UDINE 2012, Far East Film Festival – Jour 6 : Coup de vieux

Posté le 26 avril 2012 par

Aujourd’hui, j’ai pris un coup de vieux. Non seulement, j’étais fatigué après une nuit trop arrosée après la dernière séance de cinéma, mais mon cerveau refusait de se reconnecter à la réalité au réveil. Curieusement, j’ai également eu l’impression de faire plusieurs voyages dans le temps EN ARRIERE, de revoir du vieux refait à neuf et de m’identifier à des films clairement destinés à des spectateurs plus « vieux », du moins de ma génération (de trentenaires). Ce qui me fait faire un tout petit aparté pour saluer une nouvelle fois la très belle initiative de l’équipe de EAST ASIA de tenter de relayer la passion par rapport à des cinémas un peu passés de tendance et d’investir temps et passion pour rédiger de VRAIS articles dans un monde virtuel désormais faits de blogs et – surtout – tirades lapidaires sur Facebook et Twitter. Par Bastian Meiresonne.

Bref, j’ai donc difficilement commencé ma journée avec un film d’Im Kwon-taek moins connu, My Hometown (1976), qui raconte le retour dans sa ville natale d’un ancien gangster après des longues années de taule. Rien de bien neuf dans ce sujet, que je développerai dans un article à part très bientôt, si ce n’est donc déjà un premier relent nostalgique, qui ne me quittera plus de la journée.

On poursuite avec Youngja’s Heyday, premier des « films coréens d’hôtesses », soit des productions assez osées sur des filles de joie, dont la plupart des productions ont rapidement dégénéré vers des films carrément graveleux. Ce premier est un vrai cas d’école, gros mélodrame plombé par la nostalgie d’une vie passée meilleure.

River, comme Silenced, se sont tous deux emparés de terribles faits divers réels datant de quelques années.

Le japonais River est ENCORE un autre film de Hiroki Ryuichi, tourné à l’arrache en quelques jours. A l’origine, le film tentait de rappeler ce terrible fait divers du 7 juin 2008, lorsqu’un jeune homme a foncé volontairement dans la masse compacte des passants dans le quartier d’Akihabara avant de descendre du véhicule et de poignarder plusieurs personnes à mort. Hiroki accompagne son actrice principale dans un (trop) long premier plan-séquence dans ce quartier, qui ne rappelle plus en rien le terrible méfait. Au cours de sa balade, elle va faire la rencontre de plusieurs personnes qui vont l’aider à faire le deuil de la mort de son petit ami à l’époque. C’est assez décousu et si l’intention était louable, il ne ressort pas grand-chose de ces rencontres plus ou moins impromptus. SAUF QUE, en cours de tournage, Hiroki apprend la terrible catastrophe de Fukushima et qu’il part immédiatement dans la zone la plus touchée pour filmer le chaos sur place. On a donc droit aux sempiternelles images déjà vues et revues maintes fois par ailleurs – surtout que le parallèle entre le sujet de son film et les images de la catastrophe n’ont finalement pas grand-chose en commun et ralentissent plus qu’ils ne servent son propos. On préféra de très loin son court institutionnel passé en ouverture du film et coréalisé avec des bénévoles de l’équipe organisatrice du festival d’Udine !!!

Silenced, lui, revient sur des tragiques faits d’abus sexuels sur des jeunes handicapés et sourds-muets dans une institution coréenne au début des années 2000. Outre les révélations de la presse, un auteur en a tiré une série de fictions publiées en 2009 sur Internet. C’est le succès de ces publications qui a incité des producteurs à en tirer un long-métrage, qui a compté parmi les meilleurs succès (surprise) du box-office coréen de l’année 2011. Si le film est une indéniable réussite –même si difficilement supportable – on pourra surtout saluer son soutien dans l’adaptation d’une loi favorisant l’encadrement et le soutien de victimes de tels attouchements.

Dans un ton beaucoup plus léger, Udine (re)diffusait le diptyque Love in a Puff & Love in a Buff par le chouchou du festival Pang Ho-cheung (en sa présence). Histoire de vérifier une nouvelle fois l’incroyable alchimie du duo d’acteurs principaux constituée par Miriam Yeung et Shawn Yue dans ces comédies romantiques s’adressant clairement aux trentenaires. Dans le premier, on assiste donc à la formation du couple malgré eux après une nuit trop arrosée, alors que dans le second on suivra leur séparation malheureuse (avant d’éventuelles retrouvailles). Si la séquelle n’atteint pas la spontanéité et fraîcheur du premier, elle n’en demeure pas moins fort plaisante et largement supérieure à la plupart des productions du genre, surtout coproduites (comme c’est le cas ici) avec la Chine.

Mais le mets de choix était très certainement l’extraordinaire comédie survoltée East Meets West 2011 par l’inénarrable Jeff Lau. Le réalisateur le dit lui-même : il ne fait ses films que pour lui-même, et on l’adore ou on le déteste pour cela. Eastest donc une nouvelle fois un incroyable melting-pot de choses, expériences, scènes improvisées au jour le jour, qui pourront agacer un large public par les fils apparemment décousus et ravir ses fans de la première heure par rapport à la logique d’une véritable œuvre construite au fil des décennies. Là encore, c’est une question d’âge entre les vieux briscards comme moi, plus habitués à un cinéma HK en totale roue libre et sans aucune règle, et un public plus jeune nourri à des codes ultra formatés régis par l’incontournable major hollywoodienne. Un peu à l’instar de ces super-héros totalement improbables, coincés dans un espace-temps dont ils n’auront que faire. En gros, il ne faudra penser à rien, tout juste se laisser emporter dans l’imaginaire tourbillonnaire du trublion Lau, meilleur marchand de sable qui soit sur Terre.

Bastian Meiresonne.

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