INEDIT – Golden Kamui de Shigeaki Kubo

Posté le 14 mars 2024 par

L’acteur Yamazaki Kento a fait de l’incarnation de héros de manga en prise de vues réelles un des marqueurs de sa carrière. Après avoir interprété Arisu dans Alice in Borderland et Shin dans la saga Kingdom, il s’attaque à une autre grande figure de la bande dessinée japonaise en prenant les traits de Sugimoto dans Golden Kamui. 

Saichi Sugimoto est une véritable légende de la guerre russo-japonaise du début du XXe siècle. Surnommé « l’Immortel », il a survécu aux pires batailles menées dans la région la plus sauvage du Japon : Hokkaido. Mais quand le conflit se termine, il se retrouve seul et sans le sou… C’est alors qu’il apprend l’existence d’un fabuleux trésor de 75 kilos accumulé par les Aïnous…

Alors que certains se réjouissent de voir quelques films Netflix légèrement s’améliorer en matière d’adaptation de mangas en live-action après une flopée d’erreurs industrielles, les vraies réussites dans le genre sont à chercher du côté des productions cinématographiques japonaises. Golden Kamui de Shigeaki Kubo prouve encore une fois qu’au Japon, le passage du crayonné en noir et blanc à un monde toute en matière n’est plus un problème depuis longtemps. Le casting et l’incarnation en chair et os de personnages mangaesques sont parfaitement réussis tout autant que l’action est crédible et nous sert de belles chorégraphies pleines d’adrénaline. La composition de certains plans est également à saluer, ainsi que leur découpage et leur cadrage, qui transposent parfaitement la dynamique des cases de la bande dessinée. Définitivement, ces productions maîtrisent tout à fait les codes de l’adaptation en live action. Nous sommes loin de certaines approximations et films en cosplay au goût douteux que pouvait servir le tout-venant du live action il y a une dizaine d’années. 

Cependant, Golden Kamui, comme d’autres films du genre, souffre d’un gros défaut en termes d’écriture, le même que celui de la saga Kingdom. La structure narrative sérielle, qui est préservée du manga, ne s’adapte en rien au médium cinéma. En découlent des problèmes de rythme, un manque de cohérence et de tenue dans le scénario d’un long-métrage, ainsi qu’une bonne dose de frustration car l’œuvre n’est en aucun point autosuffisante. Le film est écrit comme un épisode, comme une suite de quelques chapitres. Le récit ne fonctionne donc pas comme une histoire autonome. Cet épisode sur grand écran n’existe et n’a d’intérêt qu’à l’aune du prochain. Les live actions sont bien souvent conçus dans une logique de franchise pour d’enchaîner les volets au rythme d’un par an en moyenne. Certaines comme Kingdom tournent même plusieurs de leurs films en même temps puis les égrainent à hauteur d’un film de 2h30 par été. 

Finalement, ce qui est à déplorer dans le live action d’aujourd’hui, c’est que malgré une bonne maîtrise du produit et que ce soit un honnête divertissement, les réalisateurs n’utilisent jamais pleinement les potentiels du médium cinéma. Aucun travail d’adaptation n’est fait en dehors de la transcription d’un univers palpable. Ce n’est qu’un produit dérivé de plus qui ravira les fans du manga et qui essaye de gagner de nouveaux lecteurs. Le film n’apporte rien à l’œuvre originale. Golden Kamui reste néanmoins une  belle réussite dans l’exercice du genre.

Rohan Geslouin

Golden Kamui de Shigeaki Kubo. Japon. 2024. En salles au Japon.

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