ce twist est inutile et peu crédible.
Bunker alterne donc les séquences de recherche du vil traître, et les scènes d’action dans les bois. Et ces dernières sont un festival de n’importe quoi excessif, filmé n’importe comment de surcroît ! Entre le meurtre à coups de pelle digne de Bernie, le sniper en camouflage de feuille se retrouvant à combattre une nuée d’ennemis, tel un Cetelem ninja, l’explosion ridicule d’une grenade, la chute d’un mirador faisant passer l’explosion finale de Beowulf pour du grand art, les embuscades farfelues, Bunker est un véritable festival, sorte d’Inglorious Bastards premier degré, sans le talent de Quentin Tarantino. Le tout se fera sur de la musique entraînante plutôt rigolote, mais qui se voudrait épique.
Il est à noter que, dans les films russes, les dialogues parlés dans une autre langue ne sont pas sous-titrés, mais traduit à la voix, cette dernière étant superposée sur la voix étrangère. Ainsi, dans Bunker, quand les nazis – évidemment vils, fourbes et méchants, et passant leur temps à écouter Lili Marlène, alors que les Russes sont grands et patriotes – parlent allemand, une ou deux personnes traduisent directement sur la bande, ce qui est, au début, un peu déstabilisant.
Yannik Vanesse
Verdict : Bunker n’est pas un bon film, loin s’en faut ! Mais il constitue une plaisante alternative aux films hollywoodiens bourrins. En effet, au bout de quelques minutes de film, Bunker devient tellement mauvais qu’il est difficile de ne pas l’apprécier.
Bunker est disponible en DVD chez Aventi depuis le 4 septembre 2012.