Le Soldat Dieu de Wakamatsu Kôji: premières impressions

Posté le 8 octobre 2010 par

Film choc et controversé, Le Soldat-Dieu de Wakamatsu débarque en France le premier décembre, East Asia l’a vu et n’en est pas sorti indemne. Premières impressions ici !

« La guerre est horrible, peu importe l’endroit où elle intervient ou encore la manière dont elle se manifeste. L’amitié vraie entre soldats n’existe pas ! » Wakamatsu Kôji, lors du festival Paris Cinéma le 05/07/10.

Cette phrase ne laisse aucun doute sur la position adoptée par le réalisateur vis-à-vis de la guerre. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que dans son film, il dérange comme à son habitude, n’hésitant pas à choquer et provoquer le dégoût du spectateur pour étayer son point de vue.

L’histoire : Appelé au combat pour protéger l’empire pendant la guerre Sino-japonaise, le soldat Kurokawa, devenu lieutenant, revient du front amputé de ses quatre membres et atrocement défiguré. Il porte désormais le titre de « Kamisama no heitai », littéralement le soldat dieu décerné par l’empereur, forçant l’admiration de tous et faisant ainsi la fierté du village dont il est issu. Son épouse n’a alors pas d’autres choix que de le veiller sur ce véritable héros pour la patrie, réduit à des fonctions de bases telles que manger ou dormir, et d’assouvir ses moindres désirs. Mais malgré ce titre élogieux, un véritable rapport de domination va naître entre le couple, dont l’issue se révèlera particulièrement cruelle.

Dans cette œuvre à la mise en scène très épurée, le cinéaste dénonce avec force l’atrocité de la guerre et s’interroge sur le rôle qu’elle joue sur la condition humaine.

Il met également en avant la stupidité d’un patriotisme exacerbé à travers une utilisation omniprésente de gros plans sur un corps mutilé mais également à travers de nombreuses scènes atteignant un degré de sadisme élevé mais complètement légitime.

Servi par un duo d’acteurs à l’interprétation époustouflante (Ours d’argent de la meilleure actrice au festival de Berlin 2010 pour Terajima Shinobu qui joue le rôle de l’épouse), Le Soldat Dieu est une œuvre qui dérange profondément et constitue un pamphlet en faveur de la paix.

Fidèle à sa réputation de réalisateur anticonformiste qui lui vaut d’être toujours interdit sur les sols américains, russes et chinois malgré la reconnaissance internationale, Wakamatsu Kôji tenait à ce que son film sorte à des dates clés de l’année 1945 : le jour des suicides collectifs des civils en juin à Okinawa, le 6 et 9 août à Hiroshima et Nagasaki et le 15 août à Tokyo, jour de la capitulation nationale.

Distribué par Blaq Out, le film sortira le premier décembre 2010. East Asia sera bien entendu de la partie pour couvrir cette bombe cinématographique en long, en large et en travers !

Olivier Smach.

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