Maître Shifu dans les griffes du cinéma chinois – la chronique en direct de Chine : The Viral Factor de Dante Lam

Posté le 12 avril 2012 par

Enfin ! Un tournage en Jordanie et à Kuala Lumpur, un trailer annonçant un gros film d’action, The Viral Factor de Dante Lam, était le film que j’attendais en ce début d’année 2012 tant le projet était prometteur et mystérieux. En effet, si Dante Lam se perdait souvent dans des histoires larmoyantes, ses fusillades étaient toujours survoltées et rattrapaient l’ensemble. Ainsi le voir aux commandes d’un blockbuster à gros budget était l’assurance de passer un bon moment. Mais le film arrive t-il à dépasser le stade des promesses ou rejoint-il la longue cohorte des pétards mouillés et des attentes déçues ? Par Maitre Shifu.

 

PShhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhit

Ne faisons pas durer le suspense, The Viral Factor est une cruelle déception. Oui le budget de 200  millions d’HKD est visible à l’écran, oui ca pète de partout, on se poursuit en hélicoptère, en train, en voiture, en bateau, à pied. Mais avec un scénario prétexte, des personnages caricaturaux, le film ressemble à une vaine danse de saint Guy qu’il en devient très vite inintéressant et comble du comble très long à suivre.

En effet, le véritable talon d’Achille du film se trouve dans son scénario prévisible et surtout sans aucune imagination.

Jon (Jay Chou mono expressif au possible) membre d’une unité d’élites échoue en Jordanie à rapatrier un virologue qui tombe aux mains d’une organisation terroriste qui veut créer un virus surpuissant. Alors qu’il sort de l’hôpital, sa mère malade lui confie qu’il a un frère caché du nom de Man Yeung (Nicholas Tse, larmoyant) et lui demande de le retrouver. Seul problème, ce frère est lié à la bande de terroristes et Jon se voit pris dans une course contre la montre pour faire échouer la machination et sauver son frère.

Face à ce scénario simpliste, le réalisateur alourdit son histoire de ce fameux pathos qui est sa marque de fabrique, un gimmick de plus en plus insupportable ici car Dante Lam prend vraiment son spectateur pour un demeuré : abus de  ralentis et de gros plans pour surligner le dramatisme de certaines scènes.

De plus, presque tous les personnages principaux se voient affublés d’un background tragique digne d’Helen Keller (sourde, muette, aveugle mais heureuse) à base de balle dans la tête qui avance petit à petit dans le cerveau, d’erreurs de jeunesse irréparables et j’en passe. Dante Lam s’est particulièrement déchaîné sur son péché mignon et ceux qui n’aimaient pas la storyline de Manfred, le flic désabusé de Fire of Conscience auront raison de s’agacer !

Autres détails qui n’arrangent pas le film, la galerie des personnages qui sont des caricatures ambulantes : le traître sadique aidé du Gweilo de service dans la plus pure tradition des nanars hongkongais des 90’s, la gentille doctoresse qui se révèle être une as de l’AK47….

Bien sûr, on ne demande pas à un film d’action d’avoir une profondeur extraordinaire mais ici les péripéties sont tellement redondantes, je te vole le virus, je te le revole puis je te l’échange pour te le revoler ensuite, que l’on regarde le film se dérouler d’un œil distrait tout en restant éveillé à cause du bruit des explosions…

Boum boum boum !

Ne soyons tout de même pas mesquin car fort de son budget, Dante Lam sur le plan de l’action nous rassasie et ne fait pas dans la dentelle.

Ainsi même si le prologue jordanien n’a pas la fougue des batailles urbaines de Ridley Scott et son «  Faucon noir », on en a pour son argent avec toutes ces explosions, destructions, qui auront de quoi réjouir les fans de Benny Chan.

Après cette mise en bouche, on aura des attaques du SWAT, des courses poursuites dans des trains, dans une gare, dans les rues, les centres commerciaux et même dans les airs avec des explosions et des carcasses fumantes.

Si on peut légitimement se réjouir de ce déluge d’action que promettait les bandes annonces, force est de constater que Dante Lam en fait trop tel un enfant accaparé par son jouet. Résultat, on s’ennuie parfois ferme entre deux poursuites car en plus du manque d’enjeux, il y a parfois de grosses baisses de tension évidentes. Par exemple, au milieu du film il y a un assaut du SWAT pendant la création du super virus très instable, on aurait pu penser qu’un certain suspense aurait pu naître car la moindre explosion pourrait faire libérer le virus, eh bien, non l’assaut est d’une extrême platitude.

En guise de conclusion, The Viral Factor n’est pas le chef-d’œuvre qui fera date dans la filmographie de Dante Lam, la faute a un scénario poussif et vide qui rend la surenchère pyrotechnique bien que réussie assez vaine. Mais il est certain que les aficionados y trouveront leur compte  pourvu qu’ils soient indulgents sur les lourdeurs et les maladresses du script.

Verdict :

Maître Shifu.

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Un commentaire pour “Maître Shifu dans les griffes du cinéma chinois – la chronique en direct de Chine : The Viral Factor de Dante Lam”

  1. Du vrai cinéma d’action à ne pas manquer. J’adore !

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