La disparition d’Haruhi Suzumiya (Suzumiya Haruhi no Shōshitsu) d’après Tanigawa Nagaru (DVD)

Posté le 11 avril 2012 par

La Disparition d’Haruhi Suzumiya (Suzumiya Haruhi no Shōshitsu) est un film d’animation faisant suite à la série La Mélancolie d’Haruhi Suzumiya (Suzumiya Haruhi no yūutsu) tout en étant la fidèle représentation du quatrième roman éponyme de Tanigawa Nagaru. Le visionnage de ce long métrage est fortement conseillé aux personnes ayant visionné préalablement les deux saisons de l’anime ou la lecture des trois premiers romans afin d’avoir les pré-requis indispensables à la compréhension de l’intrigue. Par Julien Thialon.

Haruhi Suzumiya est une fille bien singulière. Les gens ordinaires ne l’intéressent pas, elle souhaite rencontrer des êtres dotés de pouvoirs surnaturels comme des extraterrestres, des voyageurs du temps, des espers (Extra-Sensory Perception usER), etc. Elle vient d’entrer au lycée dans la même classe que Kyon qui ne croit (mais il aimerait) plus à l’existence de ces phénomènes paranormaux. Il va se retrouver malgré lui membre de la brigade SOS créée par Haruhi (autoproclamé chef, elle occupera bien d’autres fonctions par la suite), qui a pour objectif « d’apporter le plus d’excitation dans le monde ».

Au fil des épisodes, d’autres membres viennent s’ajouter à la brigade. La très réservée Yuki Nagato, presque toujours avec un livre à la main, seul membre restante du club de littérature et envoyée par un groupe d’entité psychique pour enquêter sur une explosion de données vraisemblablement générée par Haruhi il y 3 ans. L’étudiante naive à forte poitrine venant du futur, Mikuru Asahina, recrutée de force dans la brigade, elle est la représentante dans l’anime du moe (sentiment d’affection envers quelque chose ou quelqu’un). Enfin, Itsuki Koizumi, étudiant mystérieux venu en cours d’année qui est en réalité un esper et membre de l’Organisation, protégeant l’humanité des Célestes dans des « espaces-clos » crées inconsciemment par les émotions… d’Haruhi. Celle-ci, sans le savoir, par ses idées abracadantesques, provoque des conflits temporels que les autres membres de la brigade tentent de résoudre en participant au maximum d’activités pour apaiser la Mélancolie d’Haruhi Suzumiya.

Toute la brigade SOS au complet

Sortie dans sa version animée en 2006 par le studio Kyoto Animation, la série va viscéralement bouleverser le monde des otakus. En 2009, à la rediffusion des épisodes, dans un ordre chronologique cette fois, viendra se greffer une seconde saison. Le succès est tellement au rendez-vous que des milliers de clips vidéos amateurs (AMV) voient le jour sur Youtube et Fuji TV doit alors employer deux personnes à temps plein pour en demander la suppression pour violation du copyright. On a même accusé la série d’être l’œuvre référence du moe, style qui ne cesse de se propager dangereusement dans l’animation japonaise comme  Lucky Star ou K-on! (tiens, tous du même studio…).

Mais pourquoi un tel succès ?  Serait-ce la parfaite réalisation des openings / endings et plus généralement de la bande son ? du fil narratif constitué principalement des monologues d’un Kyon hilarant dans ses exaspérations vis-à-vis d’une Haruhi toujours prête à une aventure extraordinaire ? des nombreuses références culturelles à des séries d’animation (un peu comme Sayonara Zetsubou Sensei au rythme encore plus endiablé) et de parodies (par exemple la sublime scène du concert vient du film Paran maum et le groupe ENOZ dirigé par Haruhi existe bel et bien sous le nom de ZONE) comblant une grande partie des otakus.

On pourrait en citer bien d’autres mais notons toutefois la polémique suscitée par l’un des arcs de la série (qui explique bien des choses dans le film) appelé Endless Eight – l’intrigue reposant sur une boucle temporelle répétant indéfiniment la période du 17 au 31 août, 15 532 fois pour être précis – où Kyoto Animation a osé proposer huit fois le même épisode (et pourtant seulement 8 pages dans le roman, cherchez l’erreur), rien que ça ! Seule la forme change : les procédés cinématographiques utilisés sont différents ainsi que les couleurs des vêtements, les dialogues sont très légèrement remaniés, etc. Cet arc a crée un schisme parmi les fans et cela juqu’à la toute fin de la série. Il y a ceux qui ont crié au pur génie, citant comme référence Un jour sans fin d’Harold Ramis et Window of Opportunity, l’un des épisodes cultes de Stargate SG-1 voire des scènes de Matrix (celle du chat), et les autres, qui se sont profondément ennuyés jusqu’au dénouement de l’arc qui constitue tout de même près d’un tiers de l’anime pris dans son intégralité ! Personnellement, je me situe entre les deux. L’idée est lumineuse et défie une nouvelle fois les règles de l’animation mais elle est toutefois surexploitée et aurait méritée d’être raccourcie d’au moins la moitié sur sa longueur. Quoi qu’on en est pensé, la série aura fait coulé beaucoup d’encre et réfléchit sur l’animation actuelle qui s’enfonce peu à peu dans la monotonie.

L’un des nombreux indices de la boucle temporelle générée par Haruhi

Le film La disparition d’Haruhi Suzumiya, sorti le février 2010 au Japon, apparaît alors et va une nouvelle fois apporter originalité, émotions et surtout un moyen de reconquérir ceux qui n’étaient pas entièrement satisfaits de la deuxième saison. Nous sommes un mois après le festival culturel, proche de Noël, le 16 décembre précisément. L’histoire commence comme un épisode de la série animée, Haruhi déboulant dans la salle du club, voulant à tout prix organiser des activités « spéciales » pour l’évènement (comme une sukiyaki, célèbre fondue japonaise). Les autres n’ayant bien évidemment pas leur mot à dire sur le projet et on retrouve comme à la parade l’habituelle narration cynique de Kyon. Ce dernier se réveille le matin du 18 décembre et constate avec le plus grand effroi qu’Haruhi n’est plus dans son lycée et semble, à première vue, n’avoir jamais existé. Ces autres amis sont devenus quant à eux de simples étudiants ordinaires. Kyon en arrive à la conclusion qu’il se trouve dans un monde parallèle et va chercher à comprendre ce bouleversement temporel et retourner dans sa dimension d’origine.

Avant même de s’intéresser au contenu du film, il est intéressant de se pencher sur sa durée. 163 minutes, c’est très long pour un film d’animation. Il y a bien ceux d’Hayao Miyazaki qui s’approchent de cette durée mais encore une fois, Kyoto Animation s’oriente vers la singularité. Celle-ci est renforcée quand Kyon commence sa recherche d’explication dans son changement de dimension. La série animée proposait un rythme dynamique, des dialogues s’enchaînant rapidement  et des musiques globalement récréatives (surtout les openings/endings). Ici, nous avons droit à un rythme beaucoup plus posé et lent, la bande sonore est relativement discrète et oppressante. Remarquons d’ailleurs un travail très soigné sur la musique classique, qu’on peut voir également dans le DVD bonus. Grâce à ce travail, on ressent réellement les émotions du héros, la cassure entre les instants où Haruhi étaient présentes et ceux où Kyon est seul, perdu, abandonné. La colère intérieure n’est plus retenue et pour une fois, il doit prendre ses propres initiatives, les entreprenant maladroitement. Par moment, le long métrage navigue presque dans un cadre auteuriste prenant une nouvelle fois à contrepied le spectateur qui ne pensait pas voir un film aussi contemplatif.

On ne vous en dira rien sur l’évolution scénaristique du film, mais l’histoire est relativement complexe et il faudra être aux aguets (surtout la dernière heure) pour comprendre intégralement l’intrigue et ses nombreux rebondissements. On y dénotera également des instants touchants ajoutant une note de tendresse et de compassion envers les protagonistes. Graphiquement, l’animation est exemplaire. Les traits sont fins contrairement à certains épisodes de la deuxième saison, les détails très fournis et un réel travail sur les couleurs a été entrepris, plus particulièrement pour la saison hivernale où se déroule l’histoire. La photographie, très belle, a été aussi très rigoureusement élaborée. On le constate dans la partie bonus, avec un repérage pointilleux des lieux qu’on retrouve dans beaucoup de scènes du film.

Attention au visionnage pour la version française, ce n’est plus Olivier Lambert qui s’occupe de la voix de Kyon comme dans la première saison mais Emmanuel Rausenberger. Le détail peut être anecdotique mais une période d’adaptation est nécessaire, surtout pour ce personnage central dans l’histoire. Je vous encourage à visionner la version originale où vous retrouverez l’ancienne idole japonaise Aya Hirano prenant la voix d’Haruhi Suzumiya et signant aussi tous les openings et endings de la série.

La Disparition d’Haruhi Suzumiya est une œuvre qui a beaucoup d’atouts pour séduire. Les personnes découvrant seulement la franchise par le biais du  film seront déboussolés mais pourront aisément repartir du début pour en comprendre toutes les clefs et les bienfaits que cet univers déjanté a apporté à l’animation. Les insatisfaits de la deuxième saison y trouveront cette fois leur compte et réhausseront sans aucun doute leur note globale. Pour les puristes comme moi, ils seront toujours aussi ravis ! Des rumeurs sur une troisième saison circulent en nombre sur Internet, espérons qu’elles soient vraies, seule une partie des 10 romans de Nagaru Tanigawa a été adaptée, wait & see !

Verdict :

Julien Thialon.

La Disparition d’Haruhi Suzumiya est disponible en DVD simple et collector depuis le 11/04/2012 chez Kazé.

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