ETRANGE FESTIVAL 2024 – Kill de Nikhil Nagesh Bhat

Posté le 11 septembre 2024 par

Peu de temps avant sa sortie en salles, nous avons pu découvrir en avant-première, à L’Etrange Festival, le film d’action sanguinolent indien Kill de Nikhil Nagesh Bhat, présenté en compétition internationale.

Les enjeux de Kill sont assez faciles à résumer et le film ne s’en embarrasse pas vraiment en les expédiant en quelques minutes dans ses premières séquences. Amrit, jeune membre des forces spéciales de l’armée, entretient une relation dissimulée avec Tulika, la fille d’un riche homme d’affaires. Lorsque Tulika est promise contre son gré à un autre prétendant, les deux amants décident de fuir ensemble et Amrit se dissimule dans le train qui mène Tulika au lieu de son mariage pour la délivrer. La situation se complique alors pour le couple puisque des bandits se trouvent à bord du train, entreprennent de dévaliser tous ses passagers et kidnappent Tulika. C’est sans compter sur la fougue et la détermination d’Amrit qui est prêt à tuer pour sauver sa dulcinée.

Les films d’action impliquant des séquences voire des scénarios entiers dans des trains, métros et autres transports en commun semblent avoir la cote ces dernières années. Si le phénomène n’est pas non plus inédit (l’on peut remonter à des films comme Speed de Jan de Bont ou même son inspiration Super Express 109 de Sato Junya), nous avons tout de même pu observer plusieurs variations récentes sur ce thème. On peut penser, entre autres, à Snowpiercer, Dernier train pour Busan, Bullet Train, à la séquence de combat contre les yakuzas de The Raid 2 ou encore à celle, au summum du dérangeant, du métro de The Sadness. Kill de Nikhil Nagesh Bhat vient ajouter sa pierre à l’édifice et s’il ne révolutionne pas le sous-genre, il tire certainement profit des avantages du huis-clos dans un contexte de déchaînement de violence effrénée.

En effet, le film semble conscient des limites de baser son action dans un lieu fermé et exigu et dynamise son récit en le parsemant très généreusement de scènes de combat. Puisque les issues sont impossibles, le train étant lancé vers sa direction sans escale (ou presque), chaque contact visuel entre un membre du clan des héros et l’un du clan des brigands ne peut que mener à une lutte à mort. Les ennemis sont d’ailleurs exagérément nombreux, ce qui crée d’autant de prétextes à proposer des séquences de violence diverses et variées à grands renforts d’accessoires tout aussi aléatoires. Si elles ne sont pas toutes égales dans leur créativité et leur impact et mériteraient parfois, moins de coupes pour mieux profiter des chorégraphies, les meilleures d’entre elles se démarquent toutefois suffisamment pour que le film mérite le détour. De même, Kill a beau suivre une trame narrative assez classique, il parvient à surprendre, en n’hésitant pas à sacrifier (parfois très rapidement) certains personnages majeurs du récit mais aussi en expérimentant sur la forme, et notamment sur le plan sonore. L’attention portée au son et à l’incorporation des bruitages dans la bande-son musicale au cours de certaines séquences est très appréciable et les rend d’autant plus inspirées et efficaces.

On en vient presque à regretter que ce le scénario et les enjeux autour d’Amrit et Tulika ne profient pas de cet approfondissement mais même à ce niveau-là, Kill esquisse des possibilités d’interprétation qui, si elles restent peu innovantes (« Qui est le vrai méchant ? »), sont parfois assez réussies. Il peut ainsi y avoir quelque chose de plaisamment cynique dans cette happy end ouvertement présentée comme imaginaire qui clôt le récit après le massacre d’une quarantaine d’individus. Les scènes de flashback romantiques entre Amrit et sa belle qui ponctuent le récit de la vengeance du jeune soldat trouvent alors leur complétude dans ce final en rupture de ton abrupte qui pousse à se demander si l’on assiste à un accomplissement personnel du héros ou à une preuve d’un éventuel déséquilibre psychique.

En bref, même si Kill ne dévie pas énormément de la trajectoire toute tracée qu’il emprunte, il propose tout de même suffisamment de matériel pour que son visionnage, à défaut d’être révolutionnaire, soit tout à fait sympathique et efficace.

Elie Gardel.

Kill de Nikhil Nagesh Bhat. Inde. 2023. Projeté à L’Etrange Festival 2024.

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