VOD – Dreamland, de Robin Entreinger : Amour, poésie et désespoir

Posté le 10 décembre 2016 par

A East Asia, nous avons rarement l’occasion de parler d’auteurs français. Et pourtant, certains réalisateurs, aimant les ambiances asiatiques, ont totalement leur place chez nous. Robin Entreinger est de ceux-ci et. Après avoir participé au très beau Flare (qui attend encore de bénéficier d’une distribution correcte), il revient avec un projet atypique et surprenant, Dreamland, disponible en VOD sur Vimeo et, bientôt, via Amazon. Il ne reste plus qu’à souhaiter que le film pourra voyager en festival, et puisse bénéficier d’une sortie DVD.

Robin Entreinger est un réalisateur qui ne choisit pas la facilité, en optant pour des projets toujours surprenants et déstabilisants et en construisant une filmographie très intéressante mais partant dans différentes directions. Il opte pour des ambiances différentes de film en film, tout en gardant cependant une certaine cohérence. Son premier film, Victimes, avait pu être découvert au Festival du Film Fantastique de Strasbourg et, à travers une lenteur poisseuse, contait la naissance d’un tueur en série avec brio. Sadik 2, ensuite, nous emmenait dans le film à l’intérieur du film, jouant avec les codes du slasher pour livrer un film aussi craspec que, par certains côtés, second degré. Et, après un Eta Carina qui attend toujours une distribution, et avec une parenthèse composée de quelques courts-métrages, ainsi que la participation au projet Flare, le voici qui revient avec Dreamland, tourné au Japon.

dreamland

Flare a d’ailleurs permis au réalisateur de rencontrer Hyunri, charmante actrice entre-autre connue pour la série télévisée Street Fighter, qui donne la réplique à Valentin Bonhomme. Ce dernier, compagnon de toujours de Robin Entreinger, est présent sur tous ses films. Et nous ne pouvons que constater que son visage buriné et triste, sa démarche un peu pesante, se prête assez bien au personnage plutôt dépressif de Thomas, même s’il surjoue encore un peu, et que ses crises d’angoisse sont un peu exagérées.

Dreamland, qui donne son nom au film, est un parc d’attraction abandonné, point d’orgue du voyage de Thomas (Valentin Bonhomme, donc) au Japon. La raison de son voyage est simple : il est photographe (un photographe traumatisé par un événement de son passé) et est venu quelques jours pour un projet tournant autour de lieux abandonnés, en ruines. Il recherche cette ambiance sombre, hors du monde, et une modèle pour participer à son projet. Son ami sur place (incarné par Robin Entreinger) lui propose une jeune femme, modèle professionnelle, et un guide, qui a déjà fait du repérage et trouvé plusieurs lieux (dont le fameux parc). Au modèle choisi, Thomas va cependant préférer une autre jeune femme, rencontrée par hasard au détour d’un parc (et incarnée par la ravissante Hyunri, dont le sourire et l’innocence vont très bien avec son personnage).

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Dreamland est un film assez lent, jouant complètement sur son ambiance. Et en cela, les lieux choisis par le tournage et la réalisation sont parfaits. Robin Entreinger pose son ambiance, et laisse ses personnages évoluer au sein de décors parfois malsains, souvent décalés. Les lieux dévastés sont magnifiquement choisis, et le parc d’attraction offre quelques moments qui font légèrement frissonner, tant l’endroit semble mystérieux. Cet atmosphère, une fois posé (et Dreamland commence à apparaître rapidement, au travers des rêves de Thomas, ce qui provoque l’attente de la véritable découverte de l’endroit), envahit le film, même quand les protagonistes (la plupart du temps le duo composé des personnages principaux) fréquentent des lieux normaux. Surtout que le réalisateur sait jouer avec les codes de l’horreur pour offrir quelques moments aussi sinistres qu’atmosphériques, comme lorsque Thomas semble se faire dévorer par l’obscurité d’une chambre d’hôtel (séquence fascinante) ou quand il explore Dreamland et entend des bruits qui ne semblent pas être là.

Ainsi Robin Entreinger livre un film lent mais jamais ennuyeux, qui, avec une fin à la brutalité d’un couperet s’abattant sauvagement, peut surprendre, voire laisser perplexe. Mais passé la surprise, le spectateur peut réfléchir au voyage qu’il vient de faire et à sa conclusion, Robin Entreinger fournissant quelques clés mais ne dévoilant qu’en filigrane les réponses aux interrogations de ses spectateurs. Dreamland est un film sombre, à la fin étouffante, mais qui mérite amplement le détour. Il ne reste plus qu’à espérer une belle édition DVD (inutile de penser à une sortie salle). Robin Entreinger prouve une nouvelle fois, avec Dreamland, qu’il est un réalisateur très intéressant et que sa filmographie mérite un œil attentif.

Yannik Vanesse.

Dreamland, de Robin Entreinger. 2016. Disponible sur Vimeo et bientôt sur Amazon.

Voir le film ici.

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