AngLee d’attaque : Ang Lee, le cinéaste qui fait genre !

Posté le 23 septembre 2011 par

Dans son Enquête sur Detective Dee, Victor Lopez n’avait pas été tendre avec Ang Lee, qu’il désignait d’un lapidaire « tâcheron auteuriste incapable de dynamiser les genres dans lesquels il travaille ». Quelques explications supplémentaires sur le rapport du cinéaste au films de genre viennent éclaircir ce point de vu radical ! 

Introduction

Deux Ours d’or à Berlin (pour Garçon d’honneur en 1993 et Raison et sentiment en 1995), deux Lions d’or à Venise dont il présidait logiquement la compétition en 2009 (pour Brokeback mountain en 2006 et Lust, Caution en 2007), un énorme succès international (Tigre et dragon) et la réalisation d’un Blockbuster super-héroïque (Hulk) ont fait d’Ang Lee un cinéaste omniprésent, capable du grand écart entre l’Asie et Hollywood, films de festival et succès grand public. A y regarder de plus près, ses films laissent pourtant un sentiment de vide et de platitude, surtout lorsque le cinéaste touche à tout s’attaque à des genres précis (le western, le wu xia pian ou le film de super-héros) qui ne semblent pas vraiment l’intéresser. Petite mise au point sur une filmographie fade mais consensuelle, afin d’en expliquer les défauts et les raisons de son succès.

Des débuts problématiques

Les premiers films d’Ang Lee annoncent le meilleur pour la suite. Le cinéaste fait preuve dans sa trilogie Father knows best d’une réelle sensibilité dans l’analyse des sentiments, qui, alliée à une sincère implication thématique, font oublier les défauts d’une mise en scène sans relief, qui passe encore comme une forme de discrétion. Il brosse avec l’aide du formidable acteur Lung Sihung et de son fidèle scénariste James Schamus le portrait de familles Taïwanaises confrontées aux différences culturelles entre la Chine et les Etats-Unis (Pushing Hands), à l’homosexualité (Garçon d’honneur) ou au vieillissement du père sous le regard de ses trois filles (Salé Sucré). Ces thématiques familiales se transposent avec succès dans l’Amérique des banlieues dépressives de The Ice Storm. Et si quelques défauts du cinéaste sont déjà visibles dans Raison et sentiment, qui échoue à insuffler un véritable rythme aux thématiques personnelles d’Ang Lee (la confrontation entre les conventions sociales ou familiales et le désir de liberté, d’émancipation de bonheur personnel), noyées sous un décorum factice, c’est surtout à partir du moment où Ang Lee décide de révolutionner les grands genres américains et chinois que son système va révéler ses véritables failles.

Chevauchée avec le diable : le western à l’Ouest

Si c’est d’abord Brokeback Mountain, présenté comme le premier « western gay » qui vient à l’esprit lorsque l’on pense aux cowboys d’Ang Lee, sa Chevauchée avec le diable de 1999 annonce déjà l’intérêt du cinéaste pour le genre. Mais c’est justement de cet intérêt dont on peut douter en voyant les deux films. On peut considérer Brokeback Montain un peu à part sur la question du genre, tant sa partie western est infime et s’efface face à la volonté d’Ang Lee de montrer les sentiments de virils cowboys amoureux – ce qu’il filme d’ailleurs de la même façon que les paysages de cartes postales qui les entourent. Le film de 1999 est déjà plus problématique, tant on y sent la prétention de l’inscrire dans le genre, tout en le dépassant, sans arriver ni à l’un ni à l’autre. Chevauchée avec le diable commence en pleine guerre de sécession, et tout l’imaginaire lié à cette période, des duels au pistolet aux paysages désolés, sont convoqués. Pourtant, les scènes de poursuite, d’action ou de batailles sont si rares qu’elles donnent l’impression d’être traitées comme des éléments secondaires et superflus. Non, ce qui intéresse Ang Lee, c’est d’insérer un parcours en quête de liberté individuelle dans la grande histoire américaine. On a ainsi le droit à une réflexion sur l’identité culturelle (le héros incarné par Tobey Maguire est d’origine allemande, et devient américain en prenant part à une guerre qui ne le regarde a priori pas), sur la tolérance (le sudiste devient ami avec un « nègre » qu’il découvre finalement comme humain) et sur l’amour (comme à son habitude, Ang Lee casse l’action de son film pour y insérer des interludes sentimentaux) qui viennent alourdir le film au lieu de l’approfondir. Et là se trouve le problème du cinéma d’Ang Lee : persuadé d’apporter quelque chose au genre qu’il ne parvient pas à maitriser, il ne livre ni un western, ni un film d’auteur, mais un mélange bâtard et un peu hypocrite des deux.

Tigre et dragon : le wu xia pian au ralenti

Le Wu Xia Pian est un genre majeur du cinéma chinois, mélange de film d’aventure, de sabre, de chevalerie et de Kung-fu. Comme le souligne le pourtant très contemplatif Tsai Ming Liang : « Tous les réalisateurs d’origine chinoise rêvent de faire un Wu Xia Pian. C’est quelque chose qui est tellement ancré dans notre culture, du roman au cinéma en passant par la poésie, lié à notre environnement, qu’évidemment il m’arrive de penser à aborder le genre ». C’est certainement la même réflexion qu’à du avoir Ang Lee lorsqu’il s’est greffé à la production de Tigre et dragon à une période où le genre était tombé en désuétude après la rétrocession de Hongkong à la Chine en 1997 et où ses cinéastes tenait leur chance aux États-Unis. Or, si l’aventure Hollywoodienne fut un échec pour la plupart des exilés de Hongkong, les producteurs américains savent s’y prendre pour vampiriser et s’approprier une culture étrangère. Alors qu’on voit fleurir dans tous types de production des combats aériens chorégraphiés par les maîtres du genre, à l’image de ceux de Matrix, composés par Yuen Woo Ping, la Colombia donne le feu vert à une co-production américano-chinoise en costume et en Mandarin, dans la plus pure tradition du Wu Xian Pian et laisse carte blanche à Ang Lee, qui a le mérite de parler la langue et la réputation de pouvoir s’attaquer à tous les genres, aux commandes de ce Blockbuster.

Et force est de constater que le cinéaste rempli le cahier des charges : les scènes d’acrobaties martiales câblées sont nombreuses, on retrouve avec plaisir des acteurs qui ont marqué le genre dont Chen Pei Pei, l’ancienne Hirondelle d’or, dans le rôle de la perfide Jade La Hyenne, et la structure scénaristique, avec son flash back coupant de manière improbable le film au milieu, rend hommage aux audaces du cinéma HongKongais. Tigre et Dragon rappelle aussi que le genre fut avant tout féminin, et laisse la part belle aux personnages de femmes fortes et indépendantes.


Malheureusement, ces qualités camouflent mal l’immobilisme de la mise en scène (qui laisse à penser que la réalisation des scènes d’action a plutôt été confiée à Yuen Woo Ping), comme le manque de conviction d’Ang Lee face à son sujet : minimisant l’ancrage dans les légendes et l’Histoire chinoise, Lee adopte un traitement mélodramatique, et interroge le rapport entre le respect des traditions et les désirs profonds des êtres. Mais cette problématique, qui parcourt toute l’œuvre du cinéaste, est ici contrebalancée par une imagerie poétique aussi molle que puérile. Cette disnéysation du genre se traduit aussi par une volonté de créer de la beauté en faisant de chaque scène un tableau, figeant artificiellement personnages et décors dans des poses statiques. Aux combats secs, souvent violents et barbares du Wu Xia Pian, le cinéaste préfère une légèreté cotonneuse, dénuée de toute fureur, et propre à plaire au public occidental. Le formatage pour un public américain associé à une énorme campagne publicitaire fait de ce film un triomphe, qui a le mérite d’ouvrir la voie à une nouvelle vague de Wu Xia Pian, mais renforce la conviction qu’Ang Lee est avant tout un cinéaste consensuel, et en tout cas plus un touche à tout malin se faisant passer pour un auteur que le génie révolutionnant les genres par son approche personnelle.

Hulk : les spectateurs verts de rage

Le succès mondial de Tigre et dragon ouvre définitivement les portes d’Hollywood à Ang Lee, qui accepte alors d’adapter le comic Marvel Hulk. Si la digression sur la thématique de la famille dans les Quatre Fantastiques de The Ice Storm était plutôt bien vue et apportait un peu de légèreté au film, l’intellectualisation extrême du personnage de Bruce Banner va ici au contraire plomber le film aussi bien scénaristiquement que visuellement. Sur-interprétant les thématiques psychologiques du pauvre Banner qui n’en demandait pas tant, The Hulk voit tous les problèmes du personnage prendre racine dans un conflit œdipien poursuivant le personnage depuis son enfance. Et lorsque la résolution passe par un combat contre des toutous mutants et une confrontation finale avec la figure paternelle transformée en centrale électrique géante, on se demande vraiment ce qu’Ang Lee et James Schamus ont fumé en imaginant le film. L’impression de ridicule est accentuée par les effets visuels, qui tentent de retranscrire cinématographiquement les cases d’un comic, mais accumulent plutôt les effets étranges qui transforment certaines scènes en véritables trip sous LSD (avec l’apparition de méduses vertes et de grenouilles qui explosent !). Si l’on ajoute à cela un rythme d’une lenteur soporifique traversé par des tunnels explicatifs, on comprend pourquoi Ang Lee connait avec ce film son premier – et seul – véritable échec (le film est boudé par la critique et ne récolte que 243 millions de dollars pour un coût de 172). Pour une fois, la formule Ang Lee ne fonctionne pas, et l’excellence du jeu des acteurs – le cinéaste a toujours un casting parfait – ne cache pas les faiblesses du film. Mais le cinéaste retombe vite sur ses pattes en se réfugiant dans le cinéma indépendant avec Brokeback mountain et en retournant en Chine pour Lust, Caution. De quoi regagner la confiance de majors et se voir proposer de nouvelles commandes, comme Hôtel Woodstock, qui souffre de nouveau des tics du réalisateur en plantant encore une fois les névroses familiales habituelles du cinéaste dans un Woodstock factice et peu convainquant.

Un dernier mot sur Kubrick.

Le souci que pose Ang Lee aux amateurs des genres auxquels il s’attaque est donc avant tout sa prétention à vouloir les révolutionner, sans vraiment chercher à en comprendre l’essence. Si le modèle du cinéaste est sur ce plan Stanley Kubrick, celui-ci avait le génie de ses ambitions, et pouvaient mettre tout le monde d’accord. 2001 ou The Shining fascinent autant les fans monomaniaques de films de S.-F. et d’horreur que le cinéphile intellectuel ou le spectateur n’ayant jamais vu un film de genre de sa vie. A l’inverse, Tigre et dragon peut charmer le néophyte, mais ne peut qu’énerver quiconque connait un peu le wu xia pian. On tremble alors en pensant à ce qu’Ang Lee aurait pu faire du Aryan Papers de Stanley Kubrick si son nom avait été confirmé à la réalisation du vieux projet du maître, récemment réactivé.

Victor Lopez.

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10 commentaires pour “AngLee d’attaque : Ang Lee, le cinéaste qui fait genre !”

  1. «  » » »Aux combats secs, souvent violents et barbares du Wu Xia Pian, le cinéaste préfère une légèreté cotonneuse, dénuée de toute fureur, et propre à plaire au public occidental » » » ».

    vous croyez vraiment que la colombia allait laisser  » tigre et Dragon » devenir un wu xia à la Tsui hark qui part de partout dans le scénario et j’en passe ?
    justement, c ‘était ça l’objectif de la colombia, adapter le wu xia pour un public occidental et le drainer dans les salles pour voir ce genre de film…

    On peut dire que cela a marché car après on a eu les poignards volants etc etc.

    ou serait le wu xia sans tigre et dragon ? car justement vous préciser que le genre était en complète désuétude…

    et puis,je n’ai jamais lu aucun interview d’ang lee prétendant  » révolutionner  » les genres..ok, il s ‘approprie des genres en y glissant ses thématiques, mais de là comprendre qu’il cherche à révolutionner, c’est assez bancal comme raisonnement

  2. » » » »Pourtant, les scènes de poursuite, d’action ou de batailles sont si rares qu’elles donnent l’impression d’être traitées comme des éléments secondaires et superflus. Non, ce qui intéresse Ang Lee, c’est d’insérer un parcours en quête de liberté individuelle dans la grande histoire américaine. » » » » »

    ce n’est pas parce qu’un film traite d’un conflit qu’il se doit d’avoir son lot de batailles et autres…ici Lee s’est focalisé sur son thème , non pas sur une fresque à la » nord et sud »…et justement je me souviens pas que le film ait été vendu comme une grosse production sur la guerre de sécession avec batailles et tout le tralala.comme l’avait été « » »retour à cold mountain » » »…

    bref angle d’attaque assez faible…

  3. Vous y allez un peu fort de café sur Tigre & Dragon.
    Le wu xia pan était en désuétude non pas parce qu’il y avait rétrocession mais parce que Tsui Hark et ses « copieurs » avaient trop tiré sur la corde du film wu xia et arts martiaux, une surexploitation conjuguée à une qualité moyenne voire médiocre à plomber la production de ces genres.

    Quand Tigre & Dragon est sorti, tout le monde s’est émerveillé et s’est félicité du film, lui tomber dessus 11 ans plus tard en prétextant un développement plus romanesque calibré aux marchés occidentaux n’est pas solide, cela faisait partie du deal, et à vrai dire tout wu xia depuis joue sur une fibre spécifique (amour, patriotisme,etc..).

    C’est tout de même grâce l’effet boule de neige de ce film, que des années après, le même Tsui Hark (qui nous a quand même pondu de belles merdes ces dernières années avant Detective Dee… mais ça on ne le voit pas souvent écrit) a pu se lancer dans Seven Swords.

  4. Hello Maitre Shifu et Bonzai-family,
    en fait, je n’ai pas l’impression de dire autre chose que vous sur Tigre et dragon, sauf que j’en tire une conclusion assez opposée.

    je suis assez d’accord sur l’importance d’un film qui a permis la renaissance d’un genre, mais cela d’un côté n’en fait pas nécessairement un bon film (d’un point de vu cinématographique, Zhang Yimou s’en sort infiniment mieux que Ang Lee), ni que sa contribution au genre ai été positive. Franchement, combien de chefs d’œuvre Wu Xia depuis la « renaissance » du genre en 2000 ? Perso, la décennie me semble quand même bien faible par rapport aux précédentes et les grosses productions mainland qui explosent les budgets et les box-offices sont 9 fois sur 10 des grosses purges… Pas sûr dans ce cas que Tigre et dragon ai été une bonne affaire pour nous en temps que spéctateurs… Et si un titre comme Seven Swords a pu voir le jour par effet de boule de neige, j’ai l’impression que c’est plus CONTRE le film d’Ang Lee qu’autre chose, tant le film de Tsui Hark est son exact opposé : crudité et violence de l’univers, ancrage dans un contexte chinois, combats secs et terrestre, absence de sentimentalité, etc.

    Pour son rapport aux genres, s’il ne prétend pas les « révolutioner », on sent quand même à chaque fois qu’il s’y colle avec une forme de réluctance à faire « seulement » un film de genre. Dans les trois exemples de l’article, il veut comme faire plus qu’un western, plus qu’un wu xia ou qu’un film de super-héros. Or, pour pouvoir tordre les codes d’un genre, il faut déjà les maitriser parfaitement ! Un peu comme si un peintre voulait directement passer à l’abstraction sans connaitre les règles fondamentales de la perspective, par exemple. Ce qui selon moi est surtout symptomatique d’un mépris de ces même
    codes et donc de ses spectateurs qui vont voir ses films pour ce qu’ils sont. Quand je vais voir Hulk, je veux voir un film de super-héros, pas un film d’un cinéaste qui passe son temps à dire qu’il ne veut pas faire de film de super-héros pour exposer la psyché de son personnage (ce qu’il pourrait aussi faire par ailleurs si respectait ou détournait de manière respectueuse la commande) …

    C’est cela surtout qui m’énerve dans ce cinéma : l’impression d’être pris pour un imbécile… Et après, je trouve tout cela filmé sans aucun talent, avec une morne académique qui ne donne jamais aucun relief à ses ambitions ! Et surtout il est très très surestimé ! Certes, Ang Lee n’a jamais lui-même dit qu’il voulait révolutionner les genres, mais combien de fois a-t-on lu que Tigre et dragon révolutionnait le Wu Xia ?

  5. Ton article, Victor, soulève avant tout la question de la perception d’une œuvre: isolée ou dans l’ensemble d’une carrière. Un « Hulk » peut s’avérer décevant, pour les fans avant tout et par rapport à ta propre attente (pas sûr, que je préfère la version de Leterrier pour autant). Pourtant, dans l’œuvre de Lee, c’est un film tout à fait logique, voire génial dans sa réappropriation. Ang Lee est un auteur à la carrière extrêmement construite, qui ressasse toujours les mêmes thèmes dans tous els genres, qu’il aborde. D’abord ACTEUR avant de devenir réalisateur, il explore les tréfonds de l’âme humaine par rapport à sa propre expérience. « Ang Lee pictures are pictures of Ang Lee ». Tous ces films se passent lors d’un point de rupture – la plupart temporel. On quitte (parfois malgré soi) « l’ancien » pour quelque chose de « nouveau », une page se tourne. Les jeunes ne savent pas, s’ils se sont libérés ou s’ils ont été rejetés, les anciens ne savent pas, s’ils sont craints ou oubliés. Ce qui a été reste et le nouveau / l’avenir reste encore incertain. Bref, Lee revient sans cesse sur son départ de Taïwan pour les Etats-Unis. En même temps, ce sont des mondes « fantasmée », comme les époques typiquement américaines « revisitées et réinventées » par « l’étranger Lee » ou même son « Tigre & Dragon », que Lee lui-même décrit comme « une Chine, tel que je l’avais fantasmée dans mon enfance ».
    Et c’est aussi pour cela, que dans sa propre démarche de se trouver lui-même, que Lee n’aborde que des personnages, qui se cherchent eux-mêmes et sont à un moment ou un autre obligés de se « surpasser » pour exister. Abandonner l’ancien pour devenir « nouveau ». Se transformer en Hulk pour se découvrir soi-même; découvrir l’Art et la Culture dans « Raisons et sentiments » pour pouvoir s’affirmer dans la société…
    Désolé, mais pour moi, Lee est un très grand monsieur du cinéma actuel; faut juste se prendre le temps d’imbriquer les pièces parfois un peu difformes pour donner la vraie image d’une ouvre parfaitement construite.

  6.  » d’un point de vu cinématographique, Zhang Yimou s’en sort infiniment mieux que Ang Lee) »

    J’espère que ce n’est pas sérieux ! Le secret des poignards volants et La cité Interdite n’arrivent même pas à la cheville de Tigre & Dragon.
    Hero était quant à lui réussi mais avec une pléthore de stars et une inspiration prise notamment de Tigre & Dragon. Pour un cinéaste comme Zhang Yimou, on en attend un peu plus que ça.

    Concernant Seven Swords, je crois que cela est un film partiellement réussi. Tsui Hark a surfé volontairement sur la vague film à gros budget + wu xia en Chine, car c’était le moment et surtout c’était certainement le seul cas de production possible pour celui qui a pondu juste avant deux redites de ces précédents longs métrages (Balck Mask 2 et Legend of Zu) sans grand succès.

    De toute manière je pense qu’on pardonne trop facilement les erreurs de Tsui Hark alors qu’on cherche des poux à Ang Lee 🙂

  7. Des erreurs chez Tsui Hark ? à part relancer la carriere de Woo, je ne vois pas…….

    « Franchement, combien de chefs d’œuvre Wu Xia depuis la « renaissance » du genre en 2000 ? Perso, la décennie me semble quand même bien faible par rapport aux précédentes et les grosses productions mainland qui explosent les budgets et les box-offices sont 9 fois sur 10 des grosses purges »
    >> Autant ma mauvaise foi serait prete à te suivre dans ton argumentaire contre Ang Lee (alors que tres franchement Ang Lee je m’en contrefous totalement de savoir si il est bon ou mauvais cinéaste), autant là c’est de l’argument de comptoir. On peut l’appliquer à n’importe quel genre sans faire autre chose que tourner en rond. Une decennie ne fait pas l’autre et il y a un age d’or pour tout. Vouloir un renouveau du WXP c’est etre utopiste (tout comme vouloir un retour de l’heroic bloodshed, du roman porno décadent des la mi 80’s, ou du buddy movie).

    Sinon je n’ai aucun avis sur T&D. J’avais bien aimé. Ca ne revolutionne rien, c’est filmé sans emphase et ça tire en longueur pour pas grand chose (en plus y’a Zhang ZiYi, ce qui reste une enorme erreur de casting). C’est beau, ca titille les envies d’exotisme du spectateur, mais c’est bien tout. Clairement je prefere le traitement apporté par Zhang Yimou sur ses 2 prods pro PCC qui avaient au moins une vraie sensibilité artistique et une réalisation qui portait son sujet. Limite je prefere meme Wu Ji de Chen Kaige qui appliquait une vraie vision (je suis un défenseur des causes perdues, j’aime assez Wu Ji)

  8. A Bonzaï Family : ce n’est pas vraiment qu’on pardonne plus facilement ses erreurs à Tsui Hark, c’est juste que ses nombreux chefs d’œuvre cachent à très juste titre ses ratages, et que vu qu’il est prolifique, on passe plus aisément sur un film moins bon, sachant que le suivant arrive quelques mois plus tard (en même temps, je ne connais pas grand monde prêt à défendre Missing, par exemple). Ang Lee, il n’a rien fait depuis le très peu mémorable Hôtel Woodstock qui commence à dater et je ne voit aucun de ses films que l’on peut considérer comme réellement important…

    Sinon, ouep, j’ai beau ne pas beaucoup aimer les Wu Xia de Zhang après Hero, je les trouve plus réussit d’un point de vu de la mise en scène. D’ailleurs, pour rebondir sur ce que tu dis, Bastian, il est éloquent que tu évoque Ang Lee comme un « auteur », insistant sur les thématiques de ses films. Or, ceux-ci sont d’un côté toujours écrit par James Schamus et je trouve que sa mise en scène n’arrive justement jamais à donner vie à ses thématiques. C’est simple, dans toute la filmo de Lee, il n’y a pas un mouvement de caméra qui me soit resté en tête; juste ces thématiques que tu évoques… Alors un auteur oui, mais pas sûr que ce soit un bon… D’autre part, si dans ses premiers films je sens la sincérité du propos (jusqu’ à The Ice Storm, qu’encore une fois j’apprécie vraiment), j’ai l’impression que ça devient une formule à partir de Chevauché avec le diable. Il prend un genre et y insère cette Ang Lee’s touch.

    Enfin Guillaume, pour mon argument de comptoir, ben, pour une fois, j’ai pas l’impression de dire autre chose que toi… Ou plutôt, je répond à la question de savoir ou en serait le Wu Xia sans Tigre et dragon et me dis que même s’il n’y aurait pas eu les quelques éclats (j’adore le Peter Chan par exemple), ce n’aurait pas était une si grande perte. Je n’ai pas l’impression que tigre et dragon ai relancé un âge d’or, juste une opportunité commerciale qui n’a pour l’heure pas donné de grandes choses…

  9. « Enfin Guillaume, pour mon argument de comptoir, ben, pour une fois, j’ai pas l’impression de dire autre chose que toi »
    >>> admet que ta phrase, celle que je quote, est un beau ramassis de lieux communs sans développement.

    Mais surtout, j’ai l’impression que tu pars sur l’idée de renaissance du genre WXP. Alors que je considère juste le genre comme mort (de sa belle mort). Il a des résurgences (celles made in South Korea étant le summum de l’innéficacité sponsorisée par Tranxen et Loréal), mais pas de résurrections (ou alors si la soupe actuelle est une résurrection j’abandonne l’idée de regarder les suivants).

  10. D’où les guillemets, Guillaume, autour de la résurrection… Étant absolument athée, je ne crois pas nous plus à la vie après la mort (même pour un genre)… Après, je dis surtout que s’il y a résurrection du Wu Xia post-Tigre et Dragon (celle que je ne nie pas), elle est d’ordre économique et non-esthétique… On ne peut quand même pas enlever l’escalade des budgets après Tigre et dragon : Hero a couté 30 millions de dollars, le double de Tigre et dragon, Les seigneurs de la guerre, qui est battu par Les Trois royaume, 40, etc.

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