VIDEO – Ip Man Kung Fu Master – Les Origines de Li Liming

Posté le 5 mai 2021 par

Quelques mois seulement après la sortie du dernier épisode de l’illustre quadrilogie Ip Man de Wilson Yip, Li Liming reprend le flambeau avec Ip Man Kung Fu Master – Les Origines, dont le héros n’est autre que l’artiste martial Dennis To. Le film sort aujourd’hui en DVD, Blu-ray et VoD chez Program Store.

Au cours des années 1930, à Foshan dans la province du Guangdong, le jeune et idéaliste capitaine de police Ip Man est pris pour cible par un gangster au désir de vengeance, au moment où l’armée japonaise envahit la région.

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est difficile de succéder à une saga devenue aussi culte que Ip Man, qui ravit autant les aficionados des films d’arts martiaux qu’un public en quête de sensations fortes et de combats endiablés. Wilson Yip et ses équipes ont su conquérir le terrain au cours de ces dernières années, avec un Donnie Yen plus saisissant que jamais en figure et symbole de ce grand maître chinois de wing chun qu’était Yip Man. Fidèle à cet héritage qui lui est laissé, Li Liming entreprend de perpétuer la légende. C’est désormais Dennis To, expert en chang quan, qui endosse le rôle, et qui avait déjà fait ses preuves dans le Ip Man : La Légende est née (2010) de Herman Yau. Dès les premières minutes, Ip Man Kung Fu Master – Les Origines nous propose un affrontement aux petits oignons, opposant l’artiste martial seul face au gang des haches (non sans rappeler celui du Crazy Kung Fu de Stephen Chow) en nette supériorité numérique. De nombreuses attaques sont assénées avec précision, et la caméra, souvent près du sol, ne manque pas d’iconiser l’action à coup de ralentis et de mouvements fluides en suivant ceux des personnages, afin d’en restituer l’impact. Le combat est double : un montage alterné dévoile en parallèle une partie d’échecs entre deux hauts membres du gang, dont l’un s’avère être un traître, idée fort bien venue pour accentuer la tension du moment.

Nous sommes dans la Chine des années 1930 à Foshan, ville connue pour être un berceau d’arts martiaux non loin de Canton. Ce cadre historique implique d’une part que le gouvernement était aux prises avec l’opium (« tous les trafiquants doivent mourir »), de l’autre que l’Armée impériale japonaise se trouvait aux portes de la région du Guangdong. C’est donc sans surprise que le méchant, Sasaki, et l’adversaire principal, le major Tokugawa, sont Japonais. Celui ou celle qui fomente avec l’ennemi est de facto désigné comme traître, et cette forme de cohésion face à un envahisseur n’est sûrement pas de l’ordre du hasard (« nous, Chinois, préférons mourir que de nous rendre »). Laissons le bénéfice du doute à l’implication des idéaux gouvernementaux dans le projet. Cela dit, il s’agit du premier Ip Man à nous montrer Yip alors qu’il était capitaine des patrouilles de la police de Foshan, qu’il quitte dans le film pour appliquer sa propre justice, la légale étant corrompue. Les différents archétypes de personnages (notamment ceux des institutions) se révèlent très caricaturaux, mais participent aux nombreux ressorts comiques et parodiques (rappelons-nous en ce sens du juge collecteur d’impôts cupide dans le Iron Monkey de Yuen Woo-ping, qui lui aussi, au passage, a un film Ip Man à son palmarès). Li Liming trouve le juste milieu entre la comédie de situation, de caractère, et les scènes plus dramatiques, comme celle sous la pluie le jour où le jeune combattant se promet de rendre justice, pour une raison à ne surtout pas révéler. A mesure qu’il évolue, son personnage se montre à bien des égards attachant, une figure d’autorité en qui l’on veut croire, que Dennis To incarne de manière plus que crédible.

Évidemment, ce sont davantage les affrontements d’arts martiaux que l’on retient de ce nouveau Ip Man. Bien que Li Liming aboutisse à ses bonnes idées de mises en scène, comme le fait de presque toujours lancer une scène en plan séquence, le wing chun, en plus de respecter les traditions des précédents opus, compose tout le dynamisme des combats. Beaucoup de jeux de paume, de blocage et de coups dirigés vers les points vitaux sont chorégraphiés, et malgré un montage parfois peu lisible, la rythmique sur les musiques (dont l’une est magnifique) rend l’action agréable à suivre. On appréciera le soin apporté aux arts martiaux et à leur modernisation cinétique, comme le « drunken wing chun » de Ip Man et de son maître qui s’échangent des coups parmi les bouteilles d’alcool. Peut-être certains duels auraient-ils cependant mérité de s’étendre, en raison des dilemmes moraux en jeu, assez vite expédiés, et de la puissance des différents adversaires.

Au final, tous n’est pas rose dans ce Ip Man. Mais le travail achevé par les équipes sur le plateau est notable, les combats filmés par Li Liming percutent où il faut et répondent aux attentes, et Dennis To interprète avec force les origines de ce grand nom des arts martiaux chinois. La relève semble donc assurée de ce côté-là, d’autant que la fin du film laisse à penser qu’il y aura une suite directe, que l’on espère aussi bonne voire mieux encore s’il est permis d’espérer.

Richard Guerry.

Ip Man : Kung Fu Master de Li Liming. Chine. 2019. Disponible en DVD, Blu-ray et VoD le 05/05/2021 chez Program Store.

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