Kora (转山) de Du Jiayi (FCCF)

Posté le 20 avril 2012 par

Kora est un film sino-taiwanais de Du Jiayi qui a remporté le prix de la meilleure contribution artistique au 24ème festival international de Tokyo en 2011. Arrivant donc avec les honneurs en France dans le Festival du cinéma chinois, il me tardait d’apprivoiser ce premier film dit « d’auteur » de l’ancien producteur de Chen Kaige (Adieu ma concubine, Wu ji, la légende des cavaliers du vent, L’Empereur et l’assassin). Autant dire tout de suite que ma déception fut aussi grande que l’attente consacrée pour ce nouveau réalisateur qui se cherche encore. Par Julien Thialon.

Zhang Shuhao (acteur au nom éponyme), tout juste diplômé de l’université, perd son frère aîné. Le jour de ses funérailles, il découvre dans son journal le projet un peu fou d’une traversée à vélo de Lijiang dans le Yunnan à Lhasssa au Tibet. Notre héros prend alors la décision de réaliser la dernière volonté de son défunt frère. Basé sur  un roman de Hsieh Wang-lin, ce road movie à deux roues nous fait penser immédiatement à Island Etude de Chen Huai-en (présenté à la 11ème édition du festival de Deauville) ou encore à The road in the air d’Isaac Li.

Un scénario en somme assez simpliste qui a pour seul but le deuil et l’accomplissement du dernier souhait d’un être cher (je vous déconseille la lecture du synopsis sur le site du festival qui est très révélateur…). On s’attend, avec une certaine impatience,  à des plans magnifiques de montagnes et de vallées mais rares furent ceux qui l’ont été sans effets accélérés, coupés/rapprochés, préférant mettre en avant les efforts du cycliste sur cette route piégeuse jalonnée de sommets à hauteurs variables. Mais rares ne veut pas dire inexistants, et certains plans nous plongent littéralement dans cet océan de nature.

Dur d’avoir les yeux rivés sur la route quand on est entouré d’un tel panorama…

Le métrage se repose beaucoup sur son acteur principal qui n’est ni mauvais ni extraordinaire mais, surtout, qui n’arrive pas à combler les nombreuses lacunes du film. Il y a tout d’abord une musique qu’on aurait aimé plus discrète et moins omniprésente dans la première partie du métrage. Par la suite, le réalisateur essaie de dynamiser certaines scènes qui n’en ont absolument pas besoin (la poussée du compagnon du protagoniste dans le dos lors d’un col, un bon gros ralenti sur le pied de notre héros lors du passage d’une région à une autre, une chute dans un ravin ultra prévisible et mal filmé, une autre chute mais cette fois dans une descente). Le pire sera un gros plan sur la tête d’un chien qu’on pourrait prendre pour un ours en images de synthèse… C’est par ces lourdeurs que le film s’embourbe et se décrédibilise. On aurait aimé un film plus contemplatif induisant un esprit d’imagination et de réflexion du spectateur qui voit pointer l’ennui au fur et à mesure devant tous les pièges connus de la montagne (animaux, accidents, pneu percée, empoisonnement).

Néanmoins, on dénote quelques bons points dans ce premier film. Qui dit road movie dit rencontres. Ici, comme souvent, c’est avec les populations locales et un compagnon de route fort sympathique. Ce dernier aura sa petite histoire avec deux scènes ayant pour arrière plan « l’ice cream mountain ». L’une comique, l’autre beaucoup plus tragique. Les rencontres avec les villageois et leur cuisine locale sont également de plaisants moments de découvertes. Enfin, à la toute fin du film, on aperçoit quelques instants de tournages dans la bonne humeur malgré la météo capricieuse.

Verdict :

Julien Thialon.

Kora (转山) de Du Jiayi sera projeté du 14 Mai au 12 Juin 2012 dans le cadre du Festival du Cinéma chinois en France.

Plus d’informations ici.

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