Interview vidéo de Yuen Woo Ping (Paris Cinéma)

Posté le 9 août 2012 par

L’un des événements indéniables de Paris Cinéma était la venue du chorégraphe et réalisateur Yuen Woo Ping. Responsable des plus spéctaculaires combats cinématographiques en Chine (Il était une fois en Chine, Tigre et Dragon) comme à Hollywood (Matrix, Kill Bill), le cinéaste a aussi signé les oeuvres les plus marquantes avec Jackie Chan (Drunken Master) ou Donnie Yen (Iron Monkey). Mais le rencontrer était surtout l’occasion de l’intéroger sur ses débuts de carrière avec son père, sa famille, ou sa manière d’envisager les combats. Interview de Anel Dragic, vidéo de Flavien Bellevue.

Pouvez-vous nous parler de votre formation en tant qu’artiste martial ?

C’est avec mon père que j’ai appris les arts martiaux.

Comment était-ce ? Vous emmenait-il sur les tournages ? (ndr: son père, Yuen Siu Tien était également un grand acteur et chorégraphe du cinéma de Hong Kong)

Quand j’assistais aux tournages, je voyais mon père aux entrainements. Je remerciais mon père de m’apprendre les arts martiaux.

De quelle manière êtes-vous entré dans le monde du cinéma ?

C’est mon père qui m’a fait entrer dans le milieu du cinéma. J’ai commencé comme cascadeur.

Vous avez participé à une multitude de films pour la Shaw Brothers. Comment était-ce d’être directeur des combats dans cette compagnie ?

Ce n’est pas sûr. J’ai du tourner un ou deux films avec la Shaw Brothers. Avant ces films j’étais déjà connu comme chorégraphe.

Comment êtes-vous passé de la Shaw à la Golden Harvest, pour laquelle vous avez fait Snake in the Eagle’s Shadow (ndr: coproduit par la Seasonal Film de Ng See Yuen) ?

Je n’avais pas vraiment de contrat avec cette compagnie. Je ne l’ai pas vraiment quitté, ça s’est fait comme ça.

Pouvez-vous nous parler des tournages sur les Wong Fei Hung avec Kwan Tak Hing. Est-ce que le fait d’avoir participé à ces films vous a incité à faire votre propre version de Wong Fei Hung ?

C’est moi qui ai eu l’idée de tourner des films de Wong Fei Hung. Ensuite, j’ai été présenté à des disciples de Wong Fei Hung comme Lam Sai Wing. J’ai invité Kwan Tak Hing à jouer le maître.

Dans Drunken Master, c’est un jeune Wong Fei Hung assez fou (incarné par Jackie Chan) qui contraste le sérieux du personnage incarné à l’origine par Kwan Tak Hing. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous orienter vers la kung fu comedy ?

Je trouvais les films auparavant trop violent, ils avaient trop de sang. J’ai voulu faire des films avec des idées plus gaies.

Qu’est-ce qui vous intéressait dans la kung fu comedy pour créer vos chorégraphies ? Réfléchissiez-vous aux idées comiques pendant la création des chorégraphies ou étaient-elles dans le scénario ?

C’était prévu que je fasse des films plus gais, plus vivants que les anciens films.

A la fin des années 80, vous vous êtes lancé dans un cinéma plus urbain. Qu’est-ce que ça a changé de passer du kung fu traditionnel à des films plus modernes ?

Il fallait suivre la mode.

Comment avez-vous découvert Donnie Yen ?

Je ne le connaissais pas. C’est la mère de Donnie Yen qui m’a poussé à rencontrer son fils. A l’époque, il avait 19 ou 20 ans, il avait appris les arts martiaux à Pékin. Je lui ai demandé de me montrer ses capacités. Il m’a montré et j’ai trouvé ça bien. J’ai décidé alors d’en faire une vedette.

Qu’avez-vous pensé d’Ip Man ?

Le film est bien, plutôt réussi. A mon avis, la réussite du film tient au fait que Donnie Yen a atteint l’âge mûr.

Que préférez-vous faire, du kung fu traditionnels ou des combats câblés ?

Personnellement, j’apprécie les combats sans câbles, mais dans les films historiques je préfère les câbles pour embellir l’action. De temps en temps, sur les films modernes, j’utilise aussi les câbles pour rendre l’action plus forte.

Au début des années 90, vous avez participé aux chorégraphies des Il était une fois en Chine de Tsui Hark. Comment c’était de retrouver une nouvelle fois Wong Fei Hung et de lui donner une nouvelle dimension ?

C’est Tsui Hark qui pensait à la construction des scènes. A la fin du deuxième film, le combat entre Jet Li et Donnie Yen pour changer des combats ordinaire j’ai pensé à l’idée du tissu pour faire un bâton.

Vous avez coréalisé The Buddhist Fist avec Tsui Siu Ming. Quel était votre rôle à chacun sur le film ?

J’étais le producteur du film. Ce n’est qu’à la fin, quand Tsui Siu Ming m’a montré le film que j’ai trouvé qu’il y avait des choses pas satisfaisantes, donc je l’ai aidé pendant vingt jours à coréaliser le film.

Vous avez réalisé et participé à de nombreux films avec vos frères. Comment se passe le tournage en famille ?

Je suis l’ainé de mes frères (rires). Entre frères c’est plus facile de communiquer.

Vous faites beaucoup de films étroitement liés au bouddhisme ou au taoïsme. Quelle rapport entretenez-vous avec ces religions ?

J’ai utilisé ces religions comme ça, au hasard. C’était nécessaire.

Comptez-vous un jour refaire un film avec Donnie Yen ?

Si le scénario est bon, oui.

Propos recueillis par Anel Dragic le 03/07/2012 à Paris dans le cadre du festival Paris Cinéma.
Vidéo : Flavien Bellevue.
Photos : Julien Thialon