Sous l’aubépine (Under the Hawthorn Tree – 山楂树之恋) de Zhang Yimou (FCCF)

Posté le 1 mai 2012 par

Zhou Dongyu illumine de sa jeune grâce le dernier film de Zhang Yimou, présenté au Festival du cinéma chinois en France. Dommage qu’il ne lui donne pas un rôle à la mesure de son talent, comme il avait si bien su le faire pour Gong Li dans une autre vie. Par Victor Lopez.

Coincé entre ses Wu Xia pompiers (La Cité interdite), la grandiloquence de ses spectacles pour les JO de Pékin de 2008 et l’imminente fresque historique avec stars américaines capricieuses incluses (Christian Bale dans The Flowers of War), le très simple et modeste Sous l’aubépine risque de passer assez inaperçu dans la carrière de Zhang Yimou. Dans l’absolu, ce n’est pas bien grave, tant ce retour au réalisme rural du réalisateur de Hero n’arrive pas à la cheville de ses lointains chef-d’œuvres comme Vivre ou Le Sorgho rouge. Mais, dans la médiocrité de l’ensemble surnage tout de même le visage neuf de Zhou Dongyu, dont c’est le premier rôle. Peut-on aimer un film pour la découverte d’une actrice ? Pas sûr… Mais on peut aimer une actrice malgré la nullité du film dans lequel elle surnage.

Plate-Forme

Sise pendant la Révolution culturelle, l’histoire de Sous l’aubépine peine à passionner. Auréolé d’un bien inutile label « inspiré d’une histoire vraie », censé certainement rajouter au pathétique du mélodrame, tout en endormant le sens critique du spectateur sur la vraisemblance de l’intrigue, tissée de lieux communs lacrymaux tout à fait éculés, Sous l’Aubépine ennuie à cause de son soporifique manque de rythme. C’est comme si, privé des fastes oripaux de ses récents Wu Xia, Zhang Yimou avait oublié comment raconter une histoire et enchaîner deux plans. En guise de grammaire cinématographique, Zhang construit une petite scène de quelques minutes, piochant de manière presque aléatoire dans l’histoire d’amour racontée, puis effectue un fondu au noir, alors qu’un carton nous explique la situation en attendant la scénette suivante. Bref, loin d’un revigorant retour aux sources, Zhang Yimou semble s’être pris des vacances niveau créativité formelle entre deux projets plus ambitieux.

À noter qu’à travers ce didactisme assez pénible, Zhang Yimou offre un clin d’œil assez étonnant à Spielberg, en refaisant la scène d’E.T. où l’extraterrestre est caché dans le panier à vélo d’Elliot. C’est là la gamine amoureuse qui est cachée sur son vélo par son prétendant. On se dit alors que soit le réalisateur se fiche aussi un peu de son histoire, soit la platitude de l’ensemble nous pousse à rêver ce que le film n’est pas. Dans les deux cas, c’est bien la preuve de la faiblesse du film qui n’arrive pas à captiver son spectateur, soit, pire encore, son réalisateur.

La vie est belle

Niveau scénario, ce n’est en effet pas la joie non plus. Une jeune fille tombe amoureuse d’un garçon, mais les circonstances vont faire qu’ils ne pourront pas s’aimer, si ce n’est furtivement et en cachette. Ce qui désole surtout, c’est le manque de verve dans la description de la Chine de la Révolution culturelle. Si l’histoire d’amour est contrariée, ce n’est pas vraiment la faute de la politique de l’époque, jamais vraiment pointée du doigt par le cinéaste maintenant d’une extrême docilité face au gouvernement chinois. Pire, on sent comme une douceur de vivre, presque une nostalgie de l’époque.

Ce manque de recul, auquel on peut rajouter le manque de rythme, d’ampleur, de lyrisme, bref, de talent et de cinéma, n’empêche pas une grande découverte d’émerger de toute cette nullité : la jeune Zhou Dongyu, qui incarne son personnage avec une beauté et une grâce que l’on avait pas vu depuis… la Gong Li de ses débuts. Elle mérite à elle seule que l’on voit le film, qui confirme tout le mal que l’on pensait de l’orientation que prend la carrière de Zhang Yimou, piètre cinéaste, qui reste un grand directeur et découvreur d’actrices.

Verdict :

Victor Lopez.

Sous l’aubépine (Under the Hawthorn Tree – 山楂树之恋) de Zhang Yimou sera présenté au Festival du cinéma chinois en France, du 14/05/2012 au 12/06/2012.

Plus d’informations sur le site officiel.

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