Vous souhaitez visionner des films qui ne sont jamais sortis en salles et qui pourtant sont de très bonne facture ? La plateforme Outbuster est la solution ! Tous les jeudi, East Asia vous propose un focus sur un film disponible en VoD sur le site ! Après la perle Being Good de Mipo Ô et le saisissant huis-clos Terror Live, on vous parle aujoud’hui de The Devil’s Path de Shiraishi Kazuya !
Outbuster propose un catalogue des plus intéressant, choisissant visiblement avec soin les films qu’il diffuse. Parmi leur sélection asiatique, The Devil’s Path, de Shiraishi Kazuya, se révèle être un film fascinant, mais sa vision ne laisse pas le spectateur indemne, tant le film est sombre et étouffant.
Pour voir le film, suivez le lien !
Shiraishi Kazuya, co-scénariste et réalisateur du film, nous raconte une histoire assez simple, classique même. Son héros est un petit journaliste qui se noie dans le travail pour éviter d’affronter sa vie personnelle. Dans celle-ci, il y a sa femme, qui n’en peut plus de s’occuper de sa belle-mère sénile, et qui ne veut qu’une chose, qu’elle soit mise dans une maison de retraite pour enfin commencer à vivre. C’est pour cela qu’il n’hésite pas quand sa supérieure l’envoie rencontrer un yakuza condamné à mort. Ce dernier voudrait que son chef ne s’en sorte pas indemne non-plus et, pour ce faire, dévoile des détails sur des meurtres non résolus. Bravant sa hiérarchie, qui se moque de cette histoire, bien moins intéressante que des récits de coucheries entre personnes en vues, le héros, Fuji, va creuser, et déterrer de sombres choses qui ne le laissera pas indemne.
Shiraishi Kazuya brouille les cartes en construisant son récit via de nombreux flashbacks, distillés au fur et à mesure des découvertes de notre journaliste. Et, alors que les exactions de notre condamné à mort se dévoilent dans toute leur horreur, et que la scène d’ouverture prend tout son sens, difficile de ne pas être tétanisé. La caméra ne nous épargne rien, filmant tout, non pas avec complaisance, mais pour en dévoiler toute l’indicible horreur. Le spectateur découvre son voyeurisme mis en exergue, questionné, tout comme celui du journaliste qui, malgré ce qu’il entend, continue, jour après jour, à revenir voir le yakuza, à continuer à déterrer des faits abominables. Il se cache derrière son désir de justice, tout comme le spectateur se cache derrière son amour du cinéma, mais le spectateur comprend aisément qu’il y a d’autres motivations dans la quête (la descente aux enfers) de Fuji, et ne peut s’empêcher de questionner ses propres raisons. La séquence dans laquelle un vieux monsieur est saoulé jusqu’à en mourir est ainsi proprement insoutenable.
Des acteurs excellents rendent les personnages crédibles. Et les protagonistes, se révélant ainsi complexes, créent une ambiance étouffante qui colle à la peau. En effet, si les tortionnaires sont des monstres du fait de leurs crimes proprement horribles, le réalisateur n’en oublie pas de dévoiler d’autres choses, comme leur loyauté, leur manière de protéger la femme et la fille de l’un d’eux, et les voir, par exemple, déguisés pour fêter Noël a de quoi surprendre.
C’est le tour de force du réalisateur et scénariste qui, en rendant humains ses personnages, rend The Devil’s Path encore plus difficile parce que crédible et réaliste. Et ces moments de calme, loin de faire souffler le spectateur, ne font que le plonger plus loin dans l’horreur et la violence, dans ce comportement abominable et criminel, devenu si naturel chez eux, que le spectateur regarde, admire, incapable de détourner les yeux, jusqu’à un final certes prévisible, mais tellement logique.
The Devil’s Path est un film choc, qui se tient d’un bout à l’autre, dénué de toute longueur, et qui hante le spectateur bien après le générique de fin. On ne peut que remercier Outbuster de nous permettre de visionner une telle pépite, aussi éprouvante que passionnante.
Yannik Vanesse.
The Devil’s Path, de Kazuya Shiraishi. Japon. 2013. Disponible sur Outbuster.