HK Vidéo s’étant chargé d’éditer dans nos contrées la trilogie Rurôni Kenshin, voici qu’arrive le troisième et dernier volet de la saga, avant que l’éditeur ne se charge de les réunir dans un beau coffret qui ne pourra que plaire aux cinéphiles. En attendant, que vaut donc la conclusion des aventures de ce héros torturé, surnommé « le tueur » mais refusant de tuer qui que ce soit, allant jusqu’à combattre avec un sabre inversé pour ne plus risquer de commettre de tueries ?
Adapté d’un manga, Kenshin le Vagabond est devenu une trilogie grâce à la caméra d’Ohtomo Keishi et, si le premier volet pouvait se regarder de manière totalement indépendante, les opus deux et trois, filmés la même année (2014) racontent une seule et même histoire, et c’est donc dans une situation plutôt désespérée que les spectateurs avaient laissé leur héros à la fin de Kyoto Inferno.
Les thématiques déployées lors des précédents opus sont les mêmes ici, développées jusqu’à leur conclusion logique. Tout tourne autour du changement d’époque, la fin du shogunat et l’inutilité des samouraïs, confrontés à un gouvernement tourné vers l’avenir mais cherchant à dissimuler sous le tapis les horreurs que ses membres ont dû commettre pour parvenir à cet état de fait. Ainsi, le méchant du film Shishio, magnifiquement outrancier mais en même temps attachant, a été involontairement créé par le gouvernement qui l’a abandonné quand il n’avait plus besoin de lui, et a décidé de se venger. Face à lui, Kenshin est lui aussi un produit des dirigeants, ayant joué un rôle décisif dans la fin du shogunat. Mais il a disparu, refusant de continuer à tuer, et a décidé de mener une vie simple, jusqu’à ce que les personnes qui l’ont abandonné viennent le chercher, face à la menace que représente Shishio. Ce sont ainsi deux faces d’une même pièce qui s’affrontent, et d’ailleurs, rapidement, Shishio (incarné par Fujiwara Tatsuya) cherche à transformer Kenshin (Satô Takeru) pour qu’il se remette à tuer, essayant de le convaincre que c’est seulement ainsi qu’il pourra le vaincre.
Autour des deux protagonistes gravitent leurs suivants respectifs. Kenshin a réuni des personnes qui respectent ses compétences ou sa mentalité, tandis que Shishio voit se rallier à lui plusieurs autres protagonistes détruits par le gouvernement. La force d’Ohtomo Keishi est de parvenir à construire tout aussi bien un manga live, avec des personnages aux fonctions facilement identifiables, aux armes et aux techniques particulières et délicieusement outrancières, tout en parvenant à développer un scénario fort, s’attachant à la fin d’une époque tout en se voulant optimiste sur l’avenir, mais en montrant aussi comme il est facile de construire une utopie dans le sang et la douleur. Et c’est finalement en restant fidèle à soi-même que Kenshin peut vaincre les difficultés et parvenir à offrir la paix que recherche Shishio sans même le savoir.
Kenshin la fin de la légende est passionnant dans son scénario et ses thématiques, magnifiquement développés sur la base des deux films précédents. Il se révèle cependant un peu inégal dans son rythme (contrairement aux deux autres) et, avec des dialogues parfois un peu longs (d’autant que le spectateur a facilement compris les enjeux), il crée par moments quelque peu l’ennui. Cependant, en dévoilant des scènes d’actions, tantôt désespérées, tantôt poétiques, et un final particulièrement dantesque, où tous les personnages et toutes les thématiques se rejoignent (trahison du gouvernement, lutte désespérée pour défaire un ennemi qui, finalement, représente la part sombre de notre héros), la saga Kenshin se conclue de fort belle manière.
Kenshin la fin de la légende est certes un peu en deçà des deux précédents volets, mais se révèle finalement logique, et on ne peut que laisser s’en aller un peu tristement ce héros, qui aura peut-être enfin la paix à laquelle il aspire.
Yannik Vanesse.
Kenshin la fin de la légende, d’Ohtomo Keishi, disponible en DVD et Blu-ray depuis le 12 octobre 2016.
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