Festival Franco-Coréen du Film : un oeil sur les courts-métrages

Posté le 13 octobre 2011 par

La 6ème édition du Festival Franco-Coréen du Film, qui bat son plein depuis mardi 11 octobre 2011, est aussi l’occasion de découvrir une flopée de courts-métrages, dans des genres divers et variés. Cette année, la sélection montre la belle vitalité d’un cinéma et l’émergence de beaucoup de talents. Et bonne nouvelle : ils sont tous visibles sur la toile pendant la durée de l’événement ! Par Jérémy Coifman.

Dart, digne d’un court Pixar

No Future

17 courts-métrages. C’est beaucoup et peu à la fois. Nous emportant sur 10 ou 25 minutes, chaque instant est précieux. La sélection est juste et variée.  Les genres se succèdent avec panache. On passe de la comédie macabre au film d’animation en passant par le drame intimiste. Chaque métrage a beaucoup de personnalité. La passerelle entre les films est assez évidente malgré leur diversité. La Corée du Sud est effrayée. Peu de perspectives, une solitude de tous les instants, l’avenir semble plus qu’incertain pour la société coréenne. Coincée entre modernité et tradition comme dans 0.201 de Ko Seok-heui. Ce pays a du mal à se construire une identité,  la communication entre les gens semble coupée. Comme ce couple d’amoureux d’Adios (Oh Hyun-Min), assis sur un banc, sous la neige, incapable de savoir s’ils ont envie d’être ensemble, incapable  de prendre une décision pour leur futur.

0.201 de Ko Seok-heui, une Corée effrayée

Les Coréens sont sous pression, en colère. Une violence contenue qui explose littéralement au visage de l’autre. Un adultère découvert (999 – formidable – par Lee Se-Hyung), une rupture (Bad Education, Koh Su-Kyung), ou même une rivalité au travail (Dead Drunken Master, Choi Sung-Eun), et tout éclate. Le cinéma coréen est en colère, la jeunesse aussi. Les êtres sont fragiles, tout comme les relations entre les gens, qui semblent artificielles. Une femme errant dans les rues de Séoul, cherchant un sens à sa vie (Dear Lara, In I-Soo), ou un voyageur solitaire cherchant la vie sur une planète éloignée (Cosmic Man, Lee Han Bit), tous sont à la recherche de quelque chose, sans savoir vraiment quoi. Toute cette frustration accumulée, ces humiliations quotidiennes,  ce sentiment de honte est presque palpable. Il mène au chaos, il mène au néant (Pest, Kim Young-Soo).

999 de Lee Se-Hyung,  formidable

Le fossé culturel entre les jeunes et les anciens sont aussi au centre du problème. Toujours le même combat. Modernité et tradition. Un professeur incrédule devant  ses élèves cyniques à souhait dans le truculent Bad Education (Koh Su-Kyung), est symptomatique d’une jeunesse complètement incomprise, forcée de grandir trop rapidement.  Les enfants sont aussi coincés dans ce moule et ne comprennent pas (Rough Education, Joe Seung-Yeon).

Bad Education, un truculent conflit des générations

La diversité et le talent restent pourtant les maîtres mots de cette sélection. Que ce soit dans le cinéma d’animation (Dart, digne d’un court Pixar, par Cho Sung-Bin) ou le court plus intimiste (Lies, Nam Yeon-Kyung). On sent aussi que l’influence du cinéma occidental (et notamment américaine) est toujours aussi importante. On savait les cinéastes de la nouvelle vague très portés sur ce cinéma, mais c’est ici une confirmation. Pixar, Jim Jarmusch, Stanley Kubrick, Robert Bresson, ou Sergio Leone sont autant d’influences pour ces cinéastes.

17 courts-métrage, c’est beaucoup et peu à la fois. Mais pour se rendre compte du talent et de la passion de ces cinéastes, c’est déjà suffisant !

Jérémy Coifman.

Prix MUBI : Space Radio de Kim Da-hye.

Prix FlyAsiana 2011 : Make-Up de Hyun Jeong-jae.

Tous les courts-métrages du FFCF sont visibles sur MUBI du 11 au 18 octobre 2011. À voir ici !