Festival international du film de Busan 2019 : les films asiatiques

Posté le 26 octobre 2019 par

Deuxième partie de notre suivi du 24è Festival International du Film de Busan qui s’est tenu du 3 au 12 octobre 2019. Après les films coréens, on passe aux autres films asiatiques vu lors de cette édition : 6 pays sont à l’honneur : Japon, Chine, Taïwan, Inde, Pakistan et Iran.

Book-Paper-Scissors de Hirose Nanako (Japon)

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Un documentaire sur Kikuchi Nobuyoshi, un concepteur de couverture de livre. Concepteur de couverture de livre ? Et oui, au Japon plus qu’ailleurs, on attache beaucoup d’importance aux couvertures des livres (et aux différents bandeaux publicitaires qui les accompagnent). Hirose Nanako a donc suivi pendant 3 ans le boss du métier. Étonnant. Pas forcément stimulant même si on peut s’étonner de l’obsession de ces concepteurs de couverture de livre. Les amoureux du livre apprécieront.

My Identity de Suzuki Sae (Japon)

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Première mondiale et premier long-métrage pour Suzuki Sae. Un film assez court : 63 minutes. Au programme : crise d’identité, crise familiale, meurtre, fugue, amour, problème de communication… Belle définition du Japon ! Rien de bien original ici : la fuite d’une adolescente sino-japonaise et d’une adulte à la suite d’un meurtre ‘accidentel’. Mais ça fonctionne et les actrices sont au top.

Nina Wu de Midi Z (Taïwan)

Midi Z Nina Wu

Le film fait parler de lui depuis sa projection au Festival de Cannes. Les fragments du miroir brisé d’une actrice de seconde zone nous dévoile une psyché détruite. Un film parsemé d’hallucinations, de cauchemars, de délires… Midi Z brouille les pistes du réel, le tout porté par une superbe photographie et une couleur rouge omniprésente. Un film post #MeToo sur les conditions des actrices à la botte de producteurs peu scrupuleux et très libidineux. C’est parfois superbe mais quelque peu lassant dans le dernier tiers. L’aspect « film dans le film », « réel et fantasme » rappelle à quelques égards Sybil de Justine Triet. Mention spéciale à l’actrice Ke-Xi Wu, surtout pour les scènes de tournage et ses confrontations « physiques » avec le réalisateur.

The Gangs, the Oscars & the Walking Dead de Kao Pin-Chuan (Taïwan)

The Gangs, the Oscars & the Walking Dead

Encore une histoire de tournage ! Un boss de la mafia locale décide de financer le premier long métrage de deux losers à une seule condition : donner le rôle principal à sa maîtresse. Ça sent le plan foireux dès les premières minutes et, effectivement, avant le début du tournage, la maîtresse du mafieux meurt accidentellement lors d’une fête orgiaque. S’ensuit toute une embrouille pour remplacer l’actrice sans alerter la mafia locale… Au programme : humour assez lourd et lassant et plot twist à la Scoubidou, avec des personnages principaux malheureusement pas assez travaillés. Ça se regarde mais ne laisse pas de souvenir impérissable. On sent que le réalisateur galère un peu à choisir où il veut mener le film : comédie, gangstérisme, zombie (oui, il y a des zombies !).

Pebble de Qiao Quentin (Chine)

Pebble Qiao Quentin

À la fin de la projection, aucun applaudissement, on aurait pu entendre une mouche voler. Comme dirait Zehef, de Truands de la Galère : « Moi direct, c’est bim-bam-boum, patate dans la bouche, KO direct. » Pebble est un documentaire poignant qui n’était pas prémédité. Qiao Quentin a rencontré dans la rue le mendiant Pebble, atteint d’une maladie rare (un problème nerveux qui l’empêche de marcher correctement). Il décide de le filmer au quotidien. C’est brut. C’est hardcore. 3 semaines de la vie de Pebble, de la mendicité dans les rues de Beijing aux atermoiements dans une église catholique, en passant par ses clashes avec d’autres mendiants et son refus d’accepter toute aide. C’est forcément filmé à l’arrache sans volonté de faire joli. Le noir et blanc du documentaire est une volonté du réalisateur pour deux raisons : il ne se voyait pas filmer cette terrible histoire en couleur… et ne voulait pas infliger aux spectateurs le visage et le corps de Pebble tuméfiés et maculés de sang séché. Ambiance.

The Wayfarers de Goutam Ghose (Inde)

Wayfarers Goutam Ghose
La rencontre et l’itinéraire de trois inconnus qui vont vivre quelques heures ensemble afin de conduire un couple de vieillards à l’hôpital. Goutam Ghose n’est pas un inconnu puisqu’il a reçu de nombreux prix pour ses documentaires et films de fiction depuis les années 70. Adapté d’une nouvelle, ce film indien laisse perplexe. Le message humaniste a bien du mal à faire décoller le film. On ne note aucune évolution des personnages du début à la fin. Dommage.

Circus of Life de Sarmat Sultan Khoosat (Pakistan)

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3è long métrage pour ce réalisateur pakistanais habitué aux séries TV à succès. Circus of Life nous plonge dans la vie de Rahat, réputé pour sa cantillation coranique. C’est-à-dire qu’il chante/récite des textes coraniques ou des poèmes de son cru. À l’occasion d’un mariage et devant une poignée d’amis, il exécute une danse sur de la musique punjabi. La scène, filmée à son insu, devient virale sur les réseaux sociaux. Rahat doit faire face aux critiques et à l’animosité de ses amis, des instances religieuses et de sa famille… Une plongée de près de 3 heures dans le Pakistan du quotidien mais aussi dans des franges plus marginales (les homosexuels et les travestis). Une belle réussite ! Mention spéciale à Arif Hasan (qui joue Rahat) dont c’est le premier rôle au cinéma. Sans oublier la sublime Eman Suleman, mannequin et actrice qui joue sa nièce.

Cinema Donkey de Shahed Ahmadlou (Iran)

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Comédie iranienne sur le tournage d’un film (décidément un gimmick !) avec une équipe de bras cassés et de simili-escrocs dont la mission est de trouver un âne pour les besoins d’une scène. C’est cocasse et parfois drôle. Un bon divertissement propice à une réflexion sur le cinéma. Cinema Donkey entre dans le cercle restreint des films mettant en scène un âne (à côté de Au hasard Balthazar de Robert Bresson). On devrait voir plus souvent des ânes au cinéma.

Marc L’Helgoualc’h

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