Yakuza – L’ordre du Dragon – de Miike Takashi

Posté le 27 septembre 2010 par

Yakuza « Ryû ga gotoku » est l’adaptation cinématographique du jeu vidéo éponyme, sorti en 2005 sur PS2 par l’éditeur Sega. Gros carton un peu partout dans le monde, il est alors nécessaire de confier le projet à un cinéaste à la hauteur du succès du jeu. Le choix se porte sur le génial Miike Takashi, qui accepte de réaliser le hit de l’éditeur sur grand écran…

L’Histoire : Tôkyô, en 2005. Membre du clan Tojo, Kazuma Kiryû, sorti fraîchement de prison après avoir purgé une peine de 10 ans, apprend que 10 millions de yens ont été dérobés à sa famille. Parallèlement, il se lie d’amitié avec Haruka, fillette dont la mère a mystérieusement disparu, qui semblerait avoir un rapport dans cette sombre affaire. Décidant de prêter main forte à la gamine, il va très rapidement être rattrapé par son passé, et de ce fait, devoir en découdre avec la pègre tokyoïte dont le seul but est de voir notre héros reposer six pieds sous terre…

Yakuza, c’est plus fort que toi!

Yakuza est une licence qui compte à ce jour 4 épisodes et un cinquième est d’ores et déjà prévu sur PS3 à la fin de l’année. Scénarisé par l’écrivain Seishu Hase (renommé au Japon pour ses romans policiers qui traitent du milieu yakuza), le jeu est à mi chemin entre le cultissime Shenmue sur Dreamcast (jeu de rôle/exploration/Baston) et le célèbre G.T.A.

Une adaptation Miikémment fidèle

A l’inverse des deux Crows Zéro, films de commande dont la crédibilité des situations peine à convaincre (pour un avis plus détaillés sur ces deux premiers films, rendez vous ICI), force est de constater que Miike s’en sort beaucoup mieux avec Yakuza, qui a pourtant été réalisé antérieurement.

D’une part, on retrouve la plupart des personnages issus du jeu, et le film suit de près la trame de ce dernier, avec tout de même quelques modifications, histoire d’assurer la cohérence scénaristique.

D’autre part, il retranscrit à la perfection les quartiers du jeu, en s’inspirant du célèbre Kabukichô de Shinjuku (sorte de Quartier Rouge dans lequel on retrouve clubs à hôtesses, sex shop, pachinko …) pour dépeindre l’endroit où se déroule l’action.
Les acteurs sont bluffants de ressemblance tant celle-ci avec leur homologues virtuels est importante, en particulier celle du malade de service, Goro Majima.

Miike reprend également de nombreuses caractéristiques clés du jeu. Citons notamment le “Heat mode” (les personnages se retrouvent entourés d’une aura de feu et leur puissance de percussion se décuple), et les boissons énergétiques qui servent à restaurer l’endurance des protagonistes (dont l’idée est particulièrement bien exploitée dans le film). Et passé toutes les contraintes auxquelles est obligé de se soumettre le réalisateur, on arrive pourtant à bien déceler la patte de Miike à travers deux aspects qui ont leur pesant d’importance puisqu’il s’agit à la fois des combats et de l’humour (soit en gros 90% du film).

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Les scènes de castagne sont filmées avec la même virtuosité que l’on retrouve par la suite dans Crows Zero (ça bouge dans tous les sens, tout en restant parfaitement lisible), ainsi que dans ses chorégraphies (arrêt sur les coups finaux -souvent des grosses droites et autres coups de lattes).
Quand à l’humour, on retrouve bien le ton décalé du réalisateur, avec, encore une fois, le personnage de Majima, taré psychopathe hilarant dans chacune de ses apparitions, dont l’activité principale se résume à éclater ses sbires à coups de batte de baseball, et qui voue une véritable obsession pour notre héros (dont il est accessoirement le frère de clan). On croise aussi dans ce joyeux foutoir un duo de braqueurs, autant pathétiques si ce n’est plus que ceux de Snatch, ou encore un armurier (et indicateur) maso…
Notons en outre, l’excellente interprétation de Kitamura Kazuki (que l’on a déjà pu remarquer dans le très bon Godzilla: Final Wars de Kitamura Ryûhei, mais également dans Kill Bill, numéro 2 au sein des Crazy 88) qui, il faut bien l’admettre, a vraiment la classe dans le rôle de Kazuma Kyryû.

Counter strike

Malgré toutes ces qualités, le film n’est pourtant pas exempt de défauts.
Le plus gros point faible du film réside essentiellement dans l’histoire inintéressante du jeune couple, qui, loin d’apporter un plus à la narration, se contente de casser le rythme du film à chacune de ses apparitions. A la place, on aurait largement préféré que le cinéaste développe un peu plus certains personnages tels que Nishiki Akira, ancien frère de clan de Kyryû, ou encore celui de l’agent secret envoyé par le gouvernement coréen.

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D’autre part, bien que l’on ressente la touche de Miike, il faut bien admettre que tout cela reste un poil trop lisse et propre. Le film n’est pas à la hauteur des productions déjantées et absurdes telles que Dead or Alive (qui traitait déjà du milieu Yakuza), Visitor Q, ou encore Gozu, toutes des perles en matières d’inventivité. Et c’est bien regrettable, car depuis quelques années maintenant, il met en retrait ses œuvres personnelles au profit de celles de commande. Il suffit maintenant d’espérer que la superproduction 13 Assassins (présentée à la Mostra de Venise 2010) marque le retour en force du génie créatif du réalisateur !

En résumé : Yakuza constitue un excellent divertissement, mais ce qui fait la force de cette adaptation réussie fait aussi sa faiblesse puisque, film de commande oblige, Miike ne peut pas complètement laisser libre cours à son génie créatif. Néanmoins, le cinéaste réussit tout de même l’exploit de rester à la fois suffisamment fidèle à son univers et de remplir avec brio son cahier des charges sur le plan commercial.

Olivier Smach.

Verdict :

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Édité en Dvd et Blu-Ray par Elephant Films. Date de sortie: 21 Septembre 2010.

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