FCCF 2018 – Forever Young de Li Fangfang : Fade kaléidoscope

Posté le 14 juillet 2018 par

Forever Young de Li Fangfang est un grand succès chinois récent découvert au Festival du Cinéma Chinois en France (FCCF). Récit ambitieux mais inabouti malheureusement !

L’histoire de quatre générations pendant une centaine d’années d’histoire récente de la Chine, chacune devant affronter ses propres challenges. Chaque partie dévoile les relations entre les personnages au cours des années.

Forever Young est une œuvre à la sortie très tardive si on repense aux raisons qui ont lancé sa production. Le film fut en effet conçu dans le but de fêter les cent ans de l’Université Tsinghua, l’une des plus prestigieuses de Chine et fondée en 1911. Dans cette optique le film disposait d’un budget conséquent ainsi que d’un casting prestigieux pour un tournage s’étant déroulé entre 2011 et 2012. Depuis, plus de nouvelles alors que que Forever Young était initialement destiné à une sortie en 2014. Après moult reports, le film de Li Fangfang refit enfin surface en 2018 pour devenir un des grands succès box-office local annuel.

L’Université de Tsinghua constitue le fil rouge d’un récit divisé en quatre époques dont les protagonistes incarneront les fondateurs, anciens élèves et incarnation de la pensée profonde de l’établissement. Chaque période confronte les personnages à une problématique, un conflit moral et/ou un contexte politique qui les force à être en adéquation avec les vertus philosophiques et morales de l’université. On débute ainsi dans un contexte contemporain où un cadre ambitieux et manipulateur est partagé entre l’égoïsme de sa condition et la compassion qu’une famille pauvre attend de lui. Une autre période confronte l’idéologie de la Révolution Culturelle et l’amitié de trois étudiants dont l’une rebelle incarnée par Zhang Ziyi. On trouvera également un étudiant s’engageant dans l’US Air Force durant la Deuxième Guerre mondiale.

Chacune des trames contient la richesse d’un long entier mais peine à en donner une continuité narrative et thématique pertinente sorti des intentions de départ. Le plus prenant et touchant sera le mélodrame avec Zhang Ziyi (toujours pas rattrapée par les ans puisque jouant une étudiant avec la même prestance juvénile que dans Tigre et Dragon) avec une jeunesse brisée par l’aveuglement idéologique, le romanesque permettant un questionnement – on n’ira pas jusqu’à dire critique – politique. Les longueurs et le manque de liant font perdre l’intérêt pour la partie contemporaine poussive alors que, sur le papier, placer la jeunesse dorée chinoise face aux anciennes valeurs solidaires était une belle idée. De même pour l’épisode guerrier le sujet offre d’immense possibilité à travers l’apprentissage du vol par les novices chinois et l’apprivoisement avec les soldats américain (et les problématiques inhérentes au racisme, aux cultures différentes). Le patriotisme balourd et les effets numériques hideux gâchent à la fois l’émotion et le potentiel spectaculaire.

Le message est si prépondérant qu’il noie tout l’intérêt du film, une seule intrigue tirant réellement son épingle du jeu dans le récit choral. Le générique de fin interminable énumérant tous les diplômés les plus fameux d’hier et d‘aujourd’hui de l’université de Tsinghua ne laisse guère de doute sur des intentions que l’on aurait aimé plus cinématographiques.

Forever Young de Li Fangfang. Chine. 2018. Projeté dans le cadre du Festival du Cinéma Chinois en France

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