Tetsuo : The Bullet Man de Tsukamoto Shinya s’interroge sur la condition humaine, avec en fond, l’omniprésence de la ville dans toute sa noirceur…Petit aperçu en avant première d’un pur film, dont la réalisation épileptique donne envie de poignarder son voisin ! Par Olivier Smach.
Tsukamoto Shinya, cinéaste génial et marginal qui compte entre autres parmi ses fans Tarantino et Gaspard Noe, s’est distingué par la réalisation de nombreuses œuvres ultra violentes telles que Tetsuo 1 et 2, Bullet Ballet, Tokyo Fist ou encore l’adaptation live du manga Hiruko the goblin. Il revient cette fois ci avec le troisième opus de sa saga culte débutée en 1989.
Pour la petite histoire, sachez que ce troisième opus devait initialement être coréalisé par Tarantino au milieu des années 90 sous le nom de Flying Tetsuo. Mais suite à tous ses projets sur le feu, le génial réalisateur a finalement abandonné le processus.
L’ Histoire: Tetsuo, the Bullet Man raconte l’histoire d’Anthony, métisse américano-japonais, père de famille et Salary man aisé à Tokyo, dont la vie va subitement basculer suite au meurtre dramatique de son fils, Tom, écrasé par un tordu dans une Mercedes noire, qui aime manifestement autant les marches avant qu’arrières. Suite à la dépression de son épouse, notre héros n’aura dès lors plus qu’une seule idée en tête : retrouver l’assassin de son enfant afin de se venger. Mais à sa grande surprise, à mesure que sa colère s’intensifie, il va petit à petit se transformer en masse métallique jusqu’à continuer son évolution vers une abominable arme de destruction massive lui permettant ainsi de faire face aux différents obstacles qui se mettent sur son chemin et de se protéger des terrifiantes révélations dont il va être le témoin…
Tetsuo, c’est de la boulette, man !
Votre humble serviteur a pu découvrir cet excellent film inédit en France dans le cadre du Festival Paris Cinéma en Juillet 2010. Les doigts tremblants et tout fébrile à l’idée de découvrir ce nouvel opus, j’ai vite fait la grimace lorsque j’ai constaté que la copie proposée n’avait pas de sous-titre. Bien que capable d’aligner et de comprendre quelques phrases en japonais, suivre tout un film de la sorte aurait pu représenter une difficulté certaine malgré toute ma bonne volonté. Heureusement, Tetsuo : the bullet man est parlé à 95% en anglais, le soulagement fut donc bien présent !
De toute façon, dans les films de Tsukamoto, les dialogues, c’est loin d’être le plus important !
Variation moderne et Cyberpunk autour de la vengeance, cet Hulk métallique est bien plus fin qu’il en a l’air derrière son aspect bourrin et son amas de métal concentré. Prenant pour cadre la ville, le film aborde de nombreux sujets, au-delà du thème de la vengeance mainte et mainte fois revisitée : le malaise claustrophobique résultant de l’immensité des grandes métropoles, son incidence sur les rapports humains, l’éthique et les limites de la science…
Au niveau du rythme, pas de répit pour ce conte moderne ultra violent, véritable bombe à retardement d’à peine plus d’une heure ou tout s’enchaine très vite.
On se prend un nombre incalculable d’images dans les yeux et ça part dans tous le sens tel un stroboscope en accéléré.
A l’image de ses couleurs prédominantes – noir, blanc et gris – ce film est aussi froid que peut l’être un morceau de métal.
Il s’ouvre sur un morceau du groupe de métal Nine Inch nails qui annonce tout de suite la couleur. Le film est servie par une bande son frénétique à la limite de l’expérimental, avec des sonorités industrielles – bruit de marteau piqueur, coup de massue – qui ferait presque passer l’univers musical des Dust Brothers – OST de Fight Club– pour de la guimauve !
Vous l’aurez donc compris, que l’on aime ou que l’on n’aime pas, une chose est certaine, personne ne sort jamais indemne de l’univers de Tsukamoto !
Olivier Smach.
Verdict: