Yobi, le renard à cinq queues de Lee Sung-Gang (DVD)

Posté le 8 février 2011 par

Yobi, le renard à cinq queues est un film d’animation coréen qui fourmille de détails tant visuels que narratifs. La finesse du dessin et les fonds aquarellés sont le sceau du réalisateur Lee Sung-gang. Néanmoins, il demeure un travail subtil et véloce, qui pourrait échapper à certains enfants. Par Laurence Kerhornou.


Yobi, une petite fille-renard est la mascotte d’un groupe d’extra-terrestres appelés Yoyo, petits personnages cocasses qui se baladent avec des couches métalliques.
En pleine crise d’adolescence, elle tombe sous le charme de Geum-Ye, ou littéralement “le garçon né dans le champs de l‘automne”. Protégée par un ange gardien sous la forme d‘un évier volant, la petite fille avance dans un monde plein d’embûches. On pense bien sûr à l’hilarant Pompoko de Takahata Isao, qui nous faisait découvrir la capacité des Tanukis ou renards sauvages à se métamorphoser perpétuellement. Yobi surfe sur cette magie.

Là où le scénario fait preuve de force c’est dans son approche mythologique des personnages. Yobi évoque Orphée et Geum-Ye, Eurydice. Dans le mythe, Eurydice est mordu par un serpent et meurt. Orphée descend jusqu’aux enfers pour la sauver. La doctrine orphique est marquée par une malédiction originelle; l’âme est condamnée à un cycle de réincarnations dont seule l’initiation pourra la faire sortir. Yobi comprend qu’elle n’est pas prête à voler l’âme amoureuse de son ami: elle préfère se sacrifier et rejoindre l’au-delà. Ainsi l’humain rejoint le divin et ne peut s’améliorer sans apprentissage de l’ adversité. Mais tout cela devrait rester obscure pour les enfants qui regarderont l’animation. Et tant mieux car à bien y réfléchir, l’image de l’amour renvoyée par l’auteur reste assez angoissante. Tomber amoureux, perdre son âme, perdre l’amour, vivre comme une ombre… glaciale comme les neiges.

Il est aussi question de sphinx, le long bras de l’Ombre est le serpent tentateur, et d’animaux psychopompes (la colombe, le lapin). En fait, le terreau de ce conte est mythologique. Mais il faut vraiment garder le fil d’Ariane pour ne pas s’y perdre et la tentation reste forte. Quand Au delà de Clint Eastwood ne faisait qu’évoquer le monde après la mort, Yobi, lui, y entre, et en donne une image (des montagnes de cages contenant des oiseaux qui sont autant d’âmes emprisonnées).

Ce dessin animé reste très poétique et mélancolique, mais par sa complexité il diffère beaucoup du travail de Miyazaki. La seconde partie est assez complexe et demande un effort de concentration pour des enfants d’une dizaine d’années. Au final, il mélange des scènes réalistes (les chiens sont aussi enragés que ceux de Valse avec Bashir de Ari Folman) et des images oniriques, qui en font un savant mélange créatif, un véritable pensum pour adultes.

Laurence Kerhornou.

Verdict:

Yobi, le renard à cinq queues de Lee Sung-Gang, disponible en DVD aux Editions Montparnasse le 08/02/2011.

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