A Simple Life d’Ann Hui (Paris Cinéma)

Posté le 16 juillet 2012 par

À Paris Cinéma, Ann Hui, auteur emblématique de la Nouvelle Vague hongkongaise, a été récompensée par le public et par le jury des étudiants pour son dernier film, A Simple Life. Par Alexandra Bobolina.

Le film s’inspire de la vraie histoire du producteur de cinéma Roger Lee et de sa domestique Ah Tao qui a servi sa famille sur quatre générations.

Après le départ de Hong Kong de tous les autres membres de la famille, Ah Tao (Deanie Ip) s’est dédiée à Roger (Andy Lau). Une crise cardiaque poussera la servante à quitter la vie quotidienne de son maître pour intégrer une maison de retraite et éviter d’être un poids pour lui. Les premières séquences introduisent Ah Tao comme une servante dévouée aux occupations quotidiennes autour de son maître. Chaque acte, marqué par la maîtrise et la précision, se révèle destiné à faire plaisir à Roger, à commencer par le choix minutieux de l’ail du marché destiné à son repas.

L’attention minime que Roger témoigne à Ah Tao dans ces premières scènes annonce une relation formelle et froide. Mais plus la santé de la vieille femme s’aggrave, plus l’importance de son rôle dans la famille se distingue par le respect et l’affection mutuelle. Une multitude de vies et de rapports humains s’exposent lors des nouvelles rencontres. C’est alors que la relation entre les deux personnages se dévoile dans son essence d’affection et de respect mutuel et porte le regard vers des valeurs mises à l’écart de la vie et du cinéma aujourd’hui.

Ann Hui fait un portrait de la vieillesse comblée de dignité à travers le personnage de Deanie Ip et c’est ainsi que le film échappe au sentimentalisme et offre une vision lucide au-delà des banalités et des stéréotypes. L’ironie et l’humeur ajoutent un goût aigre-doux aux rapports entre les habitants de la maison de retraite. Ce sont aussi les sensations qui se propagent dans le monde professionnel cinématographique dont Roger est un membre désenchanté.

 

Aux Taiwan Golden Horse Awards

L’axe central du film, le lien entre Roger et Ah Tao, puise sa richesse d’expression au-delà de la scène du tournage. Il s’affirme par leur relation dans la vraie vie où les deux stars du cinéma hongkongais sont marraine et filleul. À travers ces vies parallèles, celle de la réalité et celle de la mise en scène, leur rapport devant la caméra perd ses contours concrètes pour ne laisser que l’essentiel de l’intimité humaine. Andy Lau dans sa veste qui le fait confondre pour un réparateur d’ascenseurs, aux côtés d’une Deanie Ip en tant que vieille dame à la traversée de ses soixante-dix ans, apparaissent comme le portrait d’un cinéma démasqué pour rendre hommage à ce qui en reste derrière : l’homme.

 

Présenté lors du Festival Paris Cinéma 2012

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