UDINE 2012, Far East Film Festival – Jour 5 : Aspirant expiants

Posté le 25 avril 2012 par

Mercredi, tous les coups sont permis… comme celui de caler une journée sans « classiques du cinéma coréen » au Festival d’Udine… Très dommage, d’ailleurs, car à la place, on a eu droit à deux comédies, dont je me serais personnellement bien passé. Par Bastian Meiresonne.

Already Famous est le premier long d’une star du petit écran, Michelle Chong. Après des études aux States, cette jeune actrice s’est taillée une première réputation en apparaissant dans le soap Sayang Sayang avant d’exploser dans l’émission satirique The Noose. Already Famous intègre quelques-unes de ses propres expériences dans le milieu du show business en incarnant une jeune malaisienne qui monte à Singapour pour tenter d’y devenir actrice. Évidemment, la réalité est très loin de tout ce qu’elle avait pu s’imaginer, et entre deux rôles de figurante (coupés au montage), elle est obligée de bosser dans une parfumerie pour tenter de subvenir à ses besoins. Elle aura finalement son « heure de gloire » en étant sélectionnée dans une émission de téléréalité pour déterminer « le meilleur second rôle / figurant de plateau » (sic).

Premier problème – et de taille, dans le rôle de la petite jeunette minaude, Michelle Chong fait… 20 ans de trop… Difficile donc de supporter ses minauderies de jeunette et de petite fille. Ensuite, en lieu et place de la féroce satire du milieu télévisuel, on a droit à un divertissement très gentillet, entièrement formaté au public local singapourien (venu l’acclamer en masse). On la voit donc se faire refouler d’un peu partout, galérer dans sa parfumerie et nouer un semblant de romance avec un serveur de café. Mouais… cette dernière romance aboutira à THE rebondissement du film, où elle devra choisir entre carrière et amour. Mouais.

L’amour était également THE thème du nouveau film de Doze Niu, qui avait cassé la baraque taïwanaise il y a deux ans avec son film de gangsters Monga. Il revient cette fois avec Love, film à sketches romantiques autour de l’amour avec plein d’acteurs et de sous chinois dedans. C’est d’ailleurs clairement un essai marqué pour le territoire chinois avec des histoires se passant entre Taipei et Pékin, et un cast comprenant – entre autres – Shu Qi, Vicky Zhao ou encore Ivy Chen. Pour la structure, Doze s’inspire des récents films choraux ricains, comme Valentine’s Day, avec des courtes histoires s’entremêlant plus ou moins, ce qui fait qu’au moins on peut parfois rapidement en voir le bout dans certains segments moins réussis. Là encore, ce n’est pas foncièrement déplaisant, mais pas vraiment réussi non plus ;  rien qui n’aurait pas déjà été montré par ailleurs. On en retiendra tout juste un plan-séquence d’une bonne dizaine de minutes en début du film pour introduire les différents personnages.

Tandis que Doze aspire très visiblement à mettre un pied sur le sol chinois, Du Jiayi s’attaque au marché mondial – et occidental de préférence – avec Kora- On Mile above. Inspiré du roman semi-biographique d’un écrivain taïwanais, il relate l’incroyable aventure d’un jeune homme qui décide de réaliser un tour en vélo dans l’Himalaya rêvé par son frère décédé. Evidemment, il n’est en rien préparé à l’incroyable défi que cela représente, entre la bonne tenue et posture à adopter, en passant par la difficulté du dénivelé du parcours jusqu’aux multiples dangers qui le guetteront. Heureusement, il est rapidement pris sous l’aile protectrice d’un cycliste chevronné, qui ne l’empêchera toutefois pas d’aller jusqu’au bout de lui-même. On pourra certes reprocher au film un certain parti pris de séduire le spectateur occidental par la beauté (naturelle) des paysages grandioses, vidés de l’habituel trafic pour les besoins de tournage de plans ; puis également par certaines facilités scénaristiques ; en même temps, le voyage est vraiment envoûtant pour celui qui s’y laissera prendre et perdre, constituant l’une des véritables bonnes surprises du festival d’Udine.

L’autre bonne surprise était le charmant film japonais The Woodsman And The Rain, une histoire très simple entre la belle rencontre entre un bûcheron un peu bourru (excellent Yakusho Koji) et un aspirant réalisateur hyper stressé ultra fauché venu tourner un film de zombies dans une petite ville de province. Un film assez lent, qui tarde à mettre l’action en place avant de dévoiler tout son charme dans la seconde partie. On retiendra surtout l’incroyable séquence du « retour au village » d’une famille qui se retrouve nez à nez avec l’ensemble des villageois grimés en zombies, mais qui vaquent à leurs petites affaires entre deux changements de plan.

Bastian Meiresonne.

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