Psalms of Planets Eureka seveN : Good night, sleep tight,Young lovers, film de Kyôda Tomoki, sort en DVD. La série Eureka Seven a marqué beaucoup d’amateurs d’animes de mechas. Son réalisateur a voulu raconter une nouvelle histoire, inattendue et surprenante… Par Alexandra Bobolina.
Psalms of Planets Eureka seveN : Good night, sleep tight,Young lovers est un long métrage inspiré de la série télévisée Psalms of Planets Eureka Seven, anime de mecha du studio Bones. Il s’agit donc à la fois d’un film à part entière, mais il fait aussi partie intégrante de l’ensemble de la franchise (trois jeux vidéos ont été produits par Bandai ainsi qu’une adaptation théâtrale). Un film basé sur une série télévisée… comme tant d’autres. Mais les amateurs de l’anime le savent déjà : le désir de « redécouvrir » n’est pas la bonne force motrice dans des cas pareils. Et tant mieux, car le film de Kyôda Tomoki se veut être une découverte plutôt qu’un retour sur ce qui a déjà été fait.
En 2045, la Terre est envahie par des forces extraterrestres appelées « Images ». Le héros Renton les combat, protégé par un robot et aux côtés des Gekkostate, un groupe de rebelles. Ces derniers sont dirigés par le leader Holland et rentreront bientôt en conflit avec Renton pour montrer leur «face cachée ». Huit ans auparavant, Renton a perdu deux personnes qui lui étaient très chères : Eureka, une petite fille enlevée par les forces militaires et le professeur Dominic. Par la suite, les éléments se déploient autour d’un monde en guerre et mettent en avant des valeurs telles que l’amour, le courage, condamner la discrimination et revendiquer le droit de tous d’être heureux, peu importe leur nature et leurs origines. Eureka est une fille–robot, conçue pour être espionne, Holland, guidé par l’amertume d’un secret, conduit sans scrupules son équipe. Tous les personnages ont des motivations affectives qui constituent le centre de l’intrigue mettant au second plan les éléments de science-fiction de la série. Le scénario est mis en scène de manière spectaculaire, mais quelques ellipses dans la structure troublent son équilibre.
Les événements précédant le film ainsi que certains détails à l’écran soulèvent beaucoup d’interrogations. Eureka et Renton, dont le bonheur est le but sacré du film, accèderont à leur « Neverland ». Mais quel est leur lien avec celui-ci, comment les Gekkostate pourraient eux, à leur tour, réussir à retrouver la paix ? Ainsi, de nombreux éléments importants du film resteront sans réponse.
De ce fait, ceux qui ont suivi la série pourront être déçus à cause des multiples divergences avec le scénario de celle-ci. Les personnages sont les mêmes, mais le puzzle est réorganisé pour leur donner un nouveau rôle et construire une nouvelle histoire. Dès la scène d’introduction se dessinent des lignes narratives mettant en jeu de nouvelles relations entre les principaux protagonistes. Certains pourront y voir une suite de la série dans le long métrage, mais il serait plus approprié de l’appréhender comme un monde parallèle. Holland, Dominic, Talho, Eureka ont tous un passé différent et une nouvelle personnalité. Pour introduire une touche enfantine, le réalisateur crée pour le film le personnage d’un Nirvash qui a un rôle important mais n’est pas suffisamment exploitée.
Kyôda Tomoki a voulu, selon ses propres mots, donner les mêmes éléments narratifs à tous sans se baser sur les connaissances préalables de certains. Et il a peut être eu bien raison, compte tenu des qualités remarquables de la série. Reproduire la même histoire en réduisant sa longueur aurait sûrement appauvri certains des personnages, tous très développés dans la série. Aussi, le réalisateur a adopté une approche honnête vis à vis des fidèles fans ainsi qu’à ceux qui voulaient découvrir le film : leur proposer le même sujet traité avec des moyens différents. Nous retrouvons la précision de l’animation classique mélangée avec l’animation d’ordinateur donnant un rendu visuel exceptionnel. La beauté des images correspond à la complexité du scénario et de la mise en scène tandis que le thème musical soutient le sentimentalisme prononcé de l’intrigue.
Le film ne met pas en doute le talent de son créateur. À travers le sens du rythme, il ne permet pas au spectateur de lâcher l’écran même un seul instant pour reprendre son souffle. Les scènes nous plongent entre éléments magiques et ludiques sans ôter la complexité des relations humaines qui y sont centrales. Psalms of Planets Eureka seveN : Good night, sleep tight,Young lovers pourrait être considéré comme une réussite, même si, malgré les bonnes intentions de son créateur, il reste un produit dérivé de la série télévisée…
Alexandra Bobolina.
Verdict :
Eureka Seven, film de Kyôda Tomoki, est disponible en DVD/Blu-ray depuis le 07/12/2011 chez Kazé.