Carnet de Vesoul, jour 5

Posté le 18 février 2012 par

Samedi 18 février 2012, cinquième jour à Vesoul : la fatigue commence à se faire sentir. Heureusement, il y a LA découverte du festival qui se profile : L’Aiguille de Rachid Nougmanov.

Coup de pompe. Par Jérémy Coifman

Ça devait arriver, le coup de pompe inévitable. Des cinq jours, celui-ci est particulièrement éprouvant physiquement. Le réveil est difficile, la séance de travail harassante et le premier film un calvaire. Return Ticket de Teng Yung Shing n’est pas un mauvais film, mais il ne raconte rien ou presque. Il n’en ressort aucune émotion, aucune force. Un film qui sera vite oublié.

Pas comme Without Memory de Kore-Eda, qui est un superbe documentaire sur l’oubli et la famille, des thèmes chers au cinéaste.  Très bien documenté, toujours pudique, il ne fait pas dans la surenchère. Un beau film. Khalifah de Nurman Hakin, aurait pu être réussi. Son discours sur le statut de la femme en Indonésie, sur la religion est très intéressant mais la forme est tellement peu soignée qu’il est difficile de parler de bon film. J’en retiens une interprète principale d’une grande beauté et très touchante.

Mais la surprise du chef vient encore du Kazakhstan. L’Aiguille, de Rachid Nougmanov, chef de file de la nouvelle vague Kazakh, est un plaisir énorme. Le film est une succession d’expérimentations sonores et visuelles, comme au bon temps de la nouvelle vague Française. Nougmanov est un peu le Godard kazakh et L’Aiguille est une vraie réussite. En outre, Viktor Tsoi, l’interprète principal, a une classe folle et la bande originale 80’s est un régal pour les esgourdes. Le ciné kazakh : LA vraie bonne pioche du festival.

Jérémy Coifman.

Still Walking Dead. Par Victor Lopez.

Arrive un moment, généralement au milieu du festival, où la fatigue du spectateur, qui enchaîne les films depuis quelques jours, se fait sentir de manière brutale. Errant tel un zombie de salles en salles, de films en films, le voilà luttant contre le sommeil à chaque fois que l’obscurité l’agrippe dans la salle de cinéma. Il a alors la sensation que les minutes de certains films se muent en heures, quand ses impressions sont exacerbées : le voilà conspuant tel cadre qui rend à ses yeux abject l’ensemble d’un film qui n’en demande pas tant, ou au contraire ému aux larmes par un moment de cinéma, qui, peut-être, l’aurait laissé indifférent avant.

Khalifah, l’affiche qui fait envie…

Indifférence, exaspération, et éblouissement étaient pour moi au programme du jour. Indifférence d’abord avec Return Ticket, pourtant produit par le grand HHH. Exaspération avec un autre film de la sélection : Kalifah, qui traite assez subtilement de son difficile sujet (le rapport à l’islam d’une indonésienne à l’origine modérée et moderne, mariée un homme plus radical) sur le papier, mais gâché par une mise en scène d’une implacable platitude. On attend de voir la suite, mais la sélection, à force de choisir des drames sociaux réalistes, plus pour leurs qualité thématiques qu’artistiques, se relève au final la partie la moins intéressante du festival.

Viktor Tsoï, où la classe du cinéma Kazakh !

La découverte des inédits de Kore-eda, avec aujourd’hui l’admirable et irréprochable documentaire Without Memory, est de toute évidence déjà plus passionnante. Mais c’est surtout la rétrospective kazakh qui déchire tout. Oui, le cinéma kazakh est définitivement cool ! La preuve avec la présentation de L’Aiguille, un délire expérimental 80’s sous perfusion godardienne et l’éblouissement émotionnel de la journée. Et comme nous nous rencontrons le réalisateur Rachid Nougmanov demain, je vous souhaite une bonne nuit, en compagnie de Viktor Tsoï, la star du film et du groupe Kkino. Les zombies de festival ont plus besoin de sommeil que de chair humaine.

See you, space cowboy!

Victor Lopez.

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