The Day He Arrives de Hong Sang-Soo (FFCF)

Posté le 3 octobre 2011 par

Un Hong Sang-soo en noir et blanc, dans la ligné de son récent Oki’s movie. Amusant, brillant et très juste, mais un peu décevant en regard de la merveille Ha Ha Ha , qui avait gagné Un Certain regard à Cannes l’an passé. A ne pas rater en avant-première au FFCF ! Par Victor Lopez.

Si les personnages de Hong Sang-soo, à l’image du héros de ce The Day He Arrives , sont souvent des cinéastes qui ne font pas grand-chose, éternels glandeurs qui passent leur temps à boire et à draguer, le cinéaste tourne quant à lui films sur films avec une frénésie hallucinante. C’est un peu comme si la peur de la procrastination, loin de l’immobiliser comme ses personnages qui végètent, le forçait à une hyperactivité artistique. Et on ne va pas s’en plaindre, tant il est agréable de retrouver la musique connue de Hong aussi régulièrement.

Après le grandiose Ha Ha Ha , qui s’impose de plus en plus comme le sommet de la dernière période, la plus légère et accessible du cinéaste, le subtil Oki’s Movie à la construction complexe (à vrai dire, on se pose encore des questions sur la manière dont les courts métrages qui le composent se répondent…), voici donc The Day he arrives , d’une simplicité, fragilité et évidence qui charmera le plus réfractaires des opposants à l’esthétique de Hong.

Le film se focalise sur un cinéaste un peu looser qui vient glander à Séoul quatre petits jours. Au programme : se balader, lire et boire quelques verres avec l’ami qu’il est venu voir. Bien entendu, quelques rencontres alcoolisées et féminines vont venir perturber ce programme ascétique. The Day he arrives est alors le récit de ces rencontres et discussions éthyliques, qui tournent autour du cinéma et des relations amoureuses, comme toujours… Et comme toujours, elles sont analysées avec une clairvoyance, une justesse et une drôlerie irrésistible.

Impossible de ne pas tomber sous le charme discret de cette cuvée Hong Sang-soo. Pour chipoter, on dira seulement que le film arrive après Ha Ha Ha , véritable composition de maître du cinéaste, qui semble plus faire ses gammes avec Oki’s Movie et The Day he arrives. Le résultat est plaisant, intéressant, touchant même, mais reste un exercice de style reprenant des thématiques, structures et effets connus. On attend donc le prochain avec impatience, curieux de voir vers quelle direction le cinéma de Hong va évoluer avec sa prochaine pierre importante.

Victor Lopez.

The Day He arrives de Hong Sang-soo sera de nouveau diffusé au Festival Franco-Coréen du Film (FFCF) le Lundi 17 Octobre à 18h au Cinéma Saint-André -Des-Arts à Paris.

Plus d’informations sur le site officiel !

Imprimer


7 commentaires pour “The Day He Arrives de Hong Sang-Soo (FFCF)”

  1. > »quel direction le cinéma de Hong va évoluer  »
    ne faudrait il pas se demander tout d’abord sur ce cinéma est capable d’évoluer. Ou plutot, si ce cinéaste est capable d’évoluer…..

  2. Il y a déjà une grande évolution entre ses premiers films à la noirceur assez fulgurante (Le jour ou le cochon est tombé dans le puits)et la dernière période (disons le passage plus franc à la comédie avec Les femmes de mes amis) ! La tragédie (ironique mais tout de même assez glauque) s’est quand même faîte plus légère et nonchalante… C’est la même musique, mais la tonalité n’est plus la même…

  3. Je ne croche vraiment pas à HSS. J’ai l’impression de voir la meme chose, tonalité différente ou pas. Il est plus, pour moi, Auteur (avec le A majuscule à consonnance pédante) que réalisateur (et meme cinéaste). Ce qui reste génant quand on a l’ambition de faire du cinéma.
    Y’a pas mieux à importer de Corée du Sud niveau cinéma d’auteur ? (je n’y connais quasi rien en cinema Kr – et j’ai pas spécialement envie d’appronfondir de trop – mais je reste curieux au cas où des perles — genre les Lee Yoon-Ki – me passeraient devant le nez)

  4. Le FFCF à venir nous donnera le pouls en ce qui concerne ce « cinéma d’auteur » coréen qui pourrait être importé par chez nous. Enfin une partie seulement tant ce festoche semble hétéroclite pour cette édition.
    Une alternative à HSS, il en existe comme tu peux te l’imaginer aisément Guillaume. Ils y a des cinéastes qui livrent de premières œuvres intéressantes à défaut d’être bonnes ou prenantes. N’empêche moi, HSS je l’aime. Je comprends aussi qu’il puisse exaspérer, laisser indifférent et que sais-je encore ? avec ses films qui semblent les mêmes sur la forme. J’attends avec impatience de voir celui-ci. Pourtant, il n’est pas ma priorité pour ce festival mais je sais que j’y trouverais un ton léger et d’une certaine manière sarcastique (et plus encore). Enfin sauf s’il nous surprend jusque dans le fond.

  5. Ça dépend de ce que vous appelez « alternative ». Car on peut dire ce qu’on veut de HSS (personnellement j’en dis beaucoup de mal), il faut reconnaitre qu’il est assez unique, en particulier depuis son virage « comique » – et donc forcément le meilleur dans sa catégorie.
    Après si c’est pour proposer totalement autre chose je signe tout de suite (et peut même balancer quelques titres si les distribs sont pas inspirés), mais ça ne remplacera pas HSS dans le coeur de ses amateurs – qui, pour reprendre l’expression, y cherchent la « petite musique ».
    La question est donc : est-il possible de montrer du cinéma coréen un visage plus complexe que polar d’un coté, HSS de l’autre ?

    PS (troll) :
    > « on se pose encore des questions sur la manière dont les courts métrages qui le composent se répondent »
    Peut-être justement parce que ce film n’est pas écrit et que les segments ne se répondent pas de manière construite, donc signifiante. En un mot comme en mille, c’est de l’arnaque.

  6. ça me rappelle certains papiers de Kim Bong Park, citation choisie:

    Yann Kerloc’h nous avait prévenus : « formellement, c’est inouï et d’une rare exigence, mais pas facile d’accès ». C’est vrai. Tellement pas facile qu’on n’a pas trouvé la porte d’entrée, si tant est qu’il y en ait une. A l’heure de faire les comptes, perso, je retiens les plus beaux kicks distribués par ma prof de maths de cinquième : « on ne peut pas diviser par zéro, trou du cul ! ». Je souhaite aujourd’hui tirer ma révérence à cette femme d’une grande sagesse. HSS a manipulé le vide : le résultat est atroce.

  7. @Martin : merci pour la citation 😉 J’ai perso un petit faible pour le texte qu’on a écrit à propos de Le jour où le cochon… le fond du fond…

    @Epikt :
     » il faut reconnaitre qu’il est assez unique, en particulier depuis son virage « comique » – et donc forcément le meilleur dans sa catégorie  »

    => je ne sais pas si c’est contenu dans ton « forcément », mais je crois HSS est capable d’être le pire d’une catégorie au sein de laquelle il est l’unique élément !!
    Cela dit, tu soulèves un bon point sur la dichotomie thrillers/HSS. Le point d’équilibre entre les forces du bien et les forces du mal se situe, mais ce n’est que ma modeste opinion, dans le grandissime Cha Tae-hyun. Ce n’est que mon opinion hein…

    on va publier un petit guide FFCF 2011 ce week-end, on conseillera évidemment de fuir HSS comme la peste.

    Et encore, je vais essayer d’être le plus sympa possible. J’ai l’impression que le meilleur moment de The day he arrives, c’est la bande-annonce.

    Je sais je n’ai pas vu le film. Mais je sais quand même.

    Je te karcheriserais ça au détergent Bourdieu putain.

Laissez un commentaire


*