L’âge d’or du Roman Porno japonais : Ode à Ogawa Asami (DVD)

Posté le 1 février 2011 par

Cette nouvelle fournée de la collection L’âge d’or du Roman Porno japonais de Wild Side, contrairement aux précédentes, ne s’attache pas à une thématique particulière mais met en avant l’actrice Ogawa Asami. Celle-ci, par son physique longiligne, imposa un autre standard féminin que les créatures pulpeuses habituelles des pinku eiga, et, du coup, emmena les films où elle figurait dans des directions plus surprenantes. Par Justin Kwedi.

 Les trois films proposés nous montrent l’étendue de son registre et par la même occasion un beau panorama des étonnantes tonalités que sut prendre le roman porno au sein de la Nikkatsu.

Le plus intéressant du lot, Journal érotique d’une secrétaire est signé Konuma Masaru responsable de quelques fleurons du genre souvent avec son actrice fétiche Tani Naomi, comme le fameux Flower and Snake. Comme à son habitude, la touche érotique s’avère un formidable moteur pour une violente charge contre la société japonaise.
À l’opposé des personnages victimes auxquels on l’associe souvent, Ogawa Asami incarne ici une secrétaire plutôt épanouie, sûre de sa sensualité et de son désir à travers la liaison qu’elle entretient avec son patron. Le drame s’immisce progressivement par différentes facettes, comme notamment une collègue « facile », régulièrement chevauchée par tous les mâles de l’entreprise dès que l’occasion se présente. Incapable de résister au désir qu’un homme peut avoir pour elle, elle s’abandonne volontiers à leurs assauts malgré le drame que cela constitue pour elle.

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Un échange entre ce personnage et Ogawa Asami soulève la grande thématique du film, lorsqu’elle se lamente de ne pas être mariée et du peu de possibilités professionnelles qui s’offrent à elles. Dans cette société japonaise vouée à la toute puissance masculine (il faut voir la nature maître/élève des rapports homme/femmes dans l’entreprise), la femme n’existe que pour et par les hommes. Ogawa Asami, entre son vieux père dont elle doit encore s’occuper, et son amant insistant, en est tout le symbole, et constatera le grand vide de son existence lorsqu’elle essaiera d’y échapper. C’est donc, en fait à un puissant mélodrame que l’on assiste, que la frêle présence et la fragilité de l’actrice ne rendent que plus poignant. Elle s’abandonne de manière stupéfiante dans les séquences érotiques (la première scène avec le patron est merveilleusement filmée par Konuma) qui alternent entre sensualité moite bourrée d’invention visuelle (l’étreinte au milieu des poussins), et cruauté insoutenable. À ce titre la dernière demi-heure offre un crescendo destructeur pour l’héroïne faisant face à la sourde brutalité et l’égoïsme des hommes de sa vie.


On baisse de plusieurs crans avec Chasseur de vierges de Kuruhara Koretsugu. Ce dernier appartient à cette sous catégorie controversée du genre, le film de viol dont on avait pu avoir un aperçu avec un film précédent de la collection Wild Side Le Violeur à la rose ou encore le bien nommé Rapeman ( !). Ogawa Asami est, ici, la sportive vedette de son lycée, adulée de tous, jusqu’à l’arrivée d’un nouvel élève renvoyé de tous ses précédents établissement pour sa fâcheuse tendance à violer toutes ses camarades féminines. Le cycle reprend donc ici, mais le vrai objectif de Ryu est de faire subir les derniers outrages à Misa ( Ogawa Asami). Malgré la nature douteuse du genre, le ton potache à la American Pie japonais avant l’heure désamorce relativement le tout. Chaque jeune fille assaillie par Ryu finit bien évidemment par apprécier la chose car, c’est bien connu, elles n’attendent que ça : un homme, un vrai, qui les soumette. Le récit entretient jusqu’au bout l’ambiguïté sur la nature effarouchée de Ogawa Asami autant fuyante que désireuse d’être possédée par Ryu. Cette facette discutable est (légèrement) contrebalancée par le ridicule absolu de toutes les figures masculines du film, pervers frustrés ou machos virils pouvant, comme le montre la conclusion, perdre de leur superbe lorsqu’ils honorent une fille pour laquelle ils ont des sentiments.

Harcelée

L’excellent Hasebe Tasuharu conclut la série avec le fascinant Harcelée. Ogawa Asami y incarne Kumiko une jeune pervenche soudainement harcelée par un homme étrange surgissant à tout moment dans son quotidien pour la violer selon un rituel bien sadique à base de bâillon et menottes. Le trouble naît peu à peu par la double lecture qu’offre le scénario puisque le début du film nous aura montré l’héroïne comme sexuellement frustrée et incapable d’avouer ses sentiments à un collègue. Dès lors, fantasme et véritables agressions sexuelles se confondent en maintenant le doute sur la nature réelle des viols, peut-être issus de l’imagination de Kumiko. Hasebe les filme dans toute leur brutalité étouffante dans un premier temps, en dissimulant une partie de l’acte à l’écran (en jouant sur les ombres, les silhouettes…) avant d’en faire de vrais manifestes de fétichisme de plus en plus sensuels.

 

Kumiko, d’abord victime, finit par entretenir une étrange complicité avec son violeur réel ou imaginaire (dont on ne verra jamais le visage), en attente de ses apparitions. Ogawa Asami offre une prestation absolument fascinante, sa fragilité se parant peu à peu d’une assurance sûre de son désir. Entre le Polanski de Répulsion et le De Palma de Body Double un film à l’ambiguïté diablement excitante.

Justin Kwedi.

Verdict (Journal d’une secrétaire et Harcelée) :

L’âge d’or du roman porno japonais est une collection édititée par Wild Side. Journal érotique d’une secrétaire, Chasseur de vierges et Harcelée sont disponibles depuis le 01/02/2011.

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