Après John Carpenter, c’est au tour de Kurosawa Kiyoshi de faire l’objet d’une rétrospective en deux faces à Belfort, du 22 au 30 novembre.
Depuis deux ans, les EntreVues de Belfort ont initié un exercice tout particulier de mise en perspective des influences d’un grand cinéaste, répondant au nom de « Double Feature ». Quésaco ? Rien moins qu’une rétrospective des films du maître mis à l’honneur à la lumière d’autres l’ayant plus ou moins directement inspiré. Chaque film de la rétro se voit associé à l’œuvre admirée, le temps d’une double séance pour le prix d’une. Ainsi sera-t-il cette année, après John Carpenter en 2013, donné l’occasion de découvrir ou redécouvrir les films de Kurosawa Kiyoshi, rattachés à des classiques ou raretés souvent inattendus.
Si par exemple l’association de Jellyfish (2003), certes pas son film le plus fameux, et Nenette et Boni de Claire Denis (1995), peut s’avérer pertinente par le thème commun de la jeunesse et ses divagations, on confessera n’avoir pas envisagé à première vue de corrélation entre la mythomanie du père, dans le formidable Tokyo Sonata (2009) et la dualité de celui du non moins puissant History of Violence de Cronenberg (2005). De même, le constat que Cure (1997), film de serial killer, est au moins aussi flippant que L’Étrangleur de Boston de Richard Fleischer (1968) n’interdit pas de réfléchir plus longuement au voisinage direct de Rétribution (2007) et Monsieur Klein de Joseph Losey (1975).
Parmi ces croisements, il sera particulièrement intéressant de revoir le presque démodé Silence des Agneaux de Jonathan Demme (1990) tout contre la stupéfiante série Shokuzai, finalement sortie dans nos salles en 2013. Intéressant car sans doute l’enjeu de ce type de programmation est moins de relever les ressemblances et divergences entre les films de Kurosawa et ceux de ses idoles que d’imaginer, dans l’enchaînement même des films, l’émotion du cinéaste lors de leur découverte. Émotion ayant peu ou prou contribué, on l’imagine, à son désir de faire à son tour du cinéma. C’est moins le possible maniérisme qui intrigue que la découverte d’une proximité sourde entre deux esthétiques pourtant très distinctes (Kurosawa et Demme, quoi !).
Outre les films connus, Seventh code (2013), dernier en date du cinéaste encore inédit en France, fera l’objet d’une avant-première. Occasion de conforter ou non l’impression, pour les spectateurs chez qui ses films récents (Shokuzai donc, mais plus encore le très déroutant Real, sorti en mars dernier) ont ravivé une certaine curiosité, d’une interrogation par ce cinéma de sa mécanique parfois un peu trop froide et systématique.
Sidy Sakho.