La folle journée de samedi terminée, on pourrait penser que le gros des événements est maintenant derrière, mais grossière erreur, de nombreuses manifestations culturelles très intéressantes restent à venir. Les organisateurs de la team Animasia sont sur le qui-vive, et prennent le soin de vérifier chaques détails pour continuer d’assurer le bon déroulement du festival. Les festivités sont encore nombreuses et ce n’est pas le moment pour eux de relâcher la pression. Et cet état d’esprit, influe sur celui d’East Asia puisque nous arrivons dès l’aube à l’événement, soit à 13h30.
Arrivés à la salle Bellegrave, premier constat : le public est plus familial que la veille. De nombreux jeunes parents sont présents afin d’éveiller la curiosité de leurs petits à cette culture asiatique, riche et diversifiée. Les souvenirs de mes 5 ans me reviennent alors en tête, lorsque j’éveillais moi aussi mon cerveau à Ken le Survivant (Hokuto No Ken), gentil petit dessin animé au doublage d’une grande qualité. Le coté nostalgique passé, il est grand temps pour mon wingman et moi-même de faire ce que nous savons faire le mieux, visionner des films.
Un documentaire top, un autre flop !
Nous commençons par le joli documentaire d’Adeline C. Kayee, La Caravane des 10 Mots. Avec le support de l’Alliance Française, la réalisatrice nous plonge au cœur de Hong-Kong, pour nous faire découvrir une ville aux multiples facettes : elle nous entraine dans le quotidien de ses habitants francophones en donnant la parole à tous (petits et grands), à travers diverses formes d’expressions très variées tel que le slam. Traité avec beaucoup de simplicité et de tendresse, le film est également une critique sur la société Hongkongaise, un témoignage sur les interrogations de sa jeunesse, de ceux qui y vivent depuis longtemps mais également sur la vision que portent ses habitants sur la France.
Remis de nos émotions, nous enchainons directement par le documentaire « Le Rêve Mongol» réalisé en 2004 par Alain Moreau. Le film est une immersion dans l’histoire de la Mongolie et de ses grandes conquêtes au 13ème siècle, à l’initiative de Kublai Khan petit fils de Gengis. En rassemblant au sein de son empire plusieurs cultures et ethnies différentes, cet empereur va prendre le meilleur de chaque civilisations pour réussir là, où même Alexandre le Grand a échoué : la conquête de toute l’Asie Mineure (de la Chine à la Turquie), y compris les voie maritimes jusqu’en Égypte.
Très didactique dans son approche, ce film est raté car malheureusement traité de manière trop scolaire, ce qui provoque l’ennui plus qu’autre chose.
Le visionnage terminé, je décide pour me réveiller de me rendre dans la salle principale du complexe Bellegrave. Là, un tournoi de jeux vidéo est organisé autour de Super Street Fighter 4. Près de 20 ans après Street Fighter 2 (sur Super Famicom à l’époque), il est surprenant de constater que cette licence a toujours autant la cote auprès des jeunes joueurs. La tension est palpable et l’atmosphère électrique. Tout ce qu’il faut pour me réveiller. En continuant de me balader, je me retrouve face à face à un duel de femmes sumos auquel je ne peux malheureusement pas assister car priorité à la projetion du Drama Last Friends.
Un Drama dramatique !
L’histoire raconte le destin de cinq écorchés de la vie que cette dernière va mettre sur le même chemin.
Michiru vit avec une mère irresponsable. Sôsuke, son petit ami, représentant des services sociaux a la main lourde. Ruka, brillante coureuse de MotoCross, refoule son homosexualité (dans un pays où le sujet reste encore très tabou). Takeru a subit un traumatisme infantile qui l’empêche d’aimer une femme. Eri, colocataire de Ruka souffre de solitude…
Alors, intéressons nous aux raisons pour lesquelles cette série de 12 épisodes diffusée sur FujiTV en 2008, a terminé premier au Tôkyô Drama Awards dans la catégorie meilleur Drama pour les jeunes.
Gros carton au Japon, cette série s’adresse à un public principalement féminin (ce n’est pas pour rien que ne sont présents que cinq garçons pour une trentaine de filles dans la salle de projection).
Les codes du Drama semblent respectés et la série joue la carte de l’émotion et du romantisme au milieu de tous ces beaux gosses aux visages lisses de poupées. Mais, force est de constater que ça reste tout de même très niais au premier abord, et on se demande bien comment il est possible d’apprécier ce show si l’on n’est pas une jeune fille de moins de 20 ans. Le scénario bien prévisible, et le côté kitch rendu par l’utilisation de gros plans et d’une musique pompeuse gros violons aux moments clés, ne font que conforter cette impression d’être en face d’un nanar pour adulescentes.
Mais pourtant, si l’on se penche un peu dessus, cette série n’est pas dénuée de qualités. D’une part le jeu des acteurs est plutôt convaincant (excepté Michiru), voir excellent avec Ueno Juri qui interprète le personnage de Ruka.
D’autre part, on se prend vite au jeu grâce à certains thèmes musicaux (ce n’est pas pour rien que les producteurs sont allés chercher Utada Hikaru, célèbre compositrice et chanteuse au japon). Mais ce qui sauve la série, c’est surtout le fait que le Drama soit traité avec beaucoup de soin dans son approche sur les nombreux thèmes sensibles qui sont inhérents à la société auxquels est confrontée la jeunesse actuelle : l’homosexualité, la violence conjugale et infantile. ..
La projection terminée, nous retournons dans la salle Bellegrave où a lieu sur scène, une jolie démonstration de Vovinam viet vo dao, redoutable Art Martial Vietnamien dont la technique principale, le ciseau (décliné 21 fois) consiste à attaquer un adversaire en le saisissant ou le percutant avec ses jambes. Au fur et à mesure de la progression du combattant, le ciseau remonte petit à petit de bas en haut, pour finalement choper la tête de l’ennemi à la volée.
Notre périple, se termine sur une sympathique conférence animée par Sophie Donnadieu et Alban Suarez, sur le thème “Héros des Contes & Légendes dans le Manga et la Japanime”. Ils abordent les grands héros de notre enfance ainsi que ceux actuels, et délivrent un message qui tend à réhabiliter l’image du manga auprès des non convertis. Bien qu’intéressant, nous sommes moyennement convaincus, puisque la moyenne d’âge de l’audience doit être aux alentours de 25 ans, soit un public déjà acquis pour la plupart. Il aurait sans doute été plus judicieux de le présenter à un public spécifique, soit des personnes au-delà de 40 ans.
Cette journée s’achevant, il est temps pour nous de revenir sur Paris où de nouvelles aventures nous attendent !
Encore une fois, un grand bravo à Damien Beigbeider et à toute son équipe pour nous avoir offerts, un évènement d’une grande qualité, qui malgré un budget réduit, supporte dignement la comparaison avec celle des grosses machines de la capitale, le tout, dans la bonne humeur et la convivialité !
The end
Olivier Smach
home@eastasia.fr
Le mag
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