Retour sur le plus beau film d’animation de l’année, sorti trop confidentiellement en DVD. Par Victor Lopez.
Il y aurait beaucoup de choses à dire sur Sky Crawlers, sur son sous texte social, ses implications psychologiques, son inscription assez unique et originale dans la S.-F et la japanim’. On se contentera ici de brièvement souligner son envoutante beauté, qui pousse à un point de perfection le cinéma de Oshii Mamoru , le plus tarkovskien des cinéastes japonais, réalisateur de Ghost in the Shell et Avalon.
Cinéaste de la marge, c’est dans un no man’s land où se croisent des genres généralement hermétiques que se construit son univers : entre prises de vues réelles et dessin animé, animation traditionnelle et utilisation des dernières technologies numériques 3D, film d’auteur et commercial, cinéma d’action et œuvres contemplatives… La force de Sky Crawlers est de prendre racine dans cette multitude antinomique tout en restant parfaitement cohérent dans sa singularité.
N’y cherchez cependant pas un film d’action : l’univers décrit, sans être aussi référencé que celui d’ Innocence (qui se plaisait à citer Descartes au détour de fusillades), tend à supprimer toute l’excitation généralement liée aux scènes de combats aériens qui ponctuent le film. L’univers de Sky Crawlers est suspendu dans le temps, et existe dans un ennui mélancolique où tout se vaut : abattre des avions ennemis ou lire le journal font partis d’une même routine quotidienne, de la même répétition incessante de gestes mécaniques. Encore une fois, le spectateur des films de Oshii Mamoru se retrouve prisonnier d’un rêve, dont la douceur onirique ne camoufle pas longtemps la profonde tristesse.
A noter que l’édition Blu-ray est particulièrement soignée : une série de bonus intéressants accompagnent le film, présenté dans une qualité d’image d’une troublante perfection. Mais la netteté de l’écran plat ne se substitue malheureusement pas à l’immersion totale que seule une salle de cinéma peut offrir, et qui est nécessaire à la réelle appréciation d’un tel film.
Victor Lopez
Verdict :