VIDEO – God of Gamblers 3: The Early Stage de Wong Jing

Posté le 5 février 2024 par

La saga God of Gamblers a connu de multiples suites et genres de spin-off. Contraint de renoncer à la présence de Chow Yun-fat qui, en 1996, s’envole pour Hollywood, Wong Jing réalise une préquelle à la franchise, lui permettant ainsi de rajeunir le casting. Il s’agit de God of Gamblers 3: The Early Stage (et dont la numérotation fait fi des épisodes avec Stephen Chow). Disponible dans le coffret Spectrum Films God of Gamblers.

Ko Chun est un jeune enfant dont le père a été assassiné et qui lors d’un mouvement de foule, se fait prendre à parti par une triade. Un autre parrain achète sa liberté et le prend sous son aile, dans le but qu’il devienne le Dieu du jeu…

The Early Stage s’amuse avec les gimmicks de God of Gamblers, en faisant constamment allusion aux autres opus, et avec ce que l’on imagine d’une origin story. Ainsi, le passé de Ko Chun, le Dieu du jeu, se voit dévoilé, et ce jusqu’à expliquer ses tics, tels que son goût pour le chocolat. Le film jouit pour cela d’acteurs du moment qui donnent le meilleur d’eux-mêmes, à commencer par Jordan Chan en garde du corps de Ko Chun, dont l’impassibilité du visage n’est pas incompatible avec une certaine chaleur humaine que dégage son personnage, ainsi qu’Anita Yuen qui incarne une héroïne montrant un caractère adorable et attachant, le véritable moteur de l’intrigue. Leon Lai s’intègre parfaitement au projet et se révèle convaincant pour reprendre le rôle de Chow Yun-fat jeune, puisqu’il s’inspire de son sourire ravageur et de sa suavité, tout en affichant une moindre expérience de la vie dans ses choix, au moins jusqu’à la scène finale. On peut aussi louer la façon dont Francis Ng joue son personnage d’antagoniste et se montre parfaitement détestable, même si sa perruque longue est tellement bas de gamme qu’elle le rend un tantinet ridicule.

Étonnement, alors que les trois premiers opus pouvaient être considérés comme poussifs, et après un quatrième épisode détonant, la recette de cette préquelle, qui sur le papier a tout de la corde tirée, fonctionne joliment. La panoplie de personnages est qualitative et alterne entre moment de douceurs entre de jeunes hongkongais qui malgré leur appartenance aux triades, croquent la vie à pleine dent, et des séquences plus graves et violentes, impliquant les parrains et leur mauvaise influence sur les premiers protagonistes. The Early Stage a la patine typique de ces films hongkongais populaires de la deuxième moitié des années 1990, dominés par les stars de la cantopop ; il déploie un scénario somme toute léger et fugace par instants, mais qui en misant sur ses héros, se révèle charmant et impliquant pour le spectateur, d’autant quand une forme de menace intervient.

En matière de mise en scène, notons que Bosco Lam, fidèle assistant de Wong Jing, est crédité deputy director, ou réalisateur exécutif, ce qui signifie que la prise d’images est de son fait. A cet égard, son apport est louable, le film se révélant plus sophistiqué que ses prédécesseurs et se permettant quelques discrets effets de style – comme Ko Chun, blessé, victime d’un trauma émotionnel filmé dans un montage saccadé en noir et blanc – mais aussi les quelques scènes d’action, dont le montage est dans le haut du panier de ce que l’industrie hongkongaise peut offrir – d’une manière générale, il s’agit des scènes impliquant Jordan Chan, incarnant un ancien soldat très aguerri au combat, qui pourtant n’a pas le statut d’un expert en arts martiaux et a dû être doublé.

God of Gamblers 3: The Early Stage conclut de belle manière ces films autour du personnage du Dieu du jeu. Le film n’est pas tellement à prendre pour un point final de la production de saga ou l’origine de Ko Chun, mais plutôt comme une intrigue qui fonctionne par elle-même, et qui par son sujet du jeu, à présent répandu dans le cinéma hongkongais, ses scènes d’actions, sa chanson de cantopop, aborde toutes les facettes qui ont fait le succès de l’âge d’or du cinéma hongkongais.

BONUS

Présentation du film par Arnaud Lanuque (15 minutes). Le spécialiste du cinéma hongkongais conclut ses présentations des films de la saga en revenant sur les différents box-office des God of Gamblers, indiquant qu’ils se révélèrent tous des succès et malgré l’indisponibilité des précédents acteurs, justifiait de poursuivre la franchise. Il dresse le portrait des acteurs du film et ce qu’ils représentaient dans le show-business d’alors. Enfin, il ne manque pas de citer les autres films de jeu, notamment la saga From Vegas to Macau dans les années 2010, du même Wong Jing et dont Chow Yun-fat reprend quasiment le même rôle.

Maxime Bauer.

God of Gamblers 3: The Early Stage de Wong Jing. Hong Kong. 1996. Disponible dans le coffret God of Gamblers paru chez Spectrum Films en septembre 2023.

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