UDINE 2012, Far East Film Festival – Jour 7 : Nature immature ?

Posté le 27 avril 2012 par

La faim dans le monde, le problème du chômage en France, les bras manquants dans le social – et me voilà basant ma vie sur ma simple passion pour les films asiatiques… C’est soulagé que je vois cette journée sous le signe d’une certaine thématique d’immaturité dans l’ensemble des films visionnés. Par Bastian Meiresonne.

Ainsi en va du redoutable film rollercoaster (« grand huit », comprenez un condensé d’émotions fortes et de rebondissements totalement imprévisibles) Splendid Outing du coréen Kim Soo-yong de 1978, qui préfigure donc près de 30 ans avant le formidable Bedevilled auquel il ressemble beaucoup avec cette femme d’affaires, retenue prisonnière malgré elle. Une vraie claque, ce film, sur lequel je reviendrai très prochainement.

A Woman Chasing a Killer Butterfly, film à sketches horrifiques avec des personnages incroyablement immatures par le réalisateur de Housemaid était déjà beaucoup plus convenu et décevant, notamment en comparaison avec la plupart de ses autres films.

Blind était le troisième film coréen de la journée, racontant la traque d’une jeune femme aveugle par un psychopathe. Un thriller rondement mené, même si ce postulat n’est pas sans rappeler des films ricains antérieurs et que certaines ficelles sont un peu trop grosses. Reste l’interprétation convaincante de Kim Na-heul et la sympathique scène de poursuite dans la station de métro. Et pour faire le lien avec la thématique du jour, je noterai l’interprétation cabotine de l’immature Yoo Seung-ho (le gamin de The way home, qui a visiblement bien grandi depuis).

En parlant cabotine, la Palme d’Or du film le plus gamin et immature revient indéniablement à Vulgaria. Tourné en une poignée de jours entre potes par le prolifique Edmond Pang (Love in a Buff), c’est une production indé au mieux de sa forme, féroce satire du milieu du show business HK avec une flopée de scènes tout simplement désopilantes avec un Chapman To dans le rôle de sa vie en tant que producteur véreux et opportuniste. Cette comédie foncièrement potache inclut notamment une scène de viol d’un âne et le secret de comment faire jouir un producteur en moins d’une minute en lui administrant une fellation « pétillante ».

L’autre film hongkongais, The Bounty, également avec Chapman To, était, lui, une vraie déception. Enquête policière sur une étrange île pour retrouver un policier, The Bounty n’est jamais vraiment drôle, ni assez haletant pour s’accrocher à une intrigue, qui n’est finalement que prétexte à l’accumulation d’une série de saynètes parfois surréalistes, rarement réussies. Même le caméo du roi de la comédie HK, Michael Hui en personne, ne pourra rien pour sauver ce film du naufrage.

Dans un même style, le long métrage japonais Afro Tanaka s’en sort beaucoup mieux. Adaptation d’un manga, c’est une autre comédie jouant sur le registre d’un humour plutôt discret sans jamais provoquer de francs rires ; mais la sauce prend, notamment en raison de la prestation inspirée de son interprète masculin principal, Matsuda Shota, arborant une ENORME coupe afro et qui doit se trouver une (fausse) petite amie d’urgence pour aller au mariage d’un copain de lycée. Foncièrement immature, ce grand gamin rappelle pourtant pas mal de nos propres attitudes, notamment le difficile pas à faire pour entrer dans le monde adulte et l’acceptation des responsabilités dans une vie de couple…

Pour finir, The Cockfighters était très loin des comédies légères de la journée. Mélodrame social assez dur, la thématique de l’immaturité vaut surtout pour le héros principal, qui ne peut s’empêcher de participer à des combats de coqs clandestins avec des gens de très mauvaise fréquentation, comme il l’apprendra à ses dépens en fin de film. Fascinant premier long, The Cockfighters prouve une nouvelle fois le magnifique travail de défrichage de l’équipe programmatrice du festival, qui a une nouvelle fois dégotté un petit bijou du jeune cinéma indépendant chinois.

Bastian Meiresonne.

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