Bilan Festival Asian Connection 2012

Posté le 17 novembre 2012 par

La troisième édition du Festival Asian Connection qui s’est déroulée pour la première fois exclusivement en ligne du 8 au 14 octobre proposait sept films asiatiques inédits en France. Une sélection éclectique aux thématiques variées et singulières privilégiant les nouveaux réalisateurs, du Japon à l’Irak en passant par la Corée du Sud, l’Inde et l’Iran : un bon moyen de déceler les nouveaux talents. East Asia ne pouvait décemment pas passer à côté de cet événement dont on vous livre le compte-rendu globalement satisfaisant ! Par Marc L’Helgoualc’h

Précisons tout d’abord que, par souci technique, nous n’avons pu visionner que six des sept films en compétition. Nous ne pourrons donc pas nous prononcer sur Shout of Summer, le seizième long métrage du vétéran nippon Toda Hiroshi, habitué de l’ancien festival de Lyon avec 7 métrages en 8 éditions (certains sont visionnables gratuitement sur le portail vidéo du site). Les plus curieux pourront en savoir plus sur ce réalisateur atypique en lisant cet entretien chez la concurrence datant de 2006.

Un film s’est démarqué et a fait l’unanimité : Romance Joe, le premier long métrage du Coréen Lee Kwang-kuk (notre critique ici). Une mise en scène habile qui mêle la réalité à la fiction pour livrer une réflexion sur l’acte créateur cinématographique lui-même. Le lapin blanc de la dernière scène évoque habilement le mystérieux léporidé des Aventures d’Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll, symbole de l’initiation et de l’absurde.

Le film met en scène toute une palette de personnages, de la fille de joie au gamin téméraire, finalement plus mature que le personnage horripilant de l’artiste bourgeois, nombril du monde et éternel adolescent, qui hésite entre se suicider et faire souffrir les autres… Un douloureux héritage de la Nouvelle Vague française qu’on rencontre d’ailleurs dans la plupart des films de Hong Sang-soo dont Lee Kwang-kuk fut l’assistant. Ceux qui ont raté ce film pourront se rattraper lors du Festival du Film Coréen à Paris, puisqu’il sera projeté le 1er novembre (les détails ici).

Un autre film coréen était au programme : Barbie de Lee Sang-woo, ancien assistant de Kim Ki-duk. Un film en apparence lumineux (ne serait-ce que dans son titre) mais finalement très sombre. Dans ses films précédents, aux titres explicites (Mother is a Whore et Father is a Dog), le réalisateur abordait déjà des thèmes très durs : viol, inceste, prostitution, meurtre et désordre mental. Dans Barbie, Lee Sang-woo s’attache à l’adoption par un père américain d’une des deux sœurs d’une famille coréenne décomposée qui n’est au final qu’un prétexte pour des fins emplies d’une noirceur qui met rapidement mal à l’aise. Une mise en scène quelque peu pathétique qui met en exergue la différence entre la détermination narcissique (tant pour le père américain que pour l’autoproclamée Barbie coréenne) et la fidèle insouciance interprétée avec grand brio par Kim Sae-ron, étoile montante du cinéma coréen.

Le Festival Asian Connection a surtout été l’occasion de découvrir des films difficiles à voir ailleurs comme Birds of Prey de l’Indien Rakesh Mehta, It’s a Dream de l’Iranien Mahmood Ghaffari (leurs premiers films) et Kick Off de l’Irakien Shawkat Amin Korki (son deuxième film). Si It’s a Dream parle d’une certaine jeunesse iranienne confrontée à la pauvreté, les arnaques financières et l’avortement clandestin, Birds of Prey et Kick Off traitent tous deux du terrorisme. Dans le premier, un jeune musulman de Mumbai tente d’échapper à la pauvreté en s’acoquinant avec un poseur de bombes. Une sorte de Désintégration à l’indienne qui montre comment la misère et un certain fatalisme mènent les plus démunis à l’action terroriste. Un film court (1h05) mais dont l’issue est bien trop prévisible.

Dans Kick Off, film sur la minorité kurde d’Irak, les habitants d’un stade de foot délabré décident de s’égayer en organisant un tournoi de foot entre les minorités kurdes, arabes et turques. À l’extérieur du stade, les bombes continuent d’exploser. Réalisé avec peu de moyen, Kick Off n’est pas sans rappeler le néo-réalisme italien : il suffit d’un stade de foot délabré et de quelques acteurs pour faire un film. Un effort à saluer (critique complète du film ici)

Enfin, soulignons l’audace de No Entry for Men de Rambod Javan, une comédie iranienne à la Claude Zidi ! Ou quand l’arrivée d’un professeur de chimie masculin dans un lycée de jeunes filles dirigé par une féministe acharnée vire à la farce. Comme dans les comédies de Zidi, on assiste à un enchaînement de gags lourdingues et de mièvreries aussi sucrées qu’un gâteau persan. Quelque peu indigeste sur la longueur mais distrayant. Un teen movie à l’iranienne qui offre une vision nouvelle sur ce pays trop souvent dénigré par idéologie politique. Le réalisateur Rambod Javan est connu en Iran pour être à la fois acteur et réalisateur pour la télévision.

Top 3 East Asia :

1) Romance Joe de Lee Kwang-kuk

2) Kick Off de Shawkat Amin Korki

3) Barbie de Lee Sang-woo

Marc L’Helgoualc’h

Verdict : cette édition du Festival Asia Connection fut un bon cru, très éclectique, permettant de voir des premiers films prometteurs, surtout celui de Lee Kwang-kuk, Romance Joe.

 

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